Explicationde l'expression : "faire la figue au pape", et prĂ©sentation de documents archĂ©ologiques inĂ©dits prouvant l'antiquitĂ© du geste de la "fica". Photos d'archives exclusives. En1939, Ă  18 ans, il s'engage dans l'armĂ©e, sous l'uniforme des fameux " Tirailleurs algĂ©riens " et plonge bientĂŽt hĂ©roĂŻquement dans l'enfer de la Seconde Guerre mondiale pour " libĂ©rer le pays ". Il a rĂ©vĂ©lĂ© qu'il avait attrapĂ© le virus de la course Ă  pied pendant cette pĂ©riode de sept ans sous les drapeaux, en 1940, avant de reprendre le combat sur tous les fronts. Et s'il Lefort de Vaux, appelĂ© briĂšvement fort Dillon, est situĂ© sur les communes de Damloup et de Vaux-devant-Damloup, prĂšs de Verdun, dans la Meuse ().Il est construit de 1881 Ă  1884 dans le cadre du systĂšme SĂ©rĂ© de RiviĂšres et renforcĂ© en 1888. Il est l'un des hauts lieux de la bataille de Verdun en 1916.. Le fort est dĂ©sarmĂ© en 1915 par un dĂ©cret qui dĂ©garnit aussi le fort de Chapitre6. RĂ©sumĂ© : hermione apprend avec dĂ©sarroi qu'elle devra passer l'annĂ©e avec drago malefoy, tout ça dans le but de rĂ©concilier les maisons gryffondor et serpentard Chapitre 3. RĂ©sumĂ© : hermione reçoit une lettre du directeur l'informant de sa nomination en tant que prĂ©fĂšte-en-chef. elle doit se rendre dans le compartiment qui lui est Bienvenue Ă  tous ! Une histoire RĂ©sumĂ©Tierno, jeune Peulh de dix-sept ans, poursuit ses Ă©tudes Ă  Dakar Ă  l'"Ă©cole des Blancs". Mais c'est un tout autre apprentissage qui l'attend : enrĂŽlĂ© malgrĂ© lui par un recruteur peu scrupuleux, il se trouve Ă  bord d'un paquebot qui part pour la France. CaractĂ©ristiques Date de parution 10/05/2010 Editeur Nathan Jeunesse Collection Uncourtisan peut utiliser sa reprĂ©sentation pour rĂ©duire la confiance des ennemis qui l'entendent, ce qui leur impose un malus de -1 aux jets d'attaque et de dĂ©gĂąts (minimum 1), et un malus de -1 aux jets de sauvegarde contre la peur et les effets de charmes tant que le barde continue sa reprĂ©sentation. Ce malus augmente de -1 au niveau 5 et tous les six niveaux par la suite. Cette Lalettre de la BNFA La bibliothĂšque toujours ouverte N° 307 - 27 septembre 2019. La lettre de la BNFA. Si vous avez des difficultĂ©s Ă  lire cette lettre, retrouvez la sur le site de la BNFA. Nous sommes heureux de vous prĂ©senter la lettre de la BNFA, nos coups de cƓur ainsi que la liste des livres adaptĂ©s par BrailleNet, le GIAA-SĂ©same yLVBoA. David Diop vient de remporter le prix Goncourt des LycĂ©ens pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil. Le chant dĂ©chirant d'un tirailleur sĂ©nĂ©galais pris de folie dans la boucherie de 14, aprĂšs avoir assistĂ© impuissant Ă  la mort de son ami d'enfance, celui qu'il appelle son "plus que frĂšre". David Diop signe un 1er roman d'une beautĂ© Ă©crasante, qui donne voix aux milliers d'Africains, quasiment jamais entendus. Le romancier David Diop a remportĂ© jeudi le convoitĂ© Goncourt des LycĂ©ens, qui fĂȘte cette annĂ©e ses 30 ans, pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil, histoire d'amitiĂ©, jusqu'Ă  la folie, dans l'enfer des tranchĂ©es. Le roman a Ă©tĂ© choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant "Le Malheur du Bas" Albin Michel d'InĂšs Bayard et "La vraie vie" d'Adeline DieudonnĂ© L'Iconoclaste. Le jury a Ă©tĂ© sĂ©duit par "sa vision terrible de la Grande guerre, entre Afrique et Europe, sagesse et folie". L'an dernier, les lycĂ©ens avaient consacrĂ© "L'art de perdre" Flammarion d'Alice Zeniter, un rĂ©cit puissant sur les non-dits de la guerre d'AlgĂ©rie racontant le destin d'une famille française dont le grand-pĂšre fut malheureux du Femina, du MĂ©dicis, du Goncourt et du Renaudot, David Diop Ă©tait le seul auteur Ă  figurer dans toutes les sĂ©lections des grands prix littĂ©raires d'automne et le seul homme en lice pour le Goncourt des lycĂ©ens. "Je suis extrĂȘmement heureux d'avoir Ă©tĂ© choisi par vous parce que je suis enseignant et que j'ai enseignĂ© en lycĂ©e Ă  la fin du siĂšcle dernier, mais je garde toujours dans mon coeur vos regards, vos sourires, quand vous dĂ©couvrez les textes et je suis vraiment trĂšs sensible Ă  votre, je ne vais pas dire amour, disons prĂ©dilection", a dĂ©clarĂ© David Diop, joint par tĂ©lĂ©phone. L’histoire 1914. Ils ont vingt ans, Alfa Ndyaye et Mademba Diop, deux jeunes SĂ©nĂ©galais amis d'enfance, venus de leur village sur le sol français pour dĂ©fendre la patrie. "Vous les chocolats d'Afrique Noire vous ĂȘtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire", leur rĂ©pĂšte le capitaine Armand. Alors quand il leur ordonne de sortir de la tranchĂ©e pour affronter l'ennemi, ils font comme leurs camarades, ils sortent du trou et se lancent en hurlant, "le fusil rĂ©glementaire dans la main droite et le coupe-coupe sauvage dans la main gauche". Un jour, Ă  la sortie de la tranchĂ©e, Mademba Diop est blessĂ©. La mort ne vient pas tout de suite. "Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait dĂ©jĂ  le dedans du corps dehors". Alors que les soldats ont depuis longtemps rejoint la tranchĂ©e, Alfa reste au cĂŽtĂ© de Mademba, assistant Ă  la longue agonie de son "plus que frĂšre", sans savoir quoi faire. "Trois fois il m’a demandĂ© de l’achever, trois fois j’ai refusĂ©". Quand enfin son ami rend son dernier souffle, Alfa porte son corps jusqu'Ă  la tranchĂ©e, en pensant, trop tard, qu'il aurait dĂ» faire ce que lui demandait son ami abrĂ©ger ses souffrances. "Ah, Mademba Diop ! Ce n'est que quand tu t'es Ă©teint que j'ai vraiment commencĂ© Ă  penser. Ce n'est qu'Ă  ta mort, au crĂ©puscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'Ă©couterais plus la voix du devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. Mais c'Ă©tait trop tard", tard. Alpha commence sa guerre. DĂ©cide de ne plus faire le sauvage pour la France "parce que ça l'arrange". Il devient "sauvage par rĂ©flexion". "Quand je sors du ventre de la terre, je suis inhumain par choix, je deviens inhumain un tout petit peu. Non pas parce que le capitaine me l'a commandĂ©, mais parce que je l'ai pensĂ© et voulu". Et il se met Ă  tuer Ă  sa maniĂšre, rĂ©pĂ©tant Ă  chaque sortie de la tranchĂ©e le mĂȘme rituel macabre, une cĂ©rĂ©monie qu'il accomplit en pensant Ă  son "plus que frĂšre" Mademba. Il en choisit un. Un du camp adverse. Il le ligote. Il l'Ă©ventre. Puis il fait pour lui ce qu'il n'a pas fait pour son ami. "DĂšs sa seconde supplication des yeux, je lui tranche la gorge comme aux moutons du sacrifice. Ce que je n'ai pas fait pour Mademba Diop, je le fais pour mon ennemi aux yeux bleus. Par humanitĂ© retrouvĂ©e". Le rituel se finit toujours de la mĂȘme maniĂšre il dĂ©coupe la main de l'ennemi aux yeux bleus, et la rapporte comme un trophĂ©e dans la tranchĂ©e. Au dĂ©but ça rassure ses camarades, qui l'accueillent comme un hĂ©ros. Mais Ă  force, une main, puis deux, puis trois, puis 4,5, 6
 Alpha leur fait peur. Il accomplit jour aprĂšs jour le mĂȘme crime macabre, rien ni personne ne semblant capable de l'arrĂȘter. Jusqu'Ă  ce que le Capitaine l'envoie se "reposer un peu" Ă  l' loin des tranchĂ©es et des obus, Alpha plonge dans son passĂ©. Le village, ses rĂšgles, ses croyances, le chagrin de son pĂšre aprĂšs la disparition de sa mĂšre, son enfance auprĂšs de son ami Mademba, petit et malingre, pendant que lui, Alpha, devenait grand et fort, et le souvenir de "Fary Thiam", la jeune femme qui contre toute les lois du village lui a offert la "joie du corps" avant son dĂ©part pour la guerre, lui donnant un bonheur que son ami et "presque frĂšre" Mademba n'a pas eu la chance de connaĂźtre avant de mourir au front. "Je suis deux voix simultanĂ©es. L'une s'Ă©loigne et l'autre croit", cette citation de Cheikh Hamidou Kane apostĂ©e par l'auteur en exergue de son roman annonce le sortilĂšge Alpha s'enfonce dans ses pensĂ©es, se fond dans les souvenirs, se dissout tant et si fort qu'il finit par se confondre avec son "plus que frĂšre", incorpore son Ăąme Ă  la sienne jusqu'Ă  s'effacer, jusqu'Ă  lui cĂ©der sa place, pour rĂ©parer l'irrĂ©parable, apurer la boucherie, sauver son ami du nĂ©ant et le rendre Ă  la vie, et pour Alpha, se sauver lui-mĂȘme et retrouver le chemin de l'humanitĂ©."FrĂšre d'Ăąme" est un long cri dĂ©chirant, un chant comme une incantation, qu'il faut lire sans rĂ©sister. Laisser les mots vous percuter sans broncher. David Diop ne nous laisse pas le choix. Il faut avancer avec Alpha. L'accompagner jusqu'aux confins. Et vivre ce que des milliers de tirailleurs sĂ©nĂ©galais ont eu Ă  souffrir, Ă  mourir dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme" est aussi l'histoire d'une Ă©mancipation. "Personne ne sait ce que je pense, je suis libre de penser ce que je veux. Ce que je pense c'est qu'on veut que je ne pense pas. L'impensable est cachĂ© derriĂšre les mots du capitaine. La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l'arrange".David Diop construit son histoire par petits cercles, s'Ă©largissant Ă  chaque passage, phrases rĂ©pĂ©tĂ©es, revisitĂ©es, comme un conte s'enrichissant chaque fois qu'il est une nouvelle fois racontĂ©. En faisant sa propre guerre, Alpha brise le joug. MĂȘme s'il faut s'y perdre, il se rĂ©approprie son histoire, comme le fait l'Ă©crivain en la racontant avec ses propres mots, convoquĂ©s loin, trĂšs loin des tranchĂ©es, dans l'histoire, la coutume, le rythme, la musique, l'Ăąme de ses ancĂȘtres. Avec ce premier roman d'une beautĂ© Ă©crasante, David Diop redonne voix aux milliers de soldats africains, si peu entendus, envoyĂ©s Ă  la mort dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme est en lice pour le Goncourt, le Renaudot, le MĂ©dicis, le FĂ©mina, et le Prix InteralliĂ©. "FrĂšre d'Ăąme", David Diop Seuil - 175 pages - 17 €Ah ! Mademba Diop, mon plus que frĂšre, a mis trop de temps Ă  mourir. Ça a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs difficile, ça n'en finissait pas, du matin aux aurores, au soir, les tripes Ă  l'air, le dedans dehors, comme un mouton dĂ©pecĂ© par le boucher rituel aprĂšs son sacrifice. Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait le dedans du corps dehors. Pendant que les autres s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s dans les plaies bĂ©antes de la terre qu'on appelle les tranchĂ©es, moi je suis restĂ© prĂšs de Mademba, allongĂ© contre lui, ma main droite dans sa main gauche, Ă  regarder le ciel froid sillonnĂ© de mĂ©tal. Trois fois il m'a demandĂ© de l'achever, trois fois j'ai refusĂ©. C'"Ă©tait avant, avant de m'autoriser Ă  tout penser. Si j'avais Ă©tĂ© tel que je suis aujourd'hui, je l'aurais tuĂ© la premiĂšre fois qu'il me l'a demandĂ©, sa tĂȘte tournĂ©e vers moi, sa main gauche dans ma main droite.""FrĂšre d'Ă€me", page 12 cinĂ©ma et littĂ©rature AprĂšs Harry Potter, Narnia, A la croisĂ©e des Mondes et les Chroniques de Spiderwick, on pourra bientĂŽt dĂ©couvrir deux nouvelles adaptations sur grand Ă©cran de livres se trouvant au CDI,Tout d'abord le 7 janvier en France sort "twilight" adaptĂ© du roman intitulĂ© "fascination" de Stephenie Meyer tout nouveau au CDI ! . Ce roman est un vĂ©ritable best seller et le film est entrain de battre des records rĂ©alisant le meilleur dĂ©marrage dans les salles obscures aux Etats-Unis ! Dans le rĂŽle d'Edward, un jeune homme qui ne sera pas inconnu des fans d'Harry Potter, Robert Pattinson qui Ă©tait CĂ©dric Diggory dans Harry Potter et la coupe de feuplus d'informations sur le site d'Allocine iciSans date de sortie dĂ©finie, nous aurons bientĂŽt le plaisir de dĂ©couvrir Georgia Nicholson sur grand Ă©cran ! Le 1er tome de la saga de la Bridget Jones adolescente Ă©crite Louise Rennison est en plein tournageplus d'info iciet bien sur il faudra compter sur les suites aussi ....Harry Potter et le Prince de Sang MĂ©lĂ© bande annonce par lĂ  A la croisĂ©e des mondes la tour des AngesLe monde de Narnia chapitre 3, l'odyssĂ©e du passeur d'Aurore pas avant 2010 hĂ©las C'est enfin "La fin"... ...des "dĂ©sastreuses aventures des Orphelins Baudelaires" !Le tome 13 intitulĂ© trĂšs brillamment "La fin" est depuis peu disponible au CDI....Que va-t-il arriver Ă  Violette, Klaus et Prunille ? Le comte Olaf est-il toujours de la partie ? une nouvelle hĂ©roĂŻne BD C'est Maud, l'hĂ©roĂŻne de "la Rose Écarlate" dont le premier tome "je savais que je te rencontrerais" est depuis peu dans les bacs du CDI...çà raconte quoi "La Rose Ecarlate" ?Cette histoire se passe au 18Ăšme siĂšcle. Maud vit avec son pĂšre dans le PĂ©rigord en rĂȘvant aux aventures d'un bandit local, vĂ©ritable Robin des Bois. bientĂŽt, son pĂšre est assassinĂ© et Maud est recueilli par son grand pĂšre Ă  Paris. Son comportement dĂ©lurĂ©, ne plait guĂšre Ă  son grand pĂšre... Car Maud ne s'intĂ©resse qu'Ă  l'escrime et au"Renard", ce fameux bandit qui dĂ©leste les riches pour donner aux pauvres....Pour en savoir plus... un site L'actu pour les jeunes Il y a du neuf en ce qui concerne l'actualitĂ© pour les jeunes !!!Qualisurf Ă  partir de la 6Ăšme et l'Ă©toile Ă  partir de la 3Ăšme sont deux journaux disponibles gratuitement en tĂ©lĂ©chargement sur internet et bientĂŽt en version papier au CDIle numĂ©ro de novembre de Qualisurf aborde des sujets tels que le travail des enfants, la crise financiĂšre, les cyclones, l'actualitĂ©... cliquer Par ici pour accĂ©der au numĂ©roLe numĂ©ro de novembre de l'Ă©toile cliquer Par ici pour accĂ©der au numĂ©ro challenge lecture 6Ăšme Golem. 1, Magic berber couverture ici Un jour, Majid, Ă©lĂšve de 5e6, reçoit une lettre lui annonçant qu'il a gagnĂ© le concours des trois baudets dont le premier prix est un super ordinateur ! C'est avec l'aide de Jean-Hugues, de Molenne son prof de français qu'il installe cet ordinateur et qu'il commence Ă  se connecter sur le web et dĂ©couvre un jeu, Golem qui apparaĂźt et disparaĂźt...aimĂ©, pas aimĂ©, des commentaires Ă  faire ? c'est juste un peu plus bas ! challenge lecture 6Ăšme la gloire de mon pĂšre Ce livre c'est l'enfance de Marcel... Ses parents, Augustine et Joseph, son petit frĂšre Paul , l'apprentissage de la lecture trĂšs tĂŽt car sa mĂšre, le confie Ă  son pĂšre, instituteur, qui le place au fond de la classe pendant les cours. La tante Rose, Ă©pouse “le propriĂ©taire du parc Boraly ” Ă  Marseille, de dix ans plus ĂągĂ© qu’elle. MalgrĂ© leurs diffĂ©rences Joseph Pagnol et l’oncle Jules, l vont apprendre Ă  s’apprĂ©cier et vont finalement louer une petite maison dans les garrigues, l, les vacances peuvent commencĂ©s...opinions, avis, commentaires, c'est un clic plus bas !!! Challenge lecture 6Ăšme Lettres d'amour de 0 Ă  10 couverture iciC'est l'histoire d'Ernest Il est trĂšs rĂ©servĂ© et trĂšs beau mais il n'a plus de parents. Il a passĂ© dix annĂ©es monotones avec sa grand-mĂšre. Et tous les jours, c'est la mĂȘme chose ! Le matin, il va Ă  l'Ă©cole, il revient pour dĂ©jeuner, il repart, une pomme l'attend Ă  son retour, il fait ses devoirs et le soir, il mange sa soupe, ... Chez lui, il n'y a pas de tĂ©lĂ©phone ni de tĂ©lĂ©vision la seule distraction dans la maison est une vieille lettre Ă©crite Ă  la guerre par son arriĂšre-grand-pĂšre. Mais un jour, Victoire Montardent, une jeune fille pleine de joie et de gaietĂ©, seule fille d'une famille de treize garçons, va lui faire dĂ©couvir la vie...C'est un clic plus bas pour les opnions, avis et commentaires sur ce livre !!! challenge lecture 6Ăšme la sixiĂšme L'entrĂ©e en 6Ăšme comme si vous y Ă©tiez.... Mais en fait, vous y ĂȘtes !!!avis, rĂ©actions, opinions en commentaires !!! Challenge lecture 6Ăšme Parvana, une enfance en afghanistan couverture ici de Deborah EllisrĂ©sumĂ© Parvana, 11 ans, est une jeune afghane. Elle vit avec ses parents, ses frĂšres et sƓurs Ă  Kaboul, la capitale, sous le rĂ©gime des talibans. A la suite de l’arrestation de son pĂšre, elle est obligĂ©e de se faire passer pour un garçon afin de gagner de l’argent....C'est sur ce sujet que vous devez laisser votre avis, vos remarques sur ce livre, dans les commentaires !!! Renaissance du challenge lecture Le challenge lecture va renaĂźtre pour les deux classes de 6Ăšme !Au programme cette annĂ©e - la sixiĂšme de Susie Morgenstern- Golem. 1, Magic Berber des frĂšres et soeurs Murail- lettres d'amour de 0 Ă  10 de Susie Morgenstern- Parvana, une enfance en Afghanistan de Deborah Ellis- La gloire de mon pĂšre de Marcel Pagnol C'est sur cet article qu'il faut me laisser vos impressions au fur et Ă  mesure de vos lectures !!! semaine de la sĂ©curitĂ© routiĂšre DĂ©cidement çà n'arrĂȘte pas cette semaine !!!!du 13 au 17 octobre, c'est aussi la semaine de la sĂ©curitĂ© routiĂšre ! Avis aux Ă©lĂšves de 3Ăšme et de 5Ăšme qui passent l'ASSR 2Ăšme et 1er niveau Ă  la fin de l'annĂ©e. tout au long de la semaine, une exposition sur ce thĂšme sera affichĂ©e au CDI jusqu'aux vacances de la toussaint. De plus je vous rappelle l'existence de la page netvibes concernĂ© Ă  ce thĂšme qui vous permet de vous entrainer Ă  diffĂ©rents questionnaires Semaine du goĂ»t 2008 Semaine du goĂ»t 2008 "potages et breuvage"du 13 au 17 octobre, une nouvelle semaine du goĂ»t commence !!!! miam miam Au collĂšge cette annĂ©e, nous la plaçons sous le signe de l'Europe !Venez vous rĂ©galez du menu europĂ©en concotĂ© par votre cuisiniĂšre prĂ©fĂ©rĂ©e alice Valente !Venez admirez dans le hall les oeuvres produites en cours d'Arts plastiques des Ă©lĂšves de 3ĂšmeVenez apprendre plein de chose sur les boissons et autres breuvages ainsi que sur les pays europĂ©ens grĂące aux panneaux rĂ©alisĂ©s rĂ©alisĂ©s par les Ă©lĂšves de 5Ăšme !enfin au CDI, Ă  partir de Lundi vous trouverez une sĂ©lection d'ouvrages sur le thĂšme du goĂ»t, de la cuisine, de l'alimentation, qui sera Ă  votre disposition pour ĂȘtre emprunter et mis en pratique ! Lire en fĂȘte Aujourd'hui et jusqu'au 12 octobre, dĂ©bute "lire en fĂȘte", une manifestation nationale mettant la lecture plaisir Ă  l'honneur !Le thĂšme de cette annĂ©e ? La littĂ©rature pour la jeunesse !!!! guerre de 1914-1918 Voici quelques ressources, pour assouvir la curiositĂ© des 3Ăšmes qui souhaiteraient prolonger la journĂ©e dĂ©diĂ©e au souvenir de la guerre de 1914-1918 qui s'est articulĂ©e autour de la projection du film "Joyeux NoĂ«l" et la venue de Jacques Lambert pour la confĂ©rence sur les Ardennes pendant la d'abord, quelques sites issus d'Internet BD trĂšs trĂšs rĂ©alisteC'Ă©tait la guerre des tranchĂ©es 1914-1918 de Tardi, disponible au CDIIl y Ă©galement plusieurs romans sur ce thĂšme au CDI comme Grandes vacances 14/18 de Jeanne Lebrun cote R LEB GL'or et la boue Haumont 14-16 de Christophe Lambert cote R LAM OVerdun 1916 un tirailleur en enfer de Yves Pinguilly cote R PIN TUn long dimanche de fiançailles de SĂ©bastien Japrisot cote R JAP L Le passage de Louis Sachar couverture icicote CDI R SAC PLa 4Ăšme de couverture de ce livre est tout bonnement exquise livre va vous donner envie de croquer des oignons creuser des trous de 1 mĂštre 50 de diamĂštre et de une respirer vos vieilles mettre du rouge Ă  lĂšvre avant de partir Ă  la poursuite de vos tout savoir sur l’existence oubliĂ©e de votre ar ce, mĂȘme si vous haĂŻssez les liliacĂ©es, mĂȘme si vous dĂ©testez l’alpinisme et les travaux forcĂ©s, mĂȘme si vous avez les cosmĂ©tiques en horreur autant que les odeurs de pieds, mĂȘme si la gĂ©nĂ©alogie et les histoires de famille vous indiffĂšrent pour Ă©chapper Ă  tout cela, c’est simple. Il vous suffit de ne pas imiter les centaines de milliers d’adolescents amĂ©ricains qui ont dĂ©jĂ  plĂ©biscitĂ© ce livre, et de ne jamais l’ouvrir. »Pour plus d'Ă©claircissement, sachez qu'il s'agit de l'histoire de Stanley, accusĂ© Ă  tord d'un vol de basket. il est envoyĂ© dans un camp de redressement oĂč avec d'autres garçons, il devra creuser des trous; Creuser des trous et rĂ©flĂ©chir au moyen de s'Ă©chapper....Une histoire qui parait souvent trĂšs Ă©trange. On ne sait pas "oĂč l'on va" pendant un moment d'autant plus qu'il faut suivre deux histoires en parallĂšle, celle de Stanley et celle se dĂ©roulant un siĂšcle plus tĂŽt. Mais un roman drĂŽle et toujours passionnant avec des personnages attachants. Ce livre se lit souvent d'une seule traite ou presque ! Un boulot d'enfer de Florence Thinard couverture icicote CDI R THI BTout commence mal dans ce livre. Nina et son pĂšre meurent dans un accident de voiture car son pĂšre tĂ©lĂ©phonait en conduisant. Mais les voilĂ  devenus anges gardiens du paradis ! Tandis que son pĂšre doit maintenant sauver la vie d'un bĂ©bĂ© afghan, la premiĂšre mission de Nina est de veiller sur l'une de ses camarades de classe mais pas n'importe laquelle, sa pire ennemie Priscille Grant Une belle idĂ©e qui a donnĂ© naissance Ă  une histoire trĂšs touchante, pleine d'humour et profondĂ©ment ancrĂ©e dans les rĂ©alitĂ©s actuelles malgrĂ© un dĂ©but douloureux...On se surprend Ă  se demander Ă  quoi peut ressembler notre ange gardien !!! Disparition programmĂ©e couverture icicote CDI R SMI DJack bĂ©nĂ©ficie avec sa famille du programme de progression des tĂ©moins Ă  cause des relations de travail de son pĂšre qui menacent la vie de toute la famille. Pour Jack cela signifie une nouvelle identitĂ©, une nouvelle maison, une nouvelle Ă©cole et surtout mentir Ă  chaque instant aux nouveaux amis... Et puis la peur, la peur omniprĂ©sente de se faire un jour dĂ©masquer...Suspens! suspens! un roman policier de bonne qualitĂ© pour les amateurs du genre. Il faut toutefois ĂȘtre un assez bon lecteur ou passionnĂ© du genre pour lire ce long roman Les cauchemars de Cassandre de BĂ©atrice NicodĂšme Cassandre est une des filles du roi Priam de Troie. Cassandre a un don elle peut voir l'avenir. et l'avenir qu'elle voit est bien noir pour Troie...Elle cherche Ă  mettre en garde son pĂšre, ses frĂšres Hector et Paris mais personne ne veut la croire !L'histoire de la guerre de Troie Ă  travers les yeux de sa prophĂ©tesse Cassandre, personnage tout aussi mystĂ©rieux qu"attachant. Un rĂ©gal pour les latinistes !A noter que plusieurs livres de la collection "histoires noires de la mythologie" se trouvent au CDI cote CDI R NIC c Zohra l'insoumise de Michel Leydier Zohra, 14 ans vit au Maroc avec sa famille. Etant l'ainĂ©e, c'est Ă  elle que revient la tĂąche de seconder sa mĂšre dans les tĂąches mĂ©nagĂšre et l'Ă©ducation des plus jeunes...Mais Zohra ne se satisfait pas de cette vie, elle veut apprendre ! Alors quand une vague tante lui propose de l'emmener en France avec la promesse d'aller au collĂšge, elle se rĂ©jouit Ă  la perspective d'une nouvelle vie. Mais petit Ă  petit, la vie de Zohra devient un vĂ©ritable enfer, elle devient une vĂ©ritable domestique esclave...Une histoire trĂšs moderne qui dĂ©nonce l'esclavage des CDI R LEY z Les Ă©lĂšves ont la parole... Comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, ce blog doit aussi vivre Ă  travers vous les Ă©lĂšves !!! Je laisse donc la parole Ă  Karima de 5Ăšme B, et trĂšs trĂšs grande lectrice, qui va nous parler du livre "nos plus belles vacances", un livre de la collection du club des baby-sitters..."J'ai littĂ©ralement adorĂ© ce livre. Cela se produit gĂ©nĂ©ralement Ă  chaque fois que je lis un livre du "club des baby-sitters" Ă  part pour un livre mais je ne veux pas m'Ă©loigner du sujet. J'ai adorĂ© car je trouve que les aventures du "club des baby-sitters" ressemblent Ă  la rĂ©alitĂ©. Je retrouve ma personnalitĂ©, mes goĂ»ts et mon mode de vie dans un personnage du club, Claudia. En lisant cel ivre j'ai eu peur Ă  un moment que Carla reste en Californie, dans la troisiĂšme histoire" les vacances de Carla".J'ai trouvĂ© la premiĂšre histoire "Lucy est amoureuse", trĂšs romantique. Quant Ă  la deuxiĂšme histoire "le club Ă  New-York", j'ai beaucoup ri en la lisant. Je dirais que je suis une fois de plus heureuse d'avoir lu un livre du "club des baby sitters"Karima. 5ĂšmeB Lire en au CDI Savez vous qu'il existe au CDI, un bon moyen de faire des progrĂšs en anglais, allemand, espagnol...Pour cela, il suffit d'emprunter des livres de littĂ©rature Ă©trangĂšre !Ces livres se trouvent sur l'Ă©tagĂšre situĂ©e juste en dessous des nouveautĂ©s...vous y trouverez un choix important de livres en anglais, allemand, espagnol, adaptĂ©s Ă  votre niveau...Quelques titres disponibles en anglaisBeauty and the beastThe man in the iron maskGhost storiesA serie of unfortunate events. 1,The bad beginninga christmas carolThe adventures of Tom SawyerDr Jekyll and Mr HydeThe last of the mohicanset bientĂŽt....surfergirl meets boythe time machinethe hunchback of Notre-DameAmistad1984three adventures of Sherlock Holmesen allemandTrauriger Tiger toastet tomatenUnterwegsdie kleine Maus sucht einem Freunden espagnolLos cuatro amigos de siempreQuerida abuela...Tu SusiCaramelos de menta Rencontrez Linus... Tout autre sujet que celui du "destin de Linus Hoppe" de Anne-Laure Bondoux... couverture icicote CDI R BON dLinus vit dans un monde qui semble parfait avec sa sƓur Mieg et ses parents. S'il rĂ©ussit son passage devant le grand ordonnateur, il continuera sa vie en sphĂšre 1, la sphĂšre des privilĂ©giĂ©s...Mais Linus se pose des questions, pour lui, son destin n'est pas celui lĂ ... Il commence Ă  penser Ă  rater l'examen... La rencontre avec Yosh, qui vit en sphĂšre 2 et l'aide de Chem son meilleur ami, "un rebelle" destinĂ© Ă  la sphĂšre 3, il va mettre au dĂ©fi le grand ordonnateur et l'ordre Ă©tabli...Roman d'anticipation , on y voit une sociĂ©tĂ© qui pourrait ĂȘtre la notre dans quelques dizaines d'annĂ©es... tout semble parfait mais la perfection existe-t-elle ? Ce livre permet aussi de rĂ©flĂ©chir sur les inĂ©galitĂ©s sociales. De plus la lecture est facile et captivante. L'expĂ©dition disparue un roman d'aventure... couverture iciParmi les nouveaux romans du CDI, j'ai lu tout derniĂšrement "l'expĂ©dition disparue" de Christa Maria Zimmerman. Ce livre relate une tragique histoire vraie la tragique disparition du "Terror" et de "l'Erebus", les deux bateaux de l'expĂ©dition Franklin partie Ă  la dĂ©couverte du passage du Nord-Ouest, dans l'arctique canadienMatt Evans est venu Ă  Londres pour chercher son pĂšre qui travaille dans une conserverie...Il rencontre Christopher Ashton, fils de marin, alors que celui ci est entrain de se faire dĂ©trousser par des voleurs... Matt et son pĂšre lui vienne en aide mais la confrontation tourne Ă  la tragĂ©die et le pĂšre de Matt est tuĂ©... La mĂšre de Chris prend sous sa protection Matt et le fait engager au cotĂ© de son fils sur "l'Erebus"...Les deux jeunes garçon sont toute Ă  leur joie. L'expĂ©dition dĂ©bute sous les meilleures auspices...bientĂŽt le navire est pris par les glaces, et c'est lĂ  que les ennuis commencent, les hommes de l'Ă©quipage meurent les uns aprĂšs les autres...J'ai beaucoup le sujet de ce livre. Il est en effet peu courant de voir des livres ayant pour sujet la dĂ©couverte des grands espaces inconnus au siĂšcle dernier... J'ai aussi beaucoup aimĂ© le cotĂ© trĂšs dĂ©taillĂ© de ce livre Les termes maritimes ou techniques le travail des marins Ă  bord, le trajet, la vie en Arctique, les esquimaux...On admire le courage de ces hommes...Le roman alterne passages narratifs avec beaucoup de dialogues, extraits du journal de bord de Chris, et introduit, des morceaux de rĂ©cits d’expĂ©ditions passĂ©es, que Chris connaĂźt par cƓur
pour en savoir plus sur l'expĂ©dition Franklin Mon plus grand coup de coeur pour l'instant... "Et si c'Ă©tait vrai..." De Marc Levy iciLauren est interne en mĂ©decine. Elle adore son mĂ©tier et vit sa vie Ă  100 Ă  l'heure...Elle a malheureusement un accident de voiture qui la laisse dans le coma. Arthur est un jeune architecte qui vient tout juste d'emmĂ©nager dans un nouvel appartement Ă  San Francisco... Alors qu'il ouvre l'un des placards de sa nouvelle salle de bain, il tombe nez Ă  nez avec Lauren. Il est le seul Ă  la voir et Ă  l''entendre...Vous l'aurez compris, j'aime les histoires d'amour...et celle ci en est une qui mĂȘle Ă  la fois l'humour, la rĂ©alitĂ©, le fantastique et le romantisme...Le style d'Ă©criture est simple, dynamique et actuel et rend l'histoire Ă©tonnamment vivante. On commence le livre et on ne s'arrĂȘte qu'Ă  la fin...A noter -L'auteur a Ă©crit une suite "vous revoir..." pour l'instant qui n'est pas au livre a Ă©tĂ© librement adaptĂ© dans un film avec pour actrice Reese Witherspoon. Film, Ă  mon avis bien au dessous de l'Ɠuvre original...Pour plus d'informations, le site officiel de l'auteur un livre pour ceux qui n'aiment pas lire pour les faire changer d'avis !!!!dĂ©fi d'enfer de Yael Hassan voir couverture icicote CDI R HAS dC'est l'histoire de LĂ©opold qui dĂ©teste l'Ă©cole et la lecture. Par intĂ©rĂȘt, il dĂ©cide de participer au dĂ©fi lecture du collĂšge organisĂ© par la documentaliste du collĂšge il y a un voyage Ă  Paris Ă  gagner !!! Mais LĂ©opold va se retrouver pris au piĂšge....de la lecture !!!C'est une histoire drĂŽle, courte et facile Ă  lire ; autant de raison qui font de ce livre, un incontournable pour les lecteurs les plus hĂ©sitants ! et qui sait pour peut-ĂȘtre aussi changer d'avis comme LĂ©opold Silverwing couverture ici Ombre est un chauve-souriceau de la colonie des Ailes-Argent. Par mĂ©garde, il transgresse une loi de son peuple qui oblige les chauves-souris Ă  vivre dans l'obscuritĂ© car quiconque regarderait le soleil se verrait condamner Ă  mort...Ombre se voit projetter au milieu d'une sĂ©rie d'aventures qui vont changer sa vie...cote CDI R OPP Sle site de l'auteur Kenneth Oppel ici attention site en anglais, l'auteur est canadien Cendorine et les dragons on continue l'Ă©vocation des derniĂšres nouveautĂ©s du CDI avec une histoire de de princesse et de dragons...Bienvenue dans l'univers d'une princesse pas comme les autres ! Cendorine aime l'aventure, la danse et la broderie, trĂšs peu pour elle merci !!! Alors pour Ă©chapper Ă  un mariage arrangĂ©e, elle va rejoindre le monde des dragons et devenir la princesse captive volontaire du dragon Kasul...et par la mĂȘme occasion tomber au milieu d'une conspiration menĂ©e par de puissants sorciers...histoire en 2 tomes Cendorine et les dragons et Cendorine contre les sorciers... cote CDI R WRE C1 et R WRE C2 un coup de coeur... Une superbe histoire d'amour sur fond de racisme et de rĂ©voltes...Venez dĂ©couvrir la trilogie de Malorie Blackman T1 Entre chiens et loups couverture iciT2 La couleur de la haine couverture iciT3 Le choix d'aimer couverture icirĂ©sumĂ© PersĂ©phone "Sephy" est noire, c'est une prima, une privilĂ©giĂ©e. Callum est blanc et comme tous, il fait parti des nihils, les pauvres, les moins que rien. C'est parce que la mĂšre de SĂ©phy a engagĂ© celle de Callum comme femme de mĂ©nage qu'ils se sont rencontrĂ©s et qu'ils sont devenus insĂ©parables malgrĂ© les obstacles...Le temps passe, l'amour nait...La rĂ©volte gronde parmi les nihils et Callum en devient presque malgrĂ© lui, le porte drapeau...critique Un superbe roman parfois dur cependant par la violence dĂ©crite, la rĂ©alitĂ© passionnĂ©e des sentiments...Une belle leçon contre le racismePour les 4Ăšme et les 3Ăšmes les maths Ă  l'honneur ! Parce que mathĂ©matiques et littĂ©rature peuvent parfois se rencontrer...deux nouveaux livres qui mettent les maths Ă  l'honneur... Le premier est un livre documentaire Ă©crit par Jean-jacques Greif intitulĂ© "j'ai mal aux maths mais je me soigne" ici ou rĂ©pondre Ă  la question, pourquoi les maths sont importantes dans notre vie ?3 parties dans cet ouvrage pour rĂ©pondre Ă  cette question les maths Ă  l'Ă©cole, la place des mats dans notre vie et les maths dans l'histoire de l'humanitĂ© et de l'univers...et surtout pour donner le goĂ»t des maths !le second est un roman..."l'homme qui calculait" ici de Malba Tahanau 13Ăšme siĂšcle, Ă  Bagdad, un jeune berger Ă©tonne tout le monde par sa capacitĂ© Ă  rĂ©soudre les problĂšmes mathĂ©matiques les plus divers. Rejoignez le club ! Il y a une sĂ©rie de livres au CDI qui connait son petit succĂšs parmi les Ă©lĂšves de 5Ăšme et de 4Ăšme, il s'agit des aventures du club des baby-sitters !!!Deux nouveaux titres sont venus s'ajouter rĂ©cemment Ă  ceux dĂ©jĂ  prĂ©sents au CDI "amies pour toujours""nos plus belles vacances" toujours plus de mangas... La derniĂšre commande arrivĂ©e a permis d'enrichir un petit peu la petite bibliothĂšque de mangas du cdi. Ainsi, ont rejoint le CDI - les 2 premiers tomes de la saga Yu-gi-ho! couverture- le premier tome des aventures de DĂ©tective Conan couverture-le 4Ăšme tome de Fruits basket couverture- le 3Ăšme tome d'Alice 19th couverturemais je ne suis pas trĂšs calĂ©e en mangas. alors si faites moi part de vos goĂ»ts en la matiĂšre si vous voulez les voir rejoindre les mangas du CDI !Enfin si ce n'est pas dĂ©jĂ  fait, venez admirer les dessins de mangas faits par deux Ă©lĂšves de 4Ăšme, affichĂ©s sur le bac Ă  BD du CDI. jeu mortel de Moka Voir la couverture iciLes parents d'Arielle l'inscrivent Ă  l'Ă©cole Saint-Charles, un pensionnat pour jeunes filles car ils partent au BrĂ©sil oĂč le pĂšre d'Arielle doit s'occuper d'un chantier... Mais les adolescentes de bonnes familles cachent une personalitĂ© bien diffĂ©rente... Arielle doit choisir son "clan" les "aristos", les "parvenues", les "intouchables" . Elle passe les rites de passage et rejoind le clan des Parvenues. DĂšs lors, elle va participer aux "petits jeux" auxquelles Parvenues et aristos se livrent dans le parc de l'Ă©cole, pendant la nuit...jeux qui vont peut ĂȘtre bien se retourner contre elles...Qui est Moka ? iciQuelques avis de jeunes Ă  propos de "jeu mortel" ici Complot Ă  Versailles de Annie Jay pour voir la couverture c'est par ici Guillaume de Saint-BĂ©ryl sauve une petite fille tombĂ©e dans la Seine. Elle est amnĂ©sique mais semble avoir vĂ©cu de terribles choses...La famille de Guillaume et notament sa soeur Pauline receuille l'enfant qui devient CĂ©cile...Les annĂ©es passent, CĂ©cile devenue guĂ©risseuse au contact de sa mĂšre adoptive accompagne son amie Pauline de Saint-BĂ©ryl Ă  la cour du roi Louis XIV. Les deux jeunes filles sont Ă©merveillĂ©es par Versailles, en construction. Elles croisent et cotoient, leroi, la reine Marie-ThĂ©rĂšse, Madame de Montespan, Lully.... Au milieu des nombreuses intrigues de la cour, CĂ©cile pourrait bien se retrouver confronter Ă  son passĂ©...Roman de 350 pages pour assez bons lecteurs, melant Ă  la fois histoire et intrigues policiĂšres. On y trouve de nombreux personnages, parfois ayant rĂ©ellement existĂ©s, parfois totalement imaginaires, une multitude d'intrigues, de complots, de mystĂšres qui font que l'on ne s'ennuit jamaispour en savoir plus sur Annie Jay Survivre avec les loups un roman bouleversant article mis Ă  jour le 1er mars 2008Le 16 janvier, sort donc au cinĂ©ma l'adaptation cinĂ©matographique de "Survivre avec les loups"livre Ă©crit par Misha Dafonseca site officiel du film.petite rĂ©sumĂ© 1941. Les parents de Misha, juifs, sont dĂ©portĂ©s. Elle mĂȘme est sur le point d'ĂȘtre dĂ©noncĂ©e par la famille censĂ©e la cacher. Misha s'enfuit Ă  travers l'Europe Belgique, Allemagne, Pologne...Elle marche inlassablement pour "aller Ă  l'est" oĂč se trouvent ses parents...Elle a froid, elle a faim et elle vole donc pour vivre, et surtout elle est adoptĂ©e par un couple de loups et par la meute toute entiĂšre avec laquelle elle va tenter de survivre...Misha Dafonseca Ou plutĂŽt Monique De Wael, son vĂ©ritable nom, a avouĂ© que son histoire n'Ă©tait absolument pas autobiographique et complĂštement inventĂ©e...Elle n'a jamais traversĂ© l'Europe avec des loups, ses parents ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s pour faits de rĂ©sistances, elle n'est pas juive...On peut se sentir trompĂ©, voir mĂȘme trahi. Et puis finalement, on peut se dire que cela reste une histoire, une belle histoire dans un contexte historique tout Ă  fait vĂ©ridique. N'est ce pas le propre d'un roman ?un lien sur"l'affaire" Misha Dafonseca AstĂ©rix aux jeux olympiques le 30 janvier 2008 sort au cinĂ©ma "AstĂ©rix aux jeux olympiques"L'occasion pour moi de vous rappeler la prĂ©sence au CDI de nombreuses aventures du petit gaulois au casque ailĂ© ! L'occasion pour vous de comparer film et BD car AstĂ©rix aux jeux Olympiques se trouve dans le Bac Ă  BD ! RĂ©sumĂ© et sĂ©lection de citations Ă©tablis par Bernard Martial professeur de lettres en CPGE Edition de rĂ©fĂ©rence Rivages poche/ Petite BibliothĂšque. PrĂ©sentation et traduction de Nicolas Waquet Entre numĂ©ros des pages dans cette Ă©dition. En vert citations, en rouge le mot guerre », en bleu le mot paix », en violet les mots clĂ©s de l’argumentation. LIVRE PREMIER Sur la nature de la guerre 2e partie, Ă  114 A l’intĂ©rieur de la structure complexe d’une grande armĂ©e, chaque membre peut recevoir des objectifs ponctuels dĂ©loger l’ennemi d’une colline, d’un pont dont le but n’est pas la destruction des forces ennemies mais la dĂ©monstration de la force. Mais, le plus souvent, cette colline ou ce pont seront pris afin de mieux dĂ©truire la force armĂ©e ennemie. S’il en est dĂ©jĂ  ainsi sur le champ de bataille, quelle dimension cela prend-il sur l’ensemble du théùtre de guerre, oĂč ce ne sont pas simplement deux armĂ©es qui se dressent l’une contre l’autre, mais deux Etats, deux peuples, deux pays ! » Avec l’augmentation du nombre de relations, de dispositions et d’objectifs, le moyen initial s’éloigne davantage de la fin ultime. Il est donc possible que la destruction de la force armĂ©e ennemie ne soit pas la finalitĂ© de l’engagement mais un simple moyen. Dans ce cas, il n’importe plus de le 60 rĂ©aliser car dans l’épreuve de force qui peut consister en une simple Ă©valuation qu’est l’engagement seul compte le rĂ©sultat. On comprend dĂšs lors que des campagnes entiĂšres puissent ĂȘtre conduites trĂšs activement sans que l’engagement effectif y joue un rĂŽle notable. Combien de cas se sont rĂ©solus de cette façon mĂȘme si des renommĂ©es doivent en pĂątir ? Ce qui nous importe ici est de montrer la possibilitĂ© d’un tel dĂ©roulement de l’acte militaire. Il n’y a dans la guerre qu’un seul moyen, l’engagement ». Nous avons considĂ©rĂ© la destruction de la force armĂ©e ennemie comme l’une des fins que l’on peut poursuivre 61 dans la guerre, mais nous n’avons pas examinĂ© l’importance que l’on doit lui donner par rapport aux autres ». L’engagement est la seule action efficace dans la guerre ». La destruction de la force armĂ©e ennemie est le fondement thĂ©orique de toute activitĂ© militaire mĂȘme si l’engagement n’est pas effectif. Le rĂšglement par les armes est aux opĂ©rations de guerre, grandes et petites, ce que le paiement comptant est aux transactions commerciales ». Si le rĂšglement par les armes est le fondement de toutes les combinaisons, il s’ensuit que l’adversaire peut rendre l’une d’elles inopĂ©rante par un affrontement victorieux. 62 Ainsi la destruction de la force armĂ©e ennemie reste-t-elle le moyen suprĂȘme devant lequel tous les autres doivent cĂ©der. Pour autant, on ne peut se lancer dans une charge aveugle dont l’effet serait pire pour notre armĂ©e que pour l’ennemi. L’efficacitĂ© supĂ©rieure n’appartient pas Ă  la voie, mais Ă  la fin, et l’on fait ici que comparer l’effet d’une fin atteinte avec une autre. Lorsque nous parlons de la destruction de la puissance armĂ©e ennemie, il n’est pas seulement question de force armĂ©e physique mais aussi de force morale. Les deux sont indissociables et l’élĂ©ment moral se rĂ©pand facilement dans l’armĂ©e. Le coĂ»t et le danger que comporte la destruction des forces armĂ©es ennemies s’opposent Ă  la valeur prĂ©pondĂ©rante de ce moyen sur tous les autres, et c’est uniquement pour les Ă©viter que l’on s’engage dans d’autres voies. Il est comprĂ©hensible que ce moyen soit coĂ»teux car la dĂ©pense de nos propres forces armĂ©es est 63 d’autant plus grande que notre intention est d’anĂ©antir celles de l’ennemi. Quant au danger de ce moyen, il rĂ©side en ce que l’efficacitĂ© supĂ©rieure que nous recherchons retombe sur nous en cas d’insuccĂšs ; il entraĂźne donc de plus grands inconvĂ©nients. Les autres voies sont moins coĂ»teuses en cas de rĂ©ussite et moins dangereuses en cas d’échec Ă  la condition cependant que l’ennemi emprunte la mĂȘme voie. Car si l’ennemi choisissait la voie d’un rĂšglement par les armes de grande envergure, notre choix tactique deviendrait le sien contre notre volontĂ© et il jouirait d’une probabilitĂ© de succĂšs supĂ©rieure. Mais ce que nous avons dit ici des desseins et des forces orientĂ©s dans une autre direction ne se rapporte qu’aux fins positives, que l’on peut encore se fixer dans la guerre 64 en dehors de la destruction des forces ennemies. Cela ne concerne nullement la pure rĂ©sistance Ă  laquelle on recourt dans l’intention d’épuiser la force ennemie. Dans la rĂ©sistance pure, l’intention positive fait dĂ©faut. Par consĂ©quent, nos forces ne peuvent ĂȘtre dirigĂ©es vers d’autres objectifs, elles ne sont destinĂ©es qu’à annihiler les desseins de l’adversaire ». La destruction de la force armĂ©e ennemie pĂŽle positif et la prĂ©servation de la nĂŽtre pĂŽle nĂ©gatif sont les deux parties d’un mĂȘme dessein. La volontĂ© de dĂ©truire les forces armĂ©es ennemies vise une fin positive et conduit Ă  des succĂšs positifs dont l’objectif final est de terrasser l’adversaire. La prĂ©servation de nos propres forces armĂ©es vise une fin nĂ©gative, et conduit donc Ă  l’échec total du dessein ennemi, c’est-Ă -dire Ă  la rĂ©sistance pure, dont l’objectif final est uniquement de prolonger la durĂ©e de l’action pour Ă©puiser l’adversaire. La volontĂ© dirigĂ©e vers une fin positive engendre l’acte de destruction ; la volontĂ© dirigĂ©e vers une fin nĂ©gative l’attend. Nous aborderons la question de la durĂ©e de l’attente quand nous traiterons de la thĂ©orie de l’offensive et de la dĂ©fensive. Disons simplement pour le moment que l’attente ne doit pas devenir passivitĂ© absolue. Il est dangereux de penser 65 que la solution qui Ă©vite une effusion de sang est toujours prĂ©fĂ©rable. De nombreux gĂ©nĂ©raux ont vu pĂ©rir leur armĂ©e en privilĂ©giant cette volontĂ© nĂ©gative et en tergiversant. Les considĂ©rations qui nous ont menĂ©s jusqu’ici ont bien montrĂ© qu’il existe dans la guerre toutes sortes de voies pour parvenir au but, c’est-Ă -dire Ă  la rĂ©alisation de la fin politique, mais que l’engagement en est l’unique moyen ; par consĂ©quent, tout est soumis Ă  une loi suprĂȘme celle du rĂšglement par les armes. Lorsque l’adversaire y a effectivement recours, on ne peut jamais s’y 66 dĂ©rober ; le belligĂ©rant qui veut emprunter une autre voie doit donc ĂȘtre sĂ»r que l’adversaire n’aura pas recours Ă  ce rĂšglement sous peine de perdre son procĂšs devant cette cour suprĂȘme. En un mot, de toutes les fins qui peuvent ĂȘtre poursuivies dans la guerre, la destruction de la force armĂ©e ennemie apparaĂźt toujours comme celle qui domine tout. Quant Ă  ce que peuvent offrir dans la guerre les combinaisons d’une autre sorte, nous en prendrons connaissance par la suite et peu Ă  peu, naturellement. Contentons-nous ici d’en admettre la possibilitĂ© en gĂ©nĂ©ral, comme une indication du dĂ©calage entre la rĂ©alitĂ© et le concept, et de l’influence des circonstances individuelles. Mais nous ne devons pas omettre de reconnaĂźtre dĂšs Ă  prĂ©sent l’explosion sanglante de la crise, la volontĂ© de dĂ©truire la force armĂ©e ennemie, comme la fille aĂźnĂ©e de la guerre ». Quand les fins politiques sont modestes, les motifs faibles, les tensions des forces minimes, un gĂ©nĂ©ral circonspect et adroit cherchera tous les moyens d’éviter une grande crise et une rĂ©solution sanglante, pour se frayer un passage vers la paix en utilisant les faiblesses de son adversaire dans les domaines diplomatique et militaire. Nul n’a le droit de lui en faire grief, si ses hypothĂšses sont parfaitement fondĂ©es et aptes Ă  mener au succĂšs. Mais il doit toujours avoir conscience qu’il emprunte lĂ  une voie hasardeuse, sur laquelle le dieu de la guerre risque de le surprendre ; il doit toujours garder un Ɠil sur l’adversaire, afin de ne pas l’affronter au fleuret mouchetĂ© quand l’autre l’attaquera avec un sabre tranchant. Ce qu’est la guerre, comment fin et moyen y agissent, comment dans la rĂ©alitĂ© elle s’écarte plus ou moins de son rigoureux concept originel en fluctuations diverses, tout en demeurant cependant toujours soumise Ă  ce concept 67 rigoureux comme Ă  une loi suprĂȘme- tous ces acquis doivent s’ancrer dans notre esprit et y demeurer quand nous examinerons chacun de nos prochains objets d’étude. Cela est indispensable si nous voulons comprendre correctement leurs vĂ©ritables rapports, leur signification propre, sans tomber dans la plus criante contradiction avec la rĂ©alitĂ© et en dĂ©finitive avec nous-mĂȘmes ». Chapitre 3. Le gĂ©nie martial Lorsque les dispositions particuliĂšres d’esprit et de cƓur pour exercer avec virtuositĂ© une activitĂ© atteignent un degrĂ© supĂ©rieur et se manifestent par des actes hors du commun, on dĂ©signe l’esprit qui les possĂšde du nom de gĂ©nie. Nous entendrons ici par gĂ©nie » une puissance intellectuelle exceptionnellement dĂ©veloppĂ©e dans l’exercice d’une activitĂ© dĂ©terminĂ©e. Nous n’allons pas traiter le concept trop large de gĂ©nie mais simplement considĂ©rer la convergence des forces de l’ñme dans l’activitĂ© militaire, que nous pouvons alors envisager comme l’essence du gĂ©nie martial. Le gĂ©nie martial consiste prĂ©cisĂ©ment en cette convergence. 69 Il n’est pas constituĂ© d’une vertu guerriĂšre unique, comme le courage par exemple, tandis que d’autres qualitĂ©s de l’esprit ou du cƓur seraient absentes ou inadaptĂ©es Ă  la guerre ; il est une union harmonieuse des forces, oĂč l’une ou l’autre peut prĂ©dominer, mais oĂč aucune ne doit s’opposer aux autres ». Chez les peuples sauvages et belliqueux, l’esprit martial anime la plupart des guerriers mais l’on trouve rarement un vrai grand gĂ©nĂ©ral ou un gĂ©nie militaire comme dans les peuples civilisĂ©s Romains, Français. Leurs plus grands noms, comme ceux de tous les peuples qui se sont illustrĂ©s dans la guerre, sont toujours justement apparus Ă  des Ă©poques de haute culture. » Les forces intellectuelles occupent donc une place importante dans le gĂ©nie martial supĂ©rieur. La guerre est le domaine du danger ; le courage est donc, avant toute autre chose, la qualitĂ© premiĂšre du guerrier ». Il y a deux sortes de courage 1. le courage face au danger personnel, subdivisĂ© en deux catĂ©gories a indiffĂ©rence face au danger qu’elle provienne de la constitution de l’individu, du dĂ©dain de la vie ou de l’habitude, c’est en tout cas un Ă©tat permanent. Plus sĂ»r comme une seconde nature, il n’abandonne jamais l’homme. Il relĂšve davantage de la constance et ne grise pas l’entendement. b le courage provenant de motifs positifs, comme l’ambition, le patriotisme, l’enthousiasme de toutes sortes. En ce cas, le courage n’est pas tant un Ă©tat qu’un mouvement de l’ñme, un sentiment. Il mĂšne souvent plus loin. Il relĂšve plutĂŽt de la tĂ©mĂ©ritĂ©, accroĂźt la puissance de l’entendement mais le grise parfois. L’union des deux produit la forme la plus parfaite du courage. 2. le courage de faire face Ă  la responsabilitĂ© devant le tribunal d’une instance extĂ©rieure ou de l’instance intĂ©rieure qu’est la conscience. nous n’en parlerons pas ici 71. La guerre est le domaine des efforts et des souffrances physiques. Pour ne pas y succomber, il faut une certaine force du corps et de l’ñme qui, innĂ©e ou acquise, permet d’y ĂȘtre indiffĂ©rent. Muni de ces qualitĂ©s, guidĂ© par le simple bon sens, l’homme est dĂ©jĂ  un solide instrument de guerre ». QualitĂ©s rĂ©pandues chez les peuples sauvages ou Ă  demi civilisĂ©s. Si nous allons plus loin dans ce que la guerre exige de ceux qui s’y consacrent, nous rencontrons, dominante, la puissance intellectuelle. La guerre est le domaine de l’incertitude ». C’est dans ce domaine oĂč flottent les trois quarts des Ă©lĂ©ments sur lesquels se fonde l’action qu’une intelligence fine et pĂ©nĂ©trante est requise, pour discerner la vĂ©ritĂ© Ă  la seule mesure de son jugement. La plupart des situations feront apparaĂźtre ce dĂ©faut d’intelligence mĂȘme si, exceptionnellement la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre trouvĂ©e par hasard par une intelligence ordinaire ou si un courage extraordinaire peut compenser une erreur de jugement. La guerre est le domaine du hasard », plus que dans toute autre activitĂ© humaine. Le hasard accroĂźt l’incertitude dans toutes les circonstances et trouble le cours des Ă©vĂ©nements. Rien n’étant jamais sĂ»r du fait du hasard, le combattant ne peut jamais ĂȘtre sĂ»r de ces plans d’action 72 mais, pour en concevoir d’autres, il faudrait disposer de donnĂ©es qui font souvent dĂ©faut, ce qui accroĂźt l’incertitude Si notre esprit veut sortir victorieux de ce combat constant avec l’imprĂ©vu, deux qualitĂ©s lui sont indispensables 1. une intelligence qui, dans cette obscuritĂ© plus intense, garde quelque vestige de cette lumiĂšre intĂ©rieure qui le guide vers la vĂ©ritĂ© le coup d’Ɠil en français ; 2. le courage de suivre cette faible lueur la rĂ©solution. L’engagement est, dans la guerre, l’élĂ©ment qui a d’abord et le plus souvent attirĂ© l’attention ». La notion de coup d’Ɠil dĂ©signant toute dĂ©cision rapide et prĂ©cise est nĂ©e de l’apprĂ©ciation visuelle des deux facteurs du temps et de l’espace charges rapides de cavalerie 73 puis est devenue synonyme de rapiditĂ© d’accession Ă  la vĂ©ritĂ© pas forcĂ©ment par le simple regard. La rĂ©solution est un acte de courage dans chaque situation particuliĂšre ; si elle devient un trait de caractĂšre, elle est une habitude de l’ñme. Il ne s’agit pas ici du courage face au danger physique mais face Ă  la responsabilitĂ©, donc en quelque sorte, au danger moral. On l’a souvent nommĂ© courage d’esprit en français, car il provient de l’esprit bien qu’il ne soit pas pour autant un acte purement intellectuel mais plutĂŽt un produit du tempĂ©rament. La pure intelligence n’est pas courage, car nous voyons souvent les gens les plus intelligents demeurer sans aucune rĂ©solution. L’esprit doit donc tout d’abord Ă©veiller le sentiment du courage afin que ce dernier le maintienne et le soutienne car, dans la fiĂšvre de l’instant, les hommes obĂ©issent davantage Ă  leurs sentiments qu’à leur intellect ». 74 La rĂ©solution, que le langage courant nomme goĂ»t du risque, penchant pour l’audace, tĂ©mĂ©ritĂ©, hardiesse, lĂšve les souffrances du doute et les dangers de l’hĂ©sitation lorsque les motifs ne sont pas assez puissants pour pousser Ă  l’action. Dans le cas contraire motifs dominants, il n’y a pas de raison de parler de rĂ©solution car il n’y a pas de doutes. On ne peut parler ici que de force ou de faiblesse. Cette rĂ©solution qui triomphe de l’état de doute ne peut ĂȘtre suscitĂ©e que par une orientation particuliĂšre de l’entendement, alliant esprit pĂ©nĂ©trant et courage nĂ©cessaire. Elle n’existe que par un acte de l’esprit, qui porte Ă  la conscience la nĂ©cessitĂ© de l’audace et par lĂ  dĂ©termine la volontĂ©. Cette orientation trĂšs particuliĂšre de l’entendement 75 qui, avec la peur de l’indĂ©cision et de l’hĂ©sitation, maĂźtrise toute autre peur en l’homme, constitue la rĂ©solution dans les Ăąmes puissantes. Des hommes d’intelligence mĂ©diocre peuvent certes agir sans hĂ©sitation mais dĂšs lors qu’ils agissent sans rĂ©flexion, ils ne sont pas animĂ©s par le doute, beaucoup d’officiers de hussards peuvent Ă©galement ĂȘtre rĂ©solus sans ĂȘtre de grands penseurs mais il est bien ici question d’une orientation particuliĂšre de l’entendement. La rĂ©solution doit donc son existence Ă  une orientation particuliĂšre de l’esprit qui appartient Ă  une intelligence plus puissante que brillante. Pour justifier cette gĂ©nĂ©alogie de la rĂ©solution, nous pouvons mentionner, Ă  titre d’exemple, un grand nombre d’hommes qui ont fait preuve de la plus grande rĂ©solution dans des rangs infĂ©rieurs et l’ont perdue en accĂ©dant Ă  un poste supĂ©rieur. ParalysĂ©s par l’irrĂ©solution, ils ne savent plus prendre les dĂ©cisions alors qu’ils avaient l’habitude d’agir sous la force de l’impulsion. 76 Le coup d’Ɠil et la rĂ©solution nous conduisent directement Ă  parler de la prĂ©sence d’esprit qui leur est apparentĂ©e. Cette qualitĂ© joue un rĂŽle majeur dans le royaume de l’imprĂ©vu qu’est la guerre car elle n’est rien d’autre qu’une capacitĂ© supĂ©rieure Ă  vaincre l’imprĂ©visible ». L’expression prĂ©sence d’esprit, qui peut s’exprimer par la rĂ©partie Ă  une apostrophe ou la parade face Ă  un danger, dĂ©finit prĂ©cisĂ©ment et de façon trĂšs appropriĂ©e la justesse et la promptitude avec lesquelles l’intelligence offre son aide. Une repartie pertinente est davantage l’Ɠuvre d’un esprit spirituel ; un moyen appropriĂ© Ă  un pĂ©ril soudain suppose avant tout un tempĂ©rament Ă©quilibrĂ©. Mais aucun des deux ne doit faire complĂštement dĂ©faut. Si l’on embrasse du regard les quatre composantes qui constituent l’atmosphĂšre dans laquelle Ă©volue la guerre, Ă  savoir le danger, l’effort physique, l’incertitude et le hasard, on conçoit alors aisĂ©ment qu’il faut une grande force d’ñme et d’esprit pour avancer avec sĂ»retĂ© et succĂšs dans cet Ă©lĂ©ment compliquĂ© ». Les historiens et les chroniqueurs militaires dĂ©signent cette force sous les noms d’énergie, de fermetĂ©, de persĂ©vĂ©rance, et de force d’ñme et de caractĂšre. On pourrait considĂ©rer toutes ces manifestations 77 de la nature hĂ©roĂŻque comme une seule et mĂȘme force de volontĂ© mais nous avons intĂ©rĂȘt Ă  distinguer de maniĂšre relativement prĂ©cise le jeu des forces de l’ñme. Le poids, la charge, la rĂ©sistance, ce qui exige cette force de l’ñme de la part de l’officier, n’est que pour une part infime le rĂ©sultat immĂ©diat de l’activitĂ© ennemie, de la rĂ©sistance ennemie, des opĂ©rations ennemies. L’action directe de l’activitĂ© ennemie sur l’officier ne touche d’abord que sa propre personne, sans affecter son activitĂ© de chef. En second lieu, la rĂ©sistance ennemie agit immĂ©diatement sur le chef par la perte des moyens qu’engendre une rĂ©sistance prolongĂ©e, et par la responsabilitĂ© qui y est attachĂ©e. C’est Ă  ce moment-lĂ  que sa force de volontĂ© sera mise Ă  l’épreuve et au dĂ©fi pour la premiĂšre fois par le biais de ses rĂ©flexions tourmentĂ©es. Mais ceci est un problĂšme qu’il ne doit rĂ©gler qu’avec lui-mĂȘme. Tous les autres effets de la rĂ©sistance ennemie sont dirigĂ©s sur les combattants qu’il commande et rĂ©agissent sur lui par leur intermĂ©diaire. Tant qu’une troupe pleine de courage combat facilement et avec entrain, il est rare que l’officier ait Ă  dĂ©ployer une grande force de volontĂ© pour poursuivre son objectif. 78 Mais dĂšs que la situation devient difficile, le chef doit faire preuve d’une grande volontĂ© pour surmonter une rĂ©sistance qui n’est pas forcĂ©ment due Ă  l’insubordination des soldats mais peut ĂȘtre liĂ©e Ă  l’impression gĂ©nĂ©rale d’épuisement des forces physiques et morales. S’il ne parvient pas Ă  rallumer chez eux la flamme de la rĂ©solution et de l’espoir, il plonge avec eux dans l’animalitĂ© qui fuit le danger et ignore la honte. La force de la volontĂ© du chef doit Ă©videmment ĂȘtre proportionnelle Ă  son rang et Ă  ses charges. 79 L’énergie dans l’action exprime la vigueur du motif qui a suscitĂ© cette action, que ce motif procĂšde d’une conviction intellectuelle ou d’un mouvement affectif qui ne saurait manquer lorsqu’il s’agit de dĂ©ployer une grande force. La soif de gloire et d’honneur est le plus puissant et le plus constant des sentiments Ă©levĂ©s que le cƓur humain Ă©prouve dans la fiĂšvre du combat mĂȘme si la langue allemande le dĂ©prĂ©cie en lui associant deux termes pĂ©joratifs Ehrgeiz » et Ruhmsucht », arrivisme et gloriole. Il est vrai que c’est prĂ©cisĂ©ment dans la guerre que l’abus de ces fiĂšres aspirations a gĂ©nĂ©rĂ© les plus rĂ©voltantes injustices Ă  l’encontre de l’humanitĂ©. Mais en vertu de leur origine, ces sentiments doivent ĂȘtre comptĂ©s parmi les plus nobles de la nature humaine ; et ce sont eux en vĂ©ritĂ© qui, dans la guerre, insufflent la vie et donnent une Ăąme Ă  ce corps monstrueux ». Tous les autres sentiments largement rĂ©pandus et apparemment supĂ©rieurs comme le patriotisme, le fanatisme idĂ©ologique, la vengeance, les enthousiasmes de toutes sortes, ne remplacent pas l’ambition et le dĂ©sir de gloire et n’incitent pas le chef Ă  se surpasser. C’est son ambition qui fait d’une action militaire prĂ©cise la propriĂ©tĂ© du commandant 80. Ya-t-il d’ailleurs jamais eu un grand gĂ©nĂ©ral dĂ©nuĂ© d’ambition ? La fermetĂ© indique la rĂ©sistance de la volontĂ© face Ă  la puissance d’une frappe unique, la persĂ©vĂ©rance face Ă  la durĂ©e. LĂ  oĂč la fermetĂ© peut reposer sur la vigueur d’un sentiment, la persĂ©vĂ©rance exige plutĂŽt le soutien de l’entendement car avec la durĂ©e, une action se conforme de plus en plus Ă  un systĂšme. Tournons-nous vers la force d’ñme ou de caractĂšre. La premiĂšre question consiste Ă  savoir ce que nous devons entendre par lĂ . Cette force de caractĂšre n’est pas la vĂ©hĂ©mence ou l’emportement mais la maĂźtrise de soi, facultĂ© d’obĂ©ir Ă  la raison mĂȘme aux instants des plus violents bouleversements 81 qui a son siĂšge dans le tempĂ©rament mĂȘme. Chez les Ăąmes fortes, le sentiment de la dignitĂ© humaine, cet orgueil le plus noble, ce besoin le plus profond de l’ñme d’agir en toutes circonstances comme un ĂȘtre douĂ© de discernement et de raison contrebalance la passion dĂ©chaĂźnĂ©e sans l’anĂ©antir. Nous pourrions donc dire qu’une Ăąme forte est celle qui, mĂȘme dans les Ă©lans les plus impĂ©tueux, ne perd pas son Ă©quilibre. Jetons un regard sur la diversitĂ© des tempĂ©raments humains ou indolents hommes Ă  la vivacitĂ© faible Difficile de parler de force d’ñme car toute manifestation de force leur fait dĂ©faut. Il faut reconnaĂźtre qu’à la guerre, en raison prĂ©cisĂ©ment de leur Ă©quilibre constant, ces hommes sont d’une certaine efficacitĂ© ». Cette efficacitĂ© n’est que partielle car il leur manque l’impulsion mais ils ruinent rarement une opĂ©ration. mais calmes des gens trĂšs vifs, mais dont les sentiments n’excĂšdent jamais une certaine intensitĂ© Facilement incitĂ©s Ă  l’action par de petites choses et accablĂ©s par les grandes. DĂ©ploieront une vive activitĂ© pour venir en aide Ă  un seul mais le malheur d’un peuple entier les consternera sans les pousser Ă  agir. Dans la guerre, ces hommes ne manqueront ni d’activitĂ© ni d’équilibre, mais ils n’accompliront jamais rien de grand ; Ă  moins de possĂ©der une intelligence trĂšs puissante qui leur en donne le motif ». Il est rare qu’une intelligence vigoureuse et indĂ©pendante s’allie Ă  de tels tempĂ©raments. personnes trĂšs excitables dont les sentiments s’enflamment vite et violemment, comme la poudre, mais s’éteignent rapidement. Les caractĂšres bouillonnants, enflammĂ©s, se prĂȘtent peu Ă  la vie pratique, et donc aussi peu Ă  la guerre ». Leurs impulsions puissantes sont puissantes mais brĂšves. Si leur vivacitĂ© est canalisĂ©e vers le courage et l’ambition, ils seront souvent des subalternes d’une grande utilitĂ© dans la guerre ; pour la simple raison qu’un 83 chef peu gradĂ© ne commande que des actes militaires de courte durĂ©e ». Les actions hĂ©roĂŻques durent peu. Du fait de la rapiditĂ© impĂ©tueuse de leurs sentiments, ces hommes ont deux fois plus de mal Ă  maintenir leur Ă©quilibre ; c’est pourquoi il leur arrive frĂ©quemment de perdre la tĂȘte, ce qui est la pire des choses lorsqu’on est en guerre ». Mais ces tempĂ©raments excitables sont capables de conserver leur Ă©quilibre et d’avoir leur dignitĂ© mais celle-ci s’exprime souvent aprĂšs coup avec le recul. hommes aux passions Ă©nergiques, profondes et secrĂštes. des ĂȘtres que les motifs minimes n’ébranlent pas, qui ne s’émeuvent pas rapidement mais graduellement, et dont les sentiments deviennent trĂšs puissants et bien plus durables. Les hommes peu Ă©motifs qui Ă©prouvent des Ă©motions profondes sont les plus aptes Ă  dĂ©placer les masses immenses que reprĂ©sentent les difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă  l’action militaire 84. S’ils ne se laissent pas emporter par leurs sentiments au point d’en avoir honte cf supra ils peuvent perdre leur Ă©quilibre et ĂȘtre soumis Ă  une passion aveugle si le noble orgueil de la maĂźtrise de soi vient Ă  leur manquer. Une Ăąme forte n’est pas une Ăąme simplement susceptible de puissants Ă©lans, mais une Ăąme capable de garder son Ă©quilibre dans les Ă©lans les plus puissants. Si bien que, malgrĂ© les tempĂȘtes qui se dĂ©chaĂźnent dans sa poitrine, son discernement et ses convictions conservent toute leur finesse pour jouer leur rĂŽle. Ce qu’on nomme la force de caractĂšre » ou, tout simplement, le caractĂšre », dĂ©signe la fermetĂ© avec laquelle un homme garde ses convictions d’oĂč qu’elles viennent jugement personnel ou extĂ©rieur, principes, opinions, inspirations ou tout autre produit de l’esprit. Cette qualitĂ© ne s’applique qu’à des hommes dont les convictions sont trĂšs constantes, soit parce qu’elles sont profondĂ©ment enracinĂ©es et claires, et se prĂȘtent donc peu au changement, soit parce que le manque d’activitĂ© de l’entendement ne donne aucun motif de changement, comme chez les hommes indolents, soit enfin parce qu’un acte formel de la volontĂ©, issu d’un principe souverain de la raison, rejette jusqu’à un certain point tout changement d’opinion. Or, Ă  la guerre- du fait des impressions fortes et innombrables que reçoit la sensibilitĂ©, du doute qui Ă©branle tout savoir et tout jugement- un homme a beaucoup plus de raisons que dans toute autre activitĂ© humaine de s’écarter du chemin qu’il s’est choisi et d’ĂȘtre dĂ©concertĂ© par lui-mĂȘme ou par les autres ». La vue des souffrances donnant facilement plus de poids aux sentiments qu’aux convictions intellectuelles, un changement de jugement est plus excusable et plus comprĂ©hensible. C’est pourquoi les divergences de vues ne sont nulle part aussi affirmĂ©es qu’à la guerre, oĂč le flux torrentiel des impressions contrarie sans cesse nos convictions. Ces impressions sont si fortes et si vives, dans leur assaut combinĂ© contre l’esprit et la sensibilitĂ©, que mĂȘme le plus flegmatique des hommes aura grand mal Ă  s’en protĂ©ger ». 86 Seuls les idĂ©es et les principes gĂ©nĂ©raux qui dirigent l’action depuis un point de vue supĂ©rieur et antĂ©rieur permettent de rĂ©sister au flux des opinions et des impressions suscitĂ© par le prĂ©sent. GrĂące Ă  cette prĂ©rogative que nous accordons dans les cas douteux Ă  nos convictions antĂ©rieures, grĂące Ă  la fermetĂ© avec laquelle nous nous y tenons, notre action acquiert cette stabilitĂ© et cette continuitĂ© que l’on nomme caractĂšre. On comprend facilement Ă  quel point l’équilibre du tempĂ©rament favorise la force de caractĂšre ; aussi les hommes d’une grande force d’ñme ont-ils la plupart du temps beaucoup de caractĂšre. La force de caractĂšre nous conduit Ă  en examiner une forme abĂątardie, Ă  savoir l’obstination. Il est souvent trĂšs difficile de dire concrĂštement oĂč commence l’une et oĂč finit l’autre ; en revanche, la diffĂ©rence abstraite entre les deux ne semble pas difficile Ă  Ă©tablir. 87 L’obstination refus de se soumettre Ă  une meilleure comprĂ©hension des choses n’est pas un dĂ©faut intellectuel on peut mĂȘme attribuer ce refus Ă  l’intelligence, c’est un dĂ©faut du tempĂ©rament. Cette inflexibilitĂ© de la volontĂ©, ne relĂšve que d’une forme particuliĂšre d’amour-propre, qui place au-dessus de tout la satisfaction de rĂ©gner sur soi et sur les autres par la seule activitĂ© de son propre esprit. Mieux que la vanitĂ© qui se satisfait de l’apparence, l’obstination tire satisfaction de la rĂ©alitĂ©. La force de caractĂšre devient obstination dĂšs que la rĂ©sistance au jugement d’autrui ne rĂ©sulte ni d’une conviction mieux fondĂ©e, ni de la foi en un principe supĂ©rieur, mais d’un sentiment d’opposition. Cette obstination est diffĂ©rente de la simple intensification de la force de caractĂšre. Beaucoup d’hommes trĂšs obstinĂ©s manquent de force de caractĂšre par dĂ©faut de caractĂšre. AprĂšs avoir appris Ă  reconnaĂźtre le grand chef de guerre Ă  la virtuositĂ© avec laquelle il emploie ces qualitĂ©s, oĂč le tempĂ©rament et l’intelligence agissent conjointement, nous en arrivons maintenant Ă  une particularitĂ© de l’activitĂ© militaire. Bien qu’elle ne soit pas la plus importante et qu’elle ne fasse appel qu’à la capacitĂ© intellectuelle, sans mobiliser la force de caractĂšre, il faut peut-ĂȘtre la considĂ©rer comme la plus forte. Il s’agit de la 88 relation que la guerre entretient avec le terrain et le pays ». Cette relation est 1. permanente une armĂ©e organisĂ©e ne peut mener une action militaire que dans un espace dĂ©terminĂ©. 2. d’une importance dĂ©cisive elle modifie les effets de toutes les forces, et les change parfois totalement. 3. Elle peut tout aussi bien porter sur les traits les plus minimes d’une localitĂ©, qu’embrasser les plus vastes Ă©tendues. De la sorte, ce rapport entre la guerre, le terrain et le pays confĂšre Ă  l’activitĂ© militaire un caractĂšre tout Ă  fait particulier ». Les autres activitĂ©s humaines qui sont fondĂ©es sur une relation avec le milieu sont toutes circonscrites Ă  des espaces trĂšs limitĂ©s, faciles Ă  explorer rapidement avec une exactitude suffisante. Le chef de guerre doit en revanche soumettre son activitĂ© Ă  un espace qui y collabore, un espace que son regard ne peut embrasser, que le zĂšle le plus empressĂ© ne peut pas toujours explorer, et dont il acquiert rarement une vĂ©ritable connaissance du fait des changements continuels ». Cette difficultĂ© est gĂ©nĂ©ralement partagĂ©e avec l’adversaire sauf si l’un connait mieux le terrain que l’autre. Celui qui arrivera Ă  la dominer en tirera un avantage considĂ©rable. Pour vaincre cette difficultĂ© trĂšs particuliĂšre, il faut une disposition d’esprit toute particuliĂšre nommĂ©e 89 sens de l’orientation facultĂ© de se faire rapidement de tout terrain une reprĂ©sentation gĂ©omĂ©trique exacte, et par consĂ©quent de s’y retrouver facilement Ă  chaque fois. MĂȘme si l’Ɠil et l’entendement interviennent et si la mĂ©moire est d’un grand secours, le sens de l’orientation fait essentiellement intervenir cette facultĂ© mentale que l’on nomme imagination. 90 L’entraĂźnement et le discernement interviennent Ă©normĂ©ment exemple de PuysĂ©gur, quartier-maĂźtre gĂ©nĂ©ral de Luxembourg. L’usage de ce talent s’accroĂźt naturellement avec le grade. Une simple capacitĂ© de conception et de reprĂ©sentation suffira au hussard ou au chasseur pour conduire une patrouille alors que le gĂ©nĂ©ral devra ĂȘtre capable d’avoir une idĂ©e gĂ©nĂ©ral de la gĂ©ographie d’un pays 91 pour donner Ă  son action plus de fermetĂ©. Cette facultĂ© a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  l’imagination ; c’est en effet le seul service que l’activitĂ© militaire demande Ă  cette dĂ©esse turbulente, qui lui est d’ailleurs plutĂŽt nuisible qu’utile. Nous pensons avoir pris en considĂ©ration toutes les manifestations des forces intellectuelles et morales que l’activitĂ© militaire exige de la nature humaine. L’entendement apparaĂźt partout comme une puissance dont la collaboration est essentielle. On comprendra alors pourquoi l’acte guerrier, qui se traduit par des phĂ©nomĂšnes si simples et si peu complexes, ne saurait ĂȘtre accompli de façon remarquable par des individus dont les capacitĂ©s intellectuelles ne seraient pas elles-mĂȘmes remarquables. Une fois cette idĂ©e acquise, on ne peut plus attribuer Ă  un effort intellectuel considĂ©rable une opĂ©ration simple mille fois rĂ©pĂ©tĂ©e, comme le contournement d’une position ennemie, ou cent autres du mĂȘme type. Si l’on oppose souvent le valeureux soldat aux dirigeants cultivĂ©s, les exemples prouve ntque le courage ne suffit pas Ă  l’un et la capacitĂ© mentale Ă  l’autre 92. Mais nous parlons ici d’actes exceptionnels qui procurent le renom dans le domaine d’activitĂ© oĂč ils sont rĂ©alisĂ©s. Dans celui de la guerre, Ă  chaque Ă©chelon du commandement correspond donc un niveau particulier d’intelligence nĂ©cessaire, de gloire et d’honneur. Un abĂźme profond sĂ©pare le chef suprĂȘme- le gĂ©nĂ©ral placĂ© Ă  la tĂȘte d’une guerre entiĂšre ou d’un théùtre de guerre- du commandant situĂ© immĂ©diatement sous ses ordres ; pour la simple raison que ce dernier est bien plus prĂšs de ce qu’il doit diriger et superviser, ce qui restreint donc beaucoup le cercle de sa propre activitĂ© intellectuelle ». C’est pourquoi l’opinion commune ne voit d’esprit Ă©minent qu’à ce poste suprĂȘme, et croit qu’une intelligence moyenne suffit Ă  tous les rangs infĂ©rieurs. Nous voulons seulement montrer les choses telles qu’elles sont, et mettre en garde contre l’erreur de croire qu’à la guerre un bretteur Ă©cervelĂ© peut accomplir des exploits ». Si nous exigeons des capacitĂ©s intellectuelles proportionnelles au grade, on ne doit pas mĂ©sestimer la nature remarquable de l’intelligence pratique des hommes qui occupent des places de second rang dans une armĂ©e 93. Certains hommes parvenus Ă  des postes supĂ©rieurs ne mĂ©ritent plus la gloire qu’ils ont acquise dans un poste infĂ©rieur. Du grade le plus bas jusqu’au plus Ă©levĂ©, les exploits militaires exceptionnels vont donc de pair avec un gĂ©nie particulier. Cependant, l’Histoire et le jugement de la postĂ©ritĂ© ont coutume de rĂ©server l’appellation de gĂ©nie aux esprits qui ont brillĂ© Ă  la tĂȘte des armĂ©es, aux gĂ©nĂ©raux en chef car cette fonction exige des capacitĂ©s intellectuelles et morales trĂšs supĂ©rieures. Pour mener brillamment Ă  son terme une guerre entiĂšre, ou ses opĂ©rations les plus vastes que l’on nomme campagnes, il faut une grande intelligence des plus hautes donnĂ©es politiques de l’Etat. La conduite de la guerre et la politique convergent ici, et le gĂ©nĂ©ral devient en mĂȘme temps homme d’Etat ». On ne qualifie pas Charles XII et Henri IV de grands gĂ©nies 94. Pour ce qu’un gĂ©nĂ©ral doit mesurer et comprendre d’un seul coup d’Ɠil, cf chapitre 1. Nous avons dit que le gĂ©nĂ©ral devient homme d’Etat ; mais il ne doit pas cesser d’ĂȘtre homme de guerre. D’un cĂŽtĂ©, son regard embrasse toutes les relations politiques ; de l’autre, il sait parfaitement ce qu’il peut accomplir avec les moyens qu’il possĂšde ». Le gĂ©nĂ©ral doit pressentir instinctivement la vĂ©ritĂ© dans la multiplicitĂ© et l’imprĂ©cision de toutes les donnĂ©es au risque de ne pouvoir juger. En ce sens, Bonaparte a dit fort justement que bien des dĂ©cisions qui incombent au gĂ©nĂ©ral pourraient constituer des problĂšmes mathĂ©matiques dignes d’un Newton et d’un Euler. On exige ici des facultĂ©s supĂ©rieures de l’esprit, l’unitĂ© et le jugement clairvoyant. Mais cette activitĂ© supĂ©rieure de l’esprit, ce regard du gĂ©nie, ne deviendrait pas phĂ©nomĂšne 95 historique sans le soutien des qualitĂ©s de tempĂ©rament et de caractĂšre que nous avons analysĂ©es. La vĂ©ritĂ© en elle-mĂȘme est pour l’homme une motivation extrĂȘmement faible. C’est pourquoi il y a toujours une grande diffĂ©rence entre savoir et vouloir, entre connaĂźtre et pouvoir. Le motif le plus fort qui pousse l’homme Ă  agir passe toujours par les sentiments ; et le renfort le plus puissant, si l’on peut dire, par cette fusion de l’esprit et du cƓur que nous avons identifiĂ©e dans la rĂ©solution, la fermetĂ©, la persĂ©vĂ©rance et la force de caractĂšre. Si d’ailleurs cette activitĂ© supĂ©rieure de l’entendement et du tempĂ©rament chez le gĂ©nĂ©ral Ă©tait admise a priori, sans se manifester dans le rĂ©sultat final de son acte, elle s’inscrirait rarement dans l’Histoire ». Le peu qu’on connaĂźt gĂ©nĂ©ralement des Ă©vĂ©nements militaires ne fait pas apparaĂźtre les difficultĂ©s rĂ©elles qu’il a fallu surmonter. De temps Ă  autre seulement, dans les mĂ©moires d’un gĂ©nĂ©ral ou de l’un de ses confidents, ou Ă  l’occasion d’une recherche historique particuliĂšrement poussĂ©e sur un Ă©vĂ©nement prĂ©cis, quelques-uns des nombreux fils qui tissent la trame de la guerre apparaissent Ă  la lumiĂšre du jour ». La plupart des rĂ©flexions et des dilemmes qui prĂ©cĂ©dent une opĂ©ration importante sont intentionnellement dissimulĂ©s. 96 Si nous nous demandons enfin quelle sorte d’intelligence correspond le plus au gĂ©nie martial, l’expĂ©rience et l’investigation nous diront que c’est davantage celle qui scrute que celle qui crĂ©e, celle qui embrasse plutĂŽt que celle qui dissĂšque, que c’est davantage aux tĂȘtes froides qu’aux tĂȘtes chaudes que l’on confiera le salut de nos frĂšres et de nos enfants, l’honneur et la sĂ©curitĂ© de notre patrie. 97 Chapitre 4. Du danger dans la guerre L’idĂ©e que l’on se fait d’habitude du danger avant de l’avoir connu est plutĂŽt attirante que repoussante. L’auteur se fait ici narrateur en accompagnant le novice sur le champ de bataille oĂč le danger grandit 98. Un novice ne traversera pas ces diffĂ©rentes strates du danger sans percevoir que la pensĂ©e fonctionne ici autrement que dans son activitĂ© spĂ©culative. Il faudrait ĂȘtre un homme vraiment hors du commun pour ne pas perdre, dans ces premiĂšres impressions, la facultĂ© de se dĂ©cider instantanĂ©ment. MĂȘme s’il s’habitue en partie, l’homme ordinaire n’atteint jamais le dĂ©tachement parfait et l’élasticitĂ© naturelle de l’ñme. Une bravoure enthousiaste, stoĂŻque, innĂ©e, une ambition impĂ©rieuse ou une longue familiaritĂ© avec le danger, il faut beaucoup de tout cela pour que l’action, dans ce milieu oĂč tout est plus difficile, ne demeure pas en deçà de ce qui semble ordinaire quand on l’étudie en chambre. Le danger de la guerre relĂšve du phĂ©nomĂšne de friction ». Il est essentiel d’en avoir une idĂ©e juste. 100 Chapitre 5. De l’effort physique dans la guerre Les jugements subjectifs portĂ©s sur les Ă©vĂ©nements militaires ont le mĂ©rite d’ĂȘtre subjectifs, c’est-Ă -dire de renfermer exactement le rapport entre celui qui porte le jugement et ce qui en fait l’objet. Et les tĂ©moins gĂ©nĂ©ralement les dĂ©prĂ©cient, surtout s’ils furent au cƓur de l’évĂ©nement. C’est lĂ  une mesure de l’influence exercĂ©e par l’effort physique et un indice de son importance dans le processus du jugement. Parmi les nombreux Ă©lĂ©ments non mesurables de la guerre, le principal est l’effort physique ». A condition de ne pas ĂȘtre gaspillĂ©, il est un coefficient de toutes les forces, et personne ne peut dire exactement jusqu’oĂč il peut ĂȘtre poussĂ©. C’est une chose qu’une armĂ©e entourĂ©e de dangers, qui est proche de la fin 101 et ne peut trouver son salut que dans l’extrĂȘme tension de ses forces physiques mais c’en est une autre qu’une armĂ©e victorieuse, entraĂźnĂ©e par un sentiment de fiertĂ© et conduite par le bon plaisir de son gĂ©nĂ©ral. Le mĂȘme effort, qui dans le premier cas peut tout au plus susciter notre compassion, doit nous remplir d’admiration pour le second, car il y est bien plus difficile Ă  obtenir. L’Ɠil inexpĂ©rimentĂ© voit donc apparaĂźtre Ă  la lumiĂšre l’un des facteurs qui enchaĂźnent dans l’obscuritĂ© les mouvements de l’esprit et dĂ©vorent en secret les forces de l’ñme. Bien qu’il ne s’agisse ici prĂ©cisĂ©ment que de l’effort que le gĂ©nĂ©ral impose Ă  son armĂ©e et le chef Ă  ses subordonnĂ©s, donc du courage pour l’exiger et de l’art de la maintenir, il ne faut cependant pas nĂ©gliger l’effort physique du chef et du gĂ©nĂ©ral lui-mĂȘme. AprĂšs avoir poussĂ© consciencieusement l’analyse de la guerre jusqu’ici, nous devons prendre aussi en considĂ©ration le poids de ces scories ». L’effort physique comme le danger appartient aux causes fondamentales de friction et sa mesure est incertaine. Pour Ă©viter les abus issus de ces considĂ©rations, de cette estimation des conditions qui aggravent la guerre, la nature a confiĂ© Ă  notre sensibilitĂ© la conduite de notre jugement ». Un individu insultĂ© n’a pas intĂ©rĂȘt Ă  faire Ă©tat de son imperfection de mĂȘme que le gĂ©nĂ©ral battu 102 ne pourra invoquer les dangers qui auraient rehaussĂ© sa victoire. Notre sentiment nous interdit donc l’équitĂ© apparente vers laquelle nous pousserait notre jugement, si bien que le sentiment se rĂ©vĂšle ĂȘtre un jugement supĂ©rieur. 103 Chapitre 6. Les renseignements dans la guerre Nous dĂ©signons sous le terme de renseignements l’ensemble de la connaissance que l’on a de l’ennemi et de son pays, donc le fondement de tous nos projets et de toutes nos opĂ©rations. Que l’on considĂšre un instant la nature de ce fondement, son incertitude et son instabilitĂ©, et l’on sentira vite Ă  quel point l’édifice de la guerre est fragile, dangereux, et avec quelle facilitĂ© il peut s’écrouler et nous ensevelir sous ses dĂ©combres. Tous les manuels rĂ©pĂštent bien que l’on ne doit se fier qu’aux renseignements sĂ»rs, que l’on ne doit jamais se dĂ©partir de sa mĂ©fiance ». Mais ce principe thĂ©orique qui donne bonne conscience Ă  leurs auteurs se heurte Ă  la rĂ©alitĂ©. Une grande part des renseignements que l’on reçoit en temps de guerre est contradictoire, une part plus grande encore est fausse et la majoritĂ© est de loin passablement douteuse. Ce que l’on peut alors exiger d’un officier, c’est un certain discernement, que seuls procurent la compĂ©tence, la psychologie et le jugement. La loi des probabilitĂ©s doit le guider. Cette difficultĂ© n’est dĂ©jĂ  pas nĂ©gligeable au moment des premiers plans Ă©laborĂ©s en chambre, en dehors de la sphĂšre de la guerre proprement 104 dite, mais elle est infiniment plus grande dans la mĂȘlĂ©e de la guerre elle-mĂȘme oĂč un renseignement bouscule l’autre ; c’est alors une chance si un certain Ă©quilibre naĂźt de leur contradiction et s’ils suscitent d’eux-mĂȘmes la critique ». La situation est pire pour celui qui n’a pas d’expĂ©rience mais que l’accumulation de renseignements faux conduit Ă  une mauvaise dĂ©cision. Le chef doit avoir une confiance inĂ©branlable en sa conviction intĂ©rieure et rĂ©sister au pessimisme des visions nĂ©gatives. Le rĂŽle est difficile et celui que l’expĂ©rience militaire n’a pas aguerri et affermi dans son jugement doit prendre pour rĂšgle de se forcer Ă  pencher du cĂŽtĂ© de ses espoirs plutĂŽt que du cĂŽtĂ© de ses craintes, en dĂ©pit de son intime conviction. C’est seulement de cette maniĂšre qu’il rĂ©tablira un vĂ©ritable Ă©quilibre. Voir exactement cette difficultĂ©, qui constitue l’une des plus importantes frictions de la guerre, donne une vision des choses complĂštement diffĂ©rente de celle que l’on avait imaginĂ©e. Les impressions des sens sont plus fortes que les calculs de l’intelligence rĂ©flexive". Au point 105 qu’une opĂ©ration un tant soit peu importante n’a jamais Ă©tĂ© conduite sans que le commandant n’ait dĂ» triompher de nouveaux doutes au dĂ©but de son exĂ©cution et que les hommes sont presque toujours frappĂ©s de perplexitĂ© devant les faits par rapport Ă  son avis initial. Sa conviction antĂ©rieure se vĂ©rifiera dans le dĂ©veloppement de l’action, quand disparaĂźtront les dĂ©cors intercalĂ©s par le destin Ă  l’avant-scĂšne de la guerre avec leur peinture outrĂ©e du danger, et quand l’horizon se sera Ă©largi ». Tel est l’un des plus profonds abĂźmes qui sĂ©parent le projet de son exĂ©cution. Chapitre 7. La friction dans la guerre Tant que l’on n’a pas vĂ©cu soi-mĂȘme la guerre, on ne saisit pas en quoi consistent les difficultĂ©s dont il est toujours question, ni vraiment ce que viennent y faire le gĂ©nie et la puissance intellectuelle extraordinaire que l’on exige du gĂ©nĂ©ral ». Tout semble a priori si simple. Mais lorsqu’on a vu la guerre, tout devient clair. Et pourtant, il est extrĂȘmement difficile de dĂ©crire ce qui suscite ce changement, de nommer ce facteur invisible qui agit partout. Tout est trĂšs simple dans la guerre, mais les choses les plus simples sont difficiles. Ces difficultĂ©s s’accumulent et produisent une friction dont celui qui n’a pas vu la guerre ne peut se faire une idĂ©e juste ». exemple des mĂ©saventures inattendues d’un voyageur 107. Ainsi dans la guerre tout est revu Ă  la baisse sous l’influence d’innombrables petits dĂ©tails, qu’on ne peut jamais prendre dĂ»ment en considĂ©ration sur le papier, si bien que l’on reste trĂšs en deçà de l’objectif. Une volontĂ© de fer, puissante, surmonte cette friction ; elle broie les obstacles, mais elle pulvĂ©rise la machine en mĂȘme temps. [
] Comme un obĂ©lisque, vers lequel convergent les avenues d’une ville, la ferme volontĂ© d’un esprit fier se dresse dans son impĂ©rieuse supĂ©rioritĂ© au centre de l’art de la guerre. La friction est le seul concept qui corresponde Ă  peu prĂšs Ă  ce qui distingue la guerre rĂ©elle de la guerre sur le papier ». La machine militaire est en principe trĂšs simple, tout fonctionnant au service de l’unitĂ© pour limiter la friction. Mais il n’en est pas ainsi dans la rĂ©alitĂ©, et la guerre rĂ©vĂšle immĂ©diatement tout ce que cette reprĂ©sentation a d’excessif et de faux. Le bataillon reste toujours composĂ© d’un certain nombre d’hommes dont le plus insignifiant peut, au grĂ© du hasard, arrĂȘter ou mĂȘme dĂ©rĂ©gler la machine. Les dangers que la guerre comporte, les efforts physiques qu’elle exige aggravent tellement le mal qu’il faut les considĂ©rer comme ses causes principales ». 108 Cette friction Ă©pouvantable, qu’il est impossible de concentrer sur quelques points, est donc partout en contact avec le hasard. Elle suscite alors des phĂ©nomĂšnes imprĂ©visibles, prĂ©cisĂ©ment parce qu’ils appartiennent en grande partie au hasard. Le temps, par exemple, en est un. Le brouillard ou la pluie peuvent tout changer au dĂ©roulement d’une bataille. Pour donner cependant une idĂ©e prĂ©cise des petites difficultĂ©s que la guerre oblige Ă  vaincre, il faudrait les illustrer par tant d’exemples, que nous craindrions de lasser le lecteur. L’action militaire est un mouvement dans un milieu rĂ©sistant. Pas plus qu’il n’est possible d’exĂ©cuter dans l’eau, avec facilitĂ© et prĂ©cision, un mouvement aussi simple et aussi naturel que la marche, il est impossible dans la guerre de se maintenir ne serait-ce qu’à un niveau moyen avec des forces ordinaires ». D’oĂč l’inutilitĂ© des thĂ©oriciens dans ce domaine 109. En outre, toute guerre est riche en phĂ©nomĂšnes particuliers ». Chacune est un lieu inexplorĂ© dĂ©fiant les pronostics. La connaissance de cette friction est une composante majeure de l’expĂ©rience de la guerre tant vantĂ©e que l’on exige d’un bon gĂ©nĂ©ral ». Le meilleur gĂ©nĂ©ral n’est pas celui qui est impressionnĂ© par cette friction mais qui sait la surmonter en ayant cette pratique du jugement qu’on appelle le tact apprĂ©ciation intuitive de ce qu’il faut faire. De mĂȘme, seul l’officier expĂ©rimentĂ© prendra toujours, dans les grands Ă©vĂ©nements comme dans les petits, dans chaque pulsation de la guerre, en quelque sorte, les rĂ©solutions et 110 les dĂ©cisions appropriĂ©es ». Il sera donc rarement pris en dĂ©faut, alors que de frĂ©quentes erreurs d’apprĂ©ciation se rĂ©vĂšlent extrĂȘmement dangereuses. La friction est donc ce qui rend difficile ce qui paraĂźt facile. Il apparaĂźtra alors clairement qu’outre l’expĂ©rience et une grande force de volontĂ©, maintes autres qualitĂ©s de l’esprit sont encore nĂ©cessaires pour faire un parfait chef de guerre ». Chapitre 8. Conclusions du premier livre Avec le danger, les efforts physiques, les renseignements et la friction, nous avons identifiĂ© les Ă©lĂ©ments qui composent l’atmosphĂšre de la guerre et qui en font un milieu rĂ©sistant Ă  toute activitĂ©. La rĂ©sistance qu’ils produisent permet de les rĂ©unir dans le concept commun de friction gĂ©nĂ©ralisĂ©e ». Seul l’aguerrissement de l’armĂ©e peut lubrifier ce frottement ». L’habitude fortifie le corps soumis aux grands efforts, elle trempe l’ñme confrontĂ©e aux grands dangers, elle soutient le jugement assailli par la premiĂšre impression. Elle donne Ă  tous, du hussard et du tirailleur jusqu’au gĂ©nĂ©ral de division, une prĂ©cieuse circonspection qui facilite l’action du gĂ©nĂ©ral en chef ». Le soldat aguerri est comme une Ɠil qui s’est habituĂ© Ă  voir dans le noir. L’aguerrissement est une chose qu’aucun gĂ©nĂ©ral ne peut donner Ă  son armĂ©e. Les manƓuvres en temps de paix n’en offrent qu’un faible succĂ©danĂ© ; faible comparĂ© 112 Ă  la vĂ©ritable expĂ©rience de la guerre, mais supĂ©rieur Ă  ces exercices qui n’inculquent Ă  une armĂ©e qu’une habiletĂ© mĂ©canique. Organiser les exercices en temps de paix de telle sorte qu’on y trouve une partie de ces objets de friction, que le jugement, la circonspection , et mĂȘme la rĂ©solution des diffĂ©rents commandants soient mis Ă  l’épreuve, voilĂ  qui est d’une importance bien plus grande que ne le croient ceux qui n’ont jamais fait l’expĂ©rience de la guerre. Il est infiniment important que le soldat, quel que soit son rang, ne dĂ©couvre pas lors du combat ces phĂ©nomĂšnes propres Ă  la guerre, qui surprennent et dĂ©sorientent la premiĂšre fois ». MĂȘme si ces exercices sont peu nombreux, ils sont importants pour s’habituer. A la guerre, la nouvelle recrue a une forte tendance Ă  prendre les efforts inhabituels pour les consĂ©quences des erreurs, des mĂ©prises et de la confusion du commandement suprĂȘme, ce qui l’accable doublement. Il n’en sera rien si elle y est dĂ©jĂ  prĂ©parĂ©e par des exercices effectuĂ©s en temps de paix ». Un autre moyen d’aguerrir les troupes en temps de paix consiste Ă  enrĂŽler des officiers expĂ©rimentĂ©s appartenant Ă  des armĂ©es Ă©trangĂšres. La paix rĂšgne rarement dans toute l’Europe, et la guerre ne s’éteint jamais dans le reste du monde. Un Etat longtemps en paix devrait donc constamment chercher Ă  faire venir de ces théùtres d’opĂ©rations des officiers qui s’y sont distinguĂ©s, ou Ă  y dĂ©tacher quelques-uns des siens pour qu’ils s’initient Ă  la guerre ». MĂȘme si ces officiers sont peu nombreux et s’ils ne peuvent ĂȘtre placĂ©s Ă  des postes de commandement 113 leur rĂŽle d’experts est important. Figure 1 La campagne de MacĂ©doine © Colonel F. Feyler, 1920, la campagne de MacĂ©doine 1916-1917, GenĂšve, Éditions d’art, Boissonnas 1L’échec de la campagne des Dardanelles porte gravement atteinte au prestige des alliĂ©s. ParallĂšlement, l’étĂ© 1915 voit l’épuisement de la Serbie face Ă  l’Autriche‑Hongrie et, le 6 septembre, la Bulgarie s’allie aux puissances centrales. Les menaces qui se prĂ©cisent sur la Serbie et s’intensifient alors ont pour consĂ©quence le dĂ©placement du front d’Orient. La lutte contre les Turcs est abandonnĂ©e au profit d’une stratĂ©gie plus rĂ©aliste. La France et la Grande‑Bretagne dĂ©cident d’intervenir et conduisent dans un premier temps Ă  Salonique les troupes repliĂ©es progressivement de la presqu’üle de Gallipoli. Les alliĂ©s en Orient vont comprendre des troupes françaises, britanniques, serbes, russes puis italiennes et, enfin, grecques. 2DĂšs le 5 octobre 1915 a lieu le premier dĂ©barquement Ă  Salonique, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Sarrail, avec l’accord du Premier ministre grec, VenizĂ©los. L’idĂ©e Ă©tait de marcher sur Nis pour arrĂȘter la progression des Bulgares sur la Serbie, et de maintenir ainsi un second front oriental contre les puissances centrales. La situation militaire ne rĂ©pondant pas aux espĂ©rances, il a fallu se replier sur Salonique, ville refuge encerclĂ©e de loin par les troupes de la Triple Alliance. TransformĂ©e en camp retranchĂ© solidement tenu Ă  l’est, le long de la Struma et Ă  l’ouest, sur le Vardar, elle accueille, dans l’étĂ© 1916, prĂšs de 300 000 hommes Français, Britanniques, Serbes, Italiens et Russes. Figure 2 Salonique, les fronts, les reliefs de l’arriĂšre-pays macĂ©donien © CP, APA 3La prĂ©sence des troupes franco‑anglaises en MacĂ©doine provoque une grave crise en GrĂšce. En effet, l’Entente qui craignait un front uni Allemagne-Autriche‑Hongrie-Bulgarie-Empire ottoman, pour maintenir la Bulgarie dans la neutralitĂ©, propose Ă  la GrĂšce, si elle la rejoint, des terres sur les cĂŽtes d’Asie Mineure, mais Ă  condition de cĂ©der Ă  la Bulgarie la rĂ©gion de Kavala ; un peu plus tard, l’offre concernera Chypre. Le Premier ministre VenizĂ©los, persuadĂ© de la victoire future de l’Entente, est prĂȘt Ă  discuter. Mais accepter l’idĂ©e d’une possible cession d’une partie de la MacĂ©doine aux Bulgares, Ă  peine deux ans aprĂšs avoir affrontĂ© ces mĂȘmes Bulgares, est une faute politique qui renforce ses ennemis. Il s’oppose Ă  la volontĂ© de neutralitĂ© du roi Constantin, persuadĂ©, lui, de la supĂ©rioritĂ© allemande, et doit dĂ©missionner quand celui‑ci refuse la participation de son pays Ă  l’expĂ©dition des Dardanelles, le 6 mars 1915. Vainqueur des Ă©lections lĂ©gislatives en juin, il redevient Premier ministre le 16 aoĂ»t et, le 2 octobre 1915, il autorise les troupes de l’Entente Ă  dĂ©barquer Ă  Salonique. Le 5 octobre, jour du premier dĂ©barquement, le roi le convoque et lui signifie son renvoi. La situation politique grecque se tend pendant l’annĂ©e 1916, des partisans du roi et d’autres, de VenizĂ©los, s’affrontent violemment dans les rues d’AthĂšnes et des petites villes de province ; en mai 1916, le roi cĂšde sans combat le fort frontalier de Rupel aux forces bulgaro‑allemandes, et l’Entente riposte par un blocus naval de la GrĂšce, tout en exigeant la dĂ©mission du gouvernement. En aoĂ»t, les forces bulgares occupent toute la MacĂ©doine orientale et se trouvent donc en mesure de menacer Salonique. Le 29 aoĂ»t, des officiers vĂ©nizĂ©listes proclament dans cette ville le mouvement de DĂ©fense nationale et, trois semaines plus tard, VenizĂ©los y constitue un gouvernement provisoire et dĂ©clare la guerre aux puissances centrales. La GrĂšce est divisĂ©e en deux, l’opinion grecque Ă©galement. Le 22 octobre, l’Entente exige du roi qu’il lui livre la majeure partie de la flotte grecque encore sous son contrĂŽle et la moitiĂ© de ses armements lourds ; refus. AprĂšs cinq mois de blocus, le roi ne voulant pas cĂ©der, la flotte anglo‑française, le 1er dĂ©cembre 1916, bombarde le palais royal, des soldats de l’Entente dĂ©barquent Ă  AthĂšnes, mais se heurtent Ă  la rĂ©action de la population, les combats de rues entre les royalistes et les vĂ©nizĂ©listes s’amplifient. La France dĂ©cide alors une intervention plus musclĂ©e. Le 30 mai, les Franco‑Anglais exigent la dĂ©mission et le dĂ©part du roi. Finalement, le 10 juin 1917, le haut‑commissaire alliĂ©, Jonnart, dĂ©barque 10 000 soldats au PirĂ©e et obtient l’abdication du roi en faveur de son second fils, Alexandre ; le 26 juin, VenizĂ©los arrive Ă  AthĂšnes. Les rapports politiques entre l’Entente et la GrĂšce sont donc longtemps difficiles, et compliquent la situation de Sarrail et de ses hommes Ă  Salonique, ce d’autant plus que les habitants de la MacĂ©doine, qu’ils soient slavophones ou hellĂ©nophones, sont particuliĂšrement concernĂ©s par les effets d’une possible dĂ©faite ou victoire devant la Bulgarie ; le sort des populations de la rĂ©gion de Kavala sert d’exemple aux uns et aux autres. Ce n’est, en dĂ©finitive, que dans l’étĂ© 1918 que les troupes alliĂ©es, bloquĂ©es depuis 1916, reprennent la guerre de mouvement contre la Bulgarie en ayant intĂ©grĂ© des troupes grecques. 4Mais en octobre 1915, devant la dĂ©route de l’armĂ©e serbe, les hommes de Sarrail sont brutalement dĂ©tournĂ©s de leur destination un temps envisagĂ©e un dĂ©barquement sur les cĂŽtes d’Asie Mineure et reçoivent l’ordre de dĂ©barquer Ă  Salonique et de remonter vers le nord. Cette action Ă©choue et cĂšde la place Ă  une guerre de position. Les trois annĂ©es suivantes voient se multiplier les difficultĂ©s. ComplĂ©tant les quatre divisions arrivĂ©es de France ou des Dardanelles Ă  la fin de l’annĂ©e 1915 et au dĂ©but de 1916, la France renforce ses effectifs en Orient par l’envoi de deux autres divisions, les 11e et 16e DIC, Ă  la fin de l’annĂ©e 1916. Au dĂ©but du mois d’aoĂ»t 1916, les alliĂ©s, sur le point d’effectuer une action, sont surpris par une offensive bulgare sur leurs deux flancs qu’ils contiennent avec peine. Si une contre‑offensive permet de refouler les assauts sur le flanc ouest, au nord de Monastir, elle ne peut cependant rĂ©ussir Ă  l’est, et laisse les Bulgares se fixer le long de la vallĂ©e de la Struma. Enfin, face Ă  la gravitĂ© de l’affaire grecque et Ă  l’épreuve de force que reprĂ©sente l’affrontement Ă  AthĂšnes avec les troupes fidĂšles au roi Constantin en dĂ©cembre 1916, deux divisions, la 76e et la 30e DI, sont acheminĂ©es pour soutenir l’action visant Ă  obtenir la destitution du roi. 2 Facon, 1977, chapitre 4. 5La France envoie donc en tout huit divisions sur le front d’Orient. Patrick Facon note que le nombre de soldats qui furent affectĂ©s Ă  l’armĂ©e d’Orient varie, selon les estimations, entre 370 000 et 600 000 hommes, il retient le nombre de 378 000 hommes en s’appuyant sur les chiffres fournis par Franchet d’EspĂšrey ; si l’on Ă©tudie les chiffres moyens par annĂ©e, l’annĂ©e 1917 vient en tĂȘte avec une moyenne de 156 750 hommes. L’ensemble de la pĂ©riode est marquĂ© par le problĂšme du renouvellement des troupes en raison de l’éloignement des bases et des rĂ©ticences de l’État-Major Ă  envoyer des renforts. Patrick Facon affirme que cette armĂ©e a souffert de façon endĂ©mique du manque de soldats » et que les dĂ©ficits ne cessent de se dĂ©velopper et de prĂ©occuper le commandement2 ». 3 Bernadotte, 1921a, p. 186. 4 Burnet in Ancel, 1921, p. 153. Il est restĂ© 27 mois en Orient. 6Dans la guerre de mouvement, les officiers voient fondre le nombre de leurs hommes ; le 2 septembre 1916, le lieutenant Bernadotte apprend que son rĂ©giment subit une opĂ©ration de dissection » qui consiste Ă  supprimer une compagnie par bataillon, chacun comprendra dĂ©sormais trois compagnies au lieu de quatre3. Dans le secteur de la Cerna, en 1918, les effectifs sont tels que les bataillons restent 27 jours en ligne pour 9 jours au repos, et que certains rĂ©giments sont restĂ©s sans relĂšve pendant 110 jours4. Louis‑Gaston Giguel, sapeur, est nommĂ© caporal en septembre 1916, son escouade comprend six poilus c’est peu, Ă©crit‑il, mais c’est l’escouade la plus forte de ma section. Les autres ne comptent que trois ou quatre hommes ». AndrĂ© Ducasse parle, quant Ă  lui, de rĂ©giments squelettiques ». 7En plus des blessures, les ravages du paludisme imposent de nombreux rapatriements. Quand on dĂ©cide, en 1917, de relever les soldats aprĂšs 18 mois en Orient, 45 000 soldats ont dĂ©jĂ  passĂ© les 18 mois indiquĂ©s, 9 000 ont besoin d’ĂȘtre rapatriĂ©s avant la saison des Ă©pidĂ©mies ; et, comme l’armĂ©e hĂ©site Ă  envoyer de jeunes recrues avant la fin de la saison des fiĂšvres, finalement les 18 mois ne seront pas appliquĂ©s. Le projet Pottevin du nom du dĂ©putĂ© qui l’a proposĂ© prĂ©voit d’envoyer en Orient un maximum de soldats indigĂšnes, malgrĂ© les problĂšmes que leur posent le froid et le gel hivernal ; on dĂ©nombre ainsi, en septembre 1918, 23 bataillons de tirailleurs sĂ©nĂ©galais, 4 bataillons d’Indochinois, 3 bataillons de Malgaches, sans compter les spahis marocains et les chasseurs d’Afrique, soit environ 1/5e du contingent français. L’armĂ©e d’Orient fonctionne en permanence en sous‑effectif, et en utilisant des malades qui restent en poste. 8Le caractĂšre original de ce front reste le fait que les troupes sont implantĂ©es en MacĂ©doine grecque depuis 1913, sur des territoires peu contrĂŽlĂ©s et contrĂŽlables, oĂč l’adhĂ©sion des autochtones Ă  leur cause n’est pas acquise, compte tenu des divergences qui opposent les Grecs entre eux, et de la prĂ©sence de partisans de la cause bulgare parmi la population locale, en particulier dans l’ouest de la rĂ©gion. Ces soldats ont Ă©tĂ© envoyĂ©s sauver les Grecs » des Bulgares et constatent que les Bulgares n’avancent plus, que les Grecs » ne les attendaient pas et que, d’ailleurs, en MacĂ©doine, surtout en milieu rural, ils ne sont pas majoritaires. De quoi les dĂ©stabiliser
 9L’étude de cette pĂ©riode et de la perception qu’en ont eue les combattants français peut se diviser en trois ensembles, le premier concerne la guerre elle‑mĂȘme, le second, la vie quotidienne des combattants et un dernier ensemble est consacrĂ© au cas particulier de la ville de Salonique. La guerre de position organisation militaire de l’espace macĂ©donien 10Hormis les deux couloirs que sont la vallĂ©e du Vardar et la PĂ©lagonie Ă  l’ouest, le front est situĂ© Ă  cheval sur de hautes montagnes comparables aux PyrĂ©nĂ©es. À partir de dĂ©cembre 1915, Ă  la suite de la retraite de Serbie et de l’arrĂȘt de la poursuite bulgare, l’armĂ©e d’Orient prend progressivement la maĂźtrise d’un territoire qui varie peu jusqu’à la grande offensive du 15 septembre 1918. Il se prĂ©sente comme un vaste rectangle de 300 km de long, et de 100 km de large environ, le front correspondant Ă  la longueur du cĂŽtĂ© nord. Salonique se trouve au niveau de la longueur au sud, mais dĂ©calĂ©e vers l’est, ce qui rend plus lointains, vus de la ville, les espaces situĂ©s au nord‑ouest. 11Quatre aurĂ©oles aux fonctions diffĂ©rentes peuvent ĂȘtre repĂ©rĂ©es, se dĂ©veloppant Ă  partir du port de Salonique, point de dĂ©barquement des troupes. La premiĂšre correspond Ă  l’espace urbain salonicien et Ă  ses extensions traitĂ©e avec l’étude de la ville. La seconde aurĂ©ole correspond au territoire organisĂ© Ă  l’intĂ©rieur du camp retranchĂ© dont les travaux de dĂ©fense sont entrepris entre dĂ©cembre 1915 et le printemps 1916. La troisiĂšme aurĂ©ole est une zone dans laquelle on trouve au milieu d’espaces dĂ©sertĂ©s, de petites villes‑relais, situĂ©es sur les axes, oĂč s’établissent des structures d’accueil pour les soldats, les blessĂ©s et le ravitaillement. C’est militairement une zone de passage avec des lieux d’étapes et de repos et de nombreux hĂŽpitaux, VĂ©ria, Florina, Karasouli aujourd’hui Polykastro. Elle est constituĂ©e par un ensemble de camps de base Ă  partir desquels les soldats rejoignent le front. Comme dans les campagnes coloniales, les soldats font la guerre, se dĂ©placent, effectuent des dĂ©placements sur des territoires dĂ©pourvus d’équipements Ă©lĂ©mentaires, sans faire confiance aux autochtones, une guerre bien diffĂ©rente de celle du front occidental. Enfin, la quatriĂšme aurĂ©ole est celle du front et de son arriĂšre immĂ©diat qui s’est fixĂ© sur des zones frontaliĂšres, pour la plupart des cas, en montagne. Un espace structurĂ© par les voies de communication » 5 Villebonne, 1919, p. 68. 12Cet espace est structurĂ© par les deux lignes de chemin de fer Ă  voie unique, au dĂ©part de Salonique, l’une le long du Vardar, l’autre rejoignant Monastir. Ce train paraĂźt peu confortable et bien dĂ©suet aux soldats avec de petits wagons Ă  trois portiĂšres comme nous en avions il y a quarante ans5 » 6 Lacoste, 1923, p. 50. Nous nous installons dans la seule voiture de voyageurs que comporte le train. Les carreaux sont brisĂ©s, les coussins couverts de souillures. Les filets pendent avec leurs appliques dĂ©vissĂ©es, la lampe clignote dans son ampoule renversĂ©e et pleine d’huile qui suinte. Les portiĂšres ferment mal6
 13Et surtout, le tracĂ© de la voie vers Monastir prĂ©sente des dĂ©nivellations impressionnantes qui offrent des sensations fortes en descente quand le train semble comme emballĂ© » 7 Cordier in Facon, 1977, p. 32. InstallĂ©s [
] dans un train comme on n’en voit qu’ici, nous dĂ©valons Ă  une allure de toboggan. Pas de tunnels ; la voie Ă  travers des croupes fait d’énormes entailles. De temps en temps, une Ă©chappĂ©e sur les cascades de la Voda, dĂ©versoir du lac d’Ostrovo [aujourd’hui Arnissa] ; d’inquiĂ©tants ponts de fer aux piliers grĂȘles7
 14Peu de soldats, Ă  part les officiers en mission, ont l’occasion de bĂ©nĂ©ficier de ce service pour leurs dĂ©placements, car, en raison de l’encombrement de la voie, la prioritĂ© est donnĂ©e aux blessĂ©s et au matĂ©riel lourd. L’essentiel des dĂ©placements des troupes se fait donc Ă  pied. En effet, la plupart des routes ne sont pas carrossables, ce sont des routes de terre, boueuses, enneigĂ©es, poussiĂ©reuses selon les saisons, et dĂ©gradĂ©es par les guerres balkaniques. Les premiers vĂ©hicules dĂ©barquĂ©s Ă  Salonique ne purent sortir de la ville. Pierre Maridort, arrivĂ© en novembre 1915, raconte son premier voyage en voiture du camp de Zeitenlik vers la ville, soit une vingtaine de kilomĂštres seulement en plaine 8 Maridort, 1918, p. 16. Il Ă©tait mĂ©decin Ă  la 122e DI. La route a quelques plaies profondes, si bien que mon voisin, lancĂ© de notre banc, le casse en y retombant, malgrĂ© l’épaisseur du bois ; c’est un petit accident qui n’émeut pas le soldat, habituĂ© Ă  parcourir les ravins en araba, petite voiture sans ressorts, et sans appuis. Je me demande comment je n’ai pas Ă©tĂ© prĂ©cipitĂ© de mon siĂšge, lors de quelque dĂ©placement analogue8. 9 Ducasse, 1964, p. 161. Fantassin au 227e RI. 15La prĂ©sence de reliefs sĂ©parĂ©s par des dĂ©pressions marĂ©cageuses compromet les dĂ©placements, la ligne droite dans les Balkans est rarement la plus courte ; d’ailleurs, elle n’est jamais droite et c’est un chemin coupĂ© de fondriĂšres, dans un dĂ©sert de bosses et de cailloux, parfois de marĂ©cages9 ». Les trois quarts du parcours de Salonique Ă  Kozani se font dans une plaine marĂ©cageuse, impraticable en hiver d’aprĂšs Jacques Ancel ; Ă  l’arrivĂ©e des alliĂ©s, la route de Monastir n’est qu’une piste impraticable aux automobiles et souvent coupĂ©e par les boues. 16Le matĂ©riel apportĂ© de France est en pratique totalement inadaptĂ© Ă  ces conditions. De gros efforts sont faits au printemps 1916 presque toutes les voitures ont cĂ©dĂ© la place Ă  des arabas Ă  deux roues et deux chevaux ou des mulets ; mais la charge utile d’une araba est de 400 kg au maximum et celle d’un mulet de 100 kg, aussi une division traĂźne avec elle une caravane imposante, pas moins de 3 000 chevaux, plus de 3 000 mulets de bĂąt, prĂšs de 600 voitures, soit, en tenant compte d’un intervalle minimum entre les animaux et les voitures ou deux voitures, une file qui s’allonge sur plus de trois kilomĂštres. 17La majoritĂ© des dĂ©placements s’effectue donc Ă  pied, mĂȘme au dĂ©part de Salonique, ce qui signifie des centaines de kilomĂštres sous un poids d’une trentaine de kilos, et Ă  l’arrivĂ©e, pas le temps de se reposer ! Lucien Cadoux doit se prĂ©senter Ă  Monastir, il sort de l’hĂŽpital aprĂšs une grave crise de paludisme et s’y rend Ă  pied, et Ă  l’arrivĂ©e, au bout de 180 kilomĂštres 10 Cadoux, 1959, p. 205. L’invraisemblable se produisit. DĂ©jĂ  les agents de liaison de chaque compagnie arrivaient pour prendre livraison, si l’on peut dire, de leur contingent de renfort. En quelques minutes, tous ces compagnons de marche qui avaient peinĂ©, souffert ensemble [
] Ă©taient divisĂ©s en petits groupes et dispersĂ©s, sans avoir eu le temps de se dire au revoir, sans le moindre repos. Tout cela laissait dans les cƓurs une impression de brimade10. 18De nombreux tĂ©moins dĂ©crivent ces marches Ă©puisantes 160 km, dont la moitiĂ© en forte pente entre le lac Prespa et Florina en 5 jours Lucien Lamoureux, dix Ă©tapes de 10 kilomĂštres, du 3 au 15 janvier 1917, pour surveiller la frontiĂšre entre les deux GrĂšce » acculĂ©es Ă  la guerre civile Lucien Lamoureux, une marche de Salonique Ă  AthĂšnes par Ă©tapes de 50 kilomĂštres en juillet 1917 M. Santini, le trajet Salonique‑Goriza aujourd’hui Korça en Albanie en 19 jours en janvier 1917 Marcel Brochard dans la neige et la glace, sans ravitaillement sinon les conserves qu’ils portent. Le 27 juillet 1917, un trajet de 20 kilomĂštres Ă  vol d’oiseau demande 18 heures d’une marche harassante en raison du relief
 11 Ibid., p. 202. 19Beaucoup d’hommes ne sont pas dans une condition physique assez bonne pour assurer ces marches, ceux qui arrivent des Dardanelles oĂč ils avaient piĂ©tinĂ© de longs mois peinent Ă  brutalement effectuer un long trajet, et le paludisme affaiblit la grande majoritĂ© d’entre eux. Certains s’évanouissent au soleil d’étĂ©, donc, on marche de nuit, mais beaucoup dorment en marchant. Au bout de quelques jours, on ne ressent plus rien, Ă©crit Lucien Cadoux, car le corps est brisĂ©, il est adaptĂ©, rien ne le heurte plus
 il est rĂ©signĂ©. On peut alors lui demander de marcher pendant des semaines
 il marche comme il respire11 ». 20Les soldats ont du mal Ă  Ă©valuer les distances Ă  vue, en raison de l’absence totale de repĂšres, et ils dĂ©couvrent que les bornes » ne sont pas kilomĂ©triques 12 Ibid., p. 166. On avait beau regarder sa montre, puis les bornes, puis, mieux encore, consulter ses jambes, le compte n’y Ă©tait pas. On sait bien ce qu’un fantassin abat de kilomĂštres Ă  l’heure. On ne peut pas s’y tromper c’est tant d’une pause Ă  l’autre, et c’est tant par Ă©tape. Eh bien, sur la route de Salonique Ă  SerrĂšs, ce n’était pas cela. Le temps y Ă©tait bien, mais les kilomĂštres n’y Ă©taient pas. À la fin de l’étape, on avait fait 22 bornes. Il n’y avait pas de doute, les chiffres Ă©taient marquĂ©s, mais en rĂ©alitĂ© on avait fait au moins 26 kilomĂštres. Tout le monde en tombait d’accord [
] Tant et si bien que cela passa en dicton dans le rĂ©giment faux comme un kilomĂštre grec »  C’est tard que j’appris que [
] ces kilomĂštres Ă©taient des stades comme en tĂ©moignaient les lettres inscrites sur les bornes, et que le stade grec mesure douze cents mĂštres12
 21Trop Ă©puisĂ©s par le poids de leur barda, certains abandonnent en route des objets qu’ils avaient pris dans les villages et qu’ils jugent finalement inutiles ; d’autres les ramassent et tentent de les Ă©changer pour de la nourriture
 La traversĂ©e des villages est l’occasion de consignes strictes 13 Santini-Allaman, s. d. Attention ! Voici un village. Sans attendre d’ordres, on rectifie sa tenue, on se boutonne, l’arme sur l’épaule droite ! Pas cadencĂ©. Marche ! Tous se redressent, les talons frappent le sol en cadence, Ă©nergiquement. On n’est pas lĂ  en touristes ! On est prĂȘts Ă  tout. Sachez‑le bien ! Elle sait bien la section, elle sait bien pourquoi elle est lĂ  ! Elle sait que c’est peut‑ĂȘtre son attitude qui va Ă©pargner le coup de poignard » dans le dos aux petits copains qui se battent là‑haut, dans les montagnes serbes ; le village passĂ©, le rythme reprend13. 14 Cadoux, 1959, p. 213. 15 Santini-Allaman, s. d. L’article citĂ© ici s’appelle Les longues marches. 22Au cours de ces marches en effet, les soldats traversent des bourgades oĂč ils ne s’arrĂȘtent pas, pour rĂ©duire la propagation du paludisme et des maladies infectieuses, comme si, presque tous malades, ils Ă©taient ainsi rejetĂ©s par le pays mĂȘme qu’ils Ă©taient venus dĂ©fendre14. Ils sont donc contraints d’établir un campement Ă  l’écart des lieux habitĂ©s, de ne manger que des conserves et ils ont bien du mal Ă  trouver du combustible. De plus, dans certains secteurs, les populations, bulgarophiles ou favorables au roi Constantin, leur sont hostiles ; le lieutenant Santini, qui fait partie du 40e RI, envoyĂ© Ă  pied vers le PĂ©loponnĂšse en mai‑juin 1917 lors de la destitution du roi, Ă©crit que chaque soir, en installant le bivouac, les hommes Ă©rigent des murettes en mottes de terre pour se protĂ©ger contre les coups de fusil intempestifs », en plus des rigoles pour canaliser les eaux de pluie15. À partir de 1917, les conditions de cantonnement s’amĂ©liorent, car des gĂźtes d’étape sont créés le long des voies, et des hangars sont montĂ©s dans les lieux les plus frĂ©quentĂ©s, mĂȘme si l’hygiĂšne, le chauffage ou les boissons chaudes manquent encore. Le camp retranchĂ© de Salonique 23À cĂŽtĂ© de cette aurĂ©ole occupĂ©e » essentiellement par des points d’appui et quelques postes, dans une zone peu habitĂ©e, les autres espaces s’organisent Ă©galement. Afin de protĂ©ger Salonique contre un Ă©ventuel siĂšge par les troupes bulgares, les autoritĂ©s militaires alliĂ©es mettent en place une organisation dĂ©fensive en s’appuyant sur des hauteurs situĂ©es Ă  environ trente kilomĂštres de la ville. C’est le camp retranchĂ© » ou birdcage » selon les Britanniques, qui mesure environ 115 kilomĂštres du golfe d’Orfano Ă  l’est, jusqu’aux marais du Kara‑Asmak, un affluent du bas Vardar Ă  l’ouest. Une sĂ©rie de lacs allongĂ©s et sĂ©parĂ©s par des passes facilement contrĂŽlables constituent prĂšs de la moitiĂ© de la ligne, l’autre moitiĂ© est partagĂ©e entre Anglais 20 Ă  25 km et les Français une quarantaine de kilomĂštres. L’ensemble ne forme pas une ligne continue de tranchĂ©es, seuls les points stratĂ©giques, des buttes, forment des centres de rĂ©sistance et de contrĂŽle et sont armĂ©s. 16 Saison, 1918, p. 236-237. Il Ă©tait artilleur Ă  la 57e DI. 17 Descriptions dĂ©taillĂ©es dans Jean Saison et Ernest Stocanne qui a laissĂ© Ă©galement des photographie ... 24L’amĂ©nagement du camp retranchĂ© demande des travaux colossaux qui sont effectuĂ©s par les soldats Ă  partir de la mi‑dĂ©cembre 1915, c’est‑à‑dire aprĂšs une premiĂšre retraite, dans le froid, la boue, sous la pluie, et sans qu’aucun des Ă©lĂ©ments matĂ©riels destinĂ©s Ă  amĂ©liorer leur vie ne soit encore arrivĂ©. Chaque centre de rĂ©sistance est sous la responsabilitĂ© d’un officier dont il porte le nom, et qui cumule les tĂąches de construction, d’organisation et de dĂ©fense. Chacun est constituĂ© par des groupes de tranchĂ©es espacĂ©es en profondeur et orientĂ©es sur des directions Ă  battre. Ils renferment des abris pour la garnison, creusĂ©s en galeries de mines, un poste de commandement souterrain avec chambre de repos et poste tĂ©lĂ©phonique16 ». Selon le terrain, sa nature, la nature des roches, l’emplacement, chacun a un caractĂšre spĂ©cifique ; dans certains cas, pour amĂ©liorer la vue, il faut Ă©lever des parapets en utilisant des blocs de marne crayeuse, et, pour Ă©viter les repĂ©rages aĂ©riens de l’ennemi, dissimuler ces parapets sous des branchages et des herbes sĂšches17. Les artilleurs camouflent leurs piĂšces sous des claies, du treillage de fil de fer qui permet de mettre de l’herbe et un important rĂ©seau de barbelĂ©s protĂšge les premiĂšres lignes. 25Sur les contre‑pentes, les hommes creusent des abris 18 Stocanne, 2005, janvier-fĂ©vrier 1916. Je fais creuser par mes servants, Ă  flanc de coteau, un rectangle de six mĂštres sur 2,5 m que nous recouvrons d’une bonne toiture de tĂŽle ondulĂ©e et que nous fermons sur le flanc avec des toiles de tente. À l’intĂ©rieur, nous installons une planche Ă  paquetage nous amĂ©nageons un four avec cheminĂ©e percĂ©e dans la terre, dont le tirage nous permet de faire du feu pour rĂ©chauffer l’air et en sĂ©cher l’humiditĂ©. Nous installions un rĂątelier pour y placer les armes et dĂ©gageons aussi des cavitĂ©s oĂč nous mettons des Ă©tagĂšres. Nous logeons là‑dedans mes six servants et moi18. 26Au fil des mois, des amĂ©liorations sont apportĂ©es, les officiers reçoivent tous un lit de camp et un paletot de cuir, tandis que les hommes de troupe dorment sur le sol, puis se fabriquent des lits avec ce qu’ils peuvent trouver ; selon les endroits, l’eau est plus ou moins accessible, certains sont juste au‑dessus d’un ruisseau, d’autres doivent faire deux kilomĂštres pour en trouver. Figure 3 Le camp retranchĂ© de Salonique © Colonel F. Feyler, 1920, La campagne de MacĂ©doine 1916-1917, GenĂšve, Éditions d’art, Boissonnas, APA 27Ces travaux sont effectuĂ©s en quelques semaines, mais ces efforts n’ont finalement servi Ă  rien, puisque les Bulgares se sont arrĂȘtĂ©s d’eux‑mĂȘmes dans la zone frontaliĂšre, ce qui, une fois de plus, laisse un souvenir amer chez les soldats. 19 Bernadotte, 1931, p. 5. Pendant quatre mois, sous la pluie et la neige, nous avons jonglĂ© avec la pelle et la pioche pour Ă©riger ce camp retranchĂ© » qui restera cĂ©lĂšbre dans les Annales de l’ArmĂ©e d’Orient comme l’expression mĂȘme du maximum d’efforts dans le minimum de temps ». Pendant ces quatre mois, nous avons attendu l’offensive en nous enfermant un peu plus chaque jour dans nos ouvrages de fortifications de campagne et rien de suspect, n’a bougĂ©19. 28PlacĂ©s Ă  environ 25 kilomĂštres de Salonique, les hommes qui gardent le camp retranchĂ©, hormis les officiers, n’ont ni le droit ni la possibilitĂ© de se rendre Ă  la ville dont ils voient les lumiĂšres la nuit au loin. Progressivement, certains secteurs du camp sont abandonnĂ©s et une partie des soldats est envoyĂ©e au sud‑est de Salonique vers le centre de la Chalcidique, pour protĂ©ger la ville par le sud et prĂ©parer l’accueil de l’armĂ©e serbe regroupĂ©e Ă  Corfou. Ils construisent alors une route stratĂ©gique destinĂ©e Ă  desservir les hauteurs et les villages de Galatista et Livadi. Mais
 le camp retranchĂ© de Salonique, finalement, ne sera jamais attaqué  La tenue d’un front de montagne 29Les Bulgares s’étant arrĂȘtĂ©s Ă  la frontiĂšre grecque lors de la retraite alliĂ©e de Serbie, le front se stabilise dans une zone de hautes montagnes et commence alors une guerre trĂšs mal connue en France. 20 Burnet, 1921, p. 10. Un officier lui montre de loin la zone du front. Burnet Ă©tait officier. Là‑bas, c’est le monde des armĂ©es. Tu connais ces insectes qui flottent dans l’air au bout d’une soie qu’ils ont filĂ©e ? Ainsi sont suspendues nos armĂ©es au bout de ces quelques routes et chemins de fer qui leur portent leur subsistance. Malheur si ce fil venait Ă  se rompre. LĂ , on se bat, on souffre, on meurt20. 30La vie sur ce front est trĂšs diffĂ©rente de la vie sur le front français le combattant souffre moins des effets directs de la guerre. Les deux adversaires, Ă©loignĂ©s de leur base, isolĂ©s de tout, sans accĂšs facile, ont des moyens rĂ©duits en hommes et en armes ; les premiĂšres lignes ne sont pas des tranchĂ©es continues, des points forts sont organisĂ©s et se flanquent mutuellement. Mais, le simple fait de survivre, isolĂ© et mal ravitaillĂ© sur un piton, ne permet pas de maintenir des effectifs importants et sape le moral 21 GuĂ©nard, 1919, p. I et II. LaissĂ©s en rideau sur la frontiĂšre, Ă  cinquante ou cent kilomĂštres en avant de l’armĂ©e, dispersĂ©s par infimes unitĂ©s sur des Ă©tendues palustres ou dans des postes de montagne, nous savions ne devoir compter que sur nous. Et c’étaient d’immenses territoires qui se trouvaient confiĂ©s Ă  notre garde. Dans l’inexorable solitude qui se refermait sur nos pelotons, nous restions isolĂ©s du monde des vivants. Sept ou huit mois durant, nos bivouacs furent des bivouacs d’alerte oĂč l’on s’attendait de jour et de nuit Ă  voir surgir l’ennemi en force. Sept ou huit mois durant, nous couchĂąmes vĂȘtus et bottĂ©s, prĂȘts Ă  sauter en selle21. 31Le matĂ©riel est insuffisant, Marcel Brochard note qu’en six mois, il n’a tirĂ© en moyenne que deux Ă  trois obus par jour, les munitions sont maigres 22 Lacoste, 1923, p. 163-164. Il ne peut plus ĂȘtre question ici de caissons ni de camions. Sur le faĂźte de cette montagne, les obus ne seront portĂ©s qu’à dos de mulet ou de cheval. On les met par dix, liĂ©s dans deux sacs, qui en contiennent chacun cinq. On accouple avec une corde les deux sacs, et on les laisse pendre des deux cĂŽtĂ©s de l’animal. Il faut qu’il y ait une selle, sans quoi la bĂȘte pourrait ĂȘtre blessĂ©e par le dur frottement de 30 kg de mĂ©tal sur ses flancs. L’évacuation des douilles vides s’effectue de la mĂȘme façon. Seulement on en met alors dix par sac. Pour alimenter d’un jour de feu le groupe des trois batteries, c’est‑à‑dire de 3 600 coups, 1 200 par batterie, 300 coups par piĂšce, il faut 360 voyages de chevaux ! Imaginez l’extraordinaire circulation nocturne que cela nĂ©cessite Ă  travers d’étroits chemins en lacets et le long de prĂ©cipices qui sont de vrais abĂźmes. Par suite de la difficultĂ© et de la longueur du parcours, chaque conducteur a deux chevaux l’un sur lequel monte le convoyeur, l’autre qui porte les obus22. 32Les commentaires des soldats qui ont souvent changĂ© de secteur distinguent le front de montagne et le front de plaine ou de piĂ©mont oĂč les conditions de vie sont un peu moins dures. Mais, dans les deux cas, les soldats sont engagĂ©s dans des opĂ©rations locales sans intĂ©rĂȘt militaire, destinĂ©es Ă  maintenir l’esprit offensif au sein des troupes. Ces actions sont pĂ©rilleuses, ne serait‑ce que par la mĂ©diocritĂ© des moyens mis en Ɠuvre, et certains dĂ©plorent l’inutilitĂ© coĂ»teuse de certains coups de main, ainsi Georges de Lacoste 23 Lacoste, 1923, p. 137. Il est alors au nord de Monastir. Le 3 septembre [1917], on prĂ©para et on ordonna un coup de main, de l’avis de tous parfaitement inutile, puisqu’on Ă©tait revenu sur ses positions de dĂ©part. C’était Ă  quatre heures du matin. Il y avait 400 mĂštres Ă  franchir. On rĂ©ussit, on fait 25 prisonniers, on rapporte une mitrailleuse ennemie. Mais l’ordre est de revenir. Il y a une contre‑attaque Ă  7 h du soir, elle est repoussĂ©e. À 23 h, tout est fini. Pertes chez nous cent hors de combat. Vies brisĂ©es, familles en deuil23
 33Certains chefs renoncent parfois Ă  exĂ©cuter quelques‑unes de ces opĂ©rations qui ne sont que de modestes coups de main. Lucien Cadoux annule une opĂ©ration Ă  la mi‑dĂ©cembre 1916, dans la vallĂ©e de la Cerna, alors que son groupe se trouve Ă  150 mĂštres des Bulgares, protĂ©gĂ©s par un rĂ©seau dense de barbelĂ©s 24 Cadoux, 1959, p. 207-208. Peu Ă  peu commença la prĂ©paration d’artillerie ; quelques obus de‑ci de‑lĂ . Nous nous disions tout Ă  l’heure, ils vont enfin tirer sĂ©rieusement et accabler de projectiles le rĂ©seau de barbelĂ©s, car il faut avant tout qu’ils nous ouvrent un passage. Or, le temps passait, et le bombardement n’augmentait pas d’intensitĂ©. Plus qu’une demi‑heure, plus que vingt minutes, et l’artillerie continuait de s’amuser Ă  lancer de temps en temps un obus
 et, devant nous, un rĂ©seau de barbelĂ©s intact et serrĂ©. Et pour atteindre ce rĂ©seau, 150 mĂštres de glacis plat, sans le moindre repli de terrain pour manƓuvrer. Alors nous avons compris nous Ă©tions dĂ©libĂ©rĂ©ment sacrifiĂ©s
 personne ne disait mot dans la tranchĂ©e
 Plus que cinq minutes
 on mourra, avec son fusil inutile dans les mains
 la nouvelle circule le long de la tranchĂ©e on n’attaque pas
 Notre colonel avait refusĂ© d’envoyer ses hommes Ă  une mort inutile et certaine24. 34Le relief cloisonne l’occupation des lignes et empĂȘche toute mobilitĂ© transversale, il empĂȘche Ă©galement l’approche de l’artillerie, donnant aux affrontements un caractĂšre de guĂ©rilla qui use les hommes sans aucun profit militaire. La guerre de mouvement en MacĂ©doine 35Nous nous contenterons ici d’évoquer les deux actions les plus dĂ©crites par les tĂ©moins que sont la campagne de Serbie – octobre-dĂ©cembre 1915 – et la contre‑offensive repoussant Ă  l’automne 1916 les Bulgares qui s’étaient avancĂ©s jusqu’au lac d’Ostrovo. La grande offensive du 15 septembre 1918 ne figure pas ici, faute de tĂ©moignages directs. La campagne de Serbie, octobre‑dĂ©cembre 1915 36Les soldats qui arrivent des Dardanelles sont pleins d’espoir, ils vont enfin agir 25 Ibid., p. 155. Ici, la terre est libre avec ses plaines, ses vallĂ©es et ses montagnes ; on aura de la place pour manƓuvrer ; on ne se fera pas coincer dans un boyau, dans un couloir, comme Ă  Gallipoli. Et cette impression d’espace [
] est bonne et tonique pour des soldats [
] Enfin nous allions faire quelque chose25. 37Mais la campagne de Serbie n’est qu’un infructueux aller‑retour jusqu’au confluent de la riviĂšre Cerna et du fleuve Vardar. Elle s’accompagne de rudes combats en zone montagneuse face Ă  des Bulgares dĂ©cidĂ©s et plus habiles sur le terrain, oĂč de nombreux soldats trouvĂšrent la mort. Cette campagne militaire impressionne profondĂ©ment les hommes et suscite le plus grand nombre de tĂ©moignages chez les soldats français. 38Nous en avons retenu trois, particuliĂšrement documentĂ©s, venant de combattants ayant appartenu aux trois divisions françaises engagĂ©es dans ces opĂ©rations dans des secteurs diffĂ©rents. La 122e et la 57e DI, considĂ©rĂ©es comme des divisions fraĂźches arrivĂ©es de France sont engagĂ©es le plus en profondeur vers le nord, au niveau du confluent de la Cerna, la premiĂšre sur la rive droite, la seconde sur la rive gauche, dans le but d’entrer en contact avec les Serbes en repli ; ces engagements sont dĂ©crits ici par Julien ArĂšne et Henri Libermann. La 3e division, arrivĂ©e des Dardanelles, a pour rĂŽle de contenir les assauts bulgares au kilomĂštre dit 103 » qui correspond Ă  la gare de Stroumitza ; cette zone, qui devait ĂȘtre particuliĂšrement protĂ©gĂ©e en raison de la proximitĂ© de la frontiĂšre bulgare, est dĂ©crite par le lieutenant de Bernadotte et Ernest Stocanne qui appartient au 156e RI. ComposĂ©e en partie d’hommes Ă©puisĂ©s, elle se voit confier le rĂŽle de couverture en bordure du saillant que dessine la frontiĂšre et qui gĂȘne le contrĂŽle de la voie de chemin de fer, colonne vertĂ©brale du dispositif alliĂ©. L’opĂ©ration de jonction avec les Serbes Ă©choua, imposant le repli des troupes françaises le long de cet axe, devant la poussĂ©e bulgare. 39Trois thĂšmes principaux apparaissent Ă  travers ces rĂ©cits qui correspondent Ă  trois phases recensĂ©es dans les mĂ©moires. Ils Ă©voquent en premier lieu les conditions difficiles de la progression dans ces zones montagneuses et leur solitude ; en second lieu, les hommes racontent leur expĂ©rience de la guerre contre les Bulgares, et les combats impressionnants qui les ont opposĂ©s Ă  ces derniers ; enfin, tous ont le souvenir d’une pĂ©nible, amĂšre et angoissante retraite qui les a reconduits sur le sol grec. 40Julien ArĂšne arrive par chemin de fer et descend Ă  la gare de Krivolak, sur la rive droite du Vardar ; sa division se trouvant sur la rive gauche, et le pont ayant Ă©tĂ© dĂ©truit dans les guerres balkaniques, il lui faut d’abord emprunter l’un des deux radeaux qui effectuent la traversĂ©e toute la journĂ©e et prennent Ă  chaque passage 25 soldats. Le lendemain, son unitĂ©, Ă  la nuit, part vers le village de Hodzali 26 ArĂšne, 1916, p. 79. C’est un pays propre Ă  toutes les embuscades, un vĂ©ritable coupe‑gorge, un paradis pour les brigands, les sentinelles ouvrent l’Ɠil parce qu’on n’est pas encore habituĂ©s Ă  cette guerre‑lĂ 26. 27 Libermann, 1917. Il raconte la campagne du lieutenant Mazurier, Ă  la 122e DI, 58e bataillon de chas ... 41Six jours plus tard, il part relever le rĂ©giment qui se bat depuis 10 jours, il restera au front du 6 novembre au 3 dĂ©cembre. Henri Libermann prĂ©cise que les hommes sont obligĂ©s de faire des petits tas de pierres et de broussailles pour baliser leurs itinĂ©raires et ne pas se perdre27. Ils sont couverts de vermine et n’ont pu se laver pendant tout leur sĂ©jour au front, car seul, un peu d’eau boueuse dans les bas‑fonds est disponible. Puis le froid vient compliquer la situation, des tempĂ©ratures de 22 ° au‑dessous de zĂ©ro, du vent, de la neige
 28 Saison, 1918, p. 121 Ă  123. Il rapporte le rĂ©cit du docteur Ligouzat. Le vent rend le froid intolĂ©rable ; il fait tourbillonner la neige qui comble les tranchĂ©es et les boyaux, et pĂ©nĂštre jusque dans les abris ; en travaillant nuit et jour, on n’arrive pas Ă  les dĂ©blayer [
] La neige [
] rend toute observation impossible. Les cils sont perlĂ©s de glaçons, la capote devient en quelques minutes une chape hĂ©rissĂ©e d’aiguilles de glace. Des hommes vigoureux pleurent dans la tranchĂ©e Ă  la fois de douleur et de rage de se sentir Ă  bout. Les jeunes gens arrivĂ©s avec les derniers renforts sont les plus atteints. Sous la tempĂȘte de neige, quelques‑uns erraient comme des fous. Un [
] se plaint mes parents sont Ă  Lille, qu’est‑ce que je viens faire ici ? » Les anciens du rĂ©giment, des rĂ©servistes de trente Ă  quarante ans, mariĂ©s pour la plupart, les rĂ©confortent et les aident paternellement Allons, gosse, donne‑moi ton fusil et va te rĂ©chauffer au brasero. Tu reviendras dans 20 minutes »28. 42La neige gĂȘne Ă©galement le ravitaillement, et les hommes restent quatre jours sans approvisionnement. Le 22 novembre, arrivent enfin des vĂȘtements chauds et de la nourriture. Les Français tiennent les positions jusqu’à l’offensive bulgare du 24 novembre ; de ce point Ă©levĂ©, ils suivent les opĂ©rations dans la vallĂ©e du Vardar et les tirs d’artillerie bulgare qui prennent pour cibles les trains alliĂ©s. Lorsque l’ordre de repli est donnĂ©, les batteries de montagne sont ramenĂ©es vers le bas, et les munitions portĂ©es sur des traĂźneaux vers les radeaux qui ne peuvent plus fonctionner, car le Vardar charrie des blocs de glace
 Ces conditions naturelles font comprendre facilement le dĂ©sarroi des soldats. 29 Villebonne, 1919, p. 111 ; ArĂšne, 1916, p. 73 Ă  75. 43Les combats sont pourtant impressionnants. Quand Julien ArĂšne parvient au village de Kara Hodzali, le point ultime de l’avancĂ©e des Français vers le nord, il constate que les tranchĂ©es sont entourĂ©es de monceaux d’ossements », creusĂ©es dans les crĂąnes, les tibias aussi nombreux que les pierres ». Henri Amour de Villebonne rapporte que dans ces combats, le 242e de la 57e DI a perdu le tiers de ses effectifs, les isolĂ©s du rĂ©giment qui ont pu s’échapper, racontent que l’ennemi a massacrĂ© tous les prisonniers faits dans l’action29 ». 44Sur la rive gauche, les combats ne sont pas moins sauvages pour la conquĂȘte de Cicevo‑le‑haut passage d’un torrent Ă  pied dans l’eau glacĂ©e de novembre, charge Ă  la baĂŻonnette ; finalement le 18 novembre, les Bulgares rompent la liaison entre les Français et les Serbes. Dans le secteur de Stroumitza, le rythme est comparable, l’avancĂ©e française se termine le 11 novembre, le 16 novembre, le repli commence dans une atmosphĂšre de panique ; les officiers donnent l’impression Ă  Ernest Stocanne de ne savoir que faire. Villebonne dĂ©crit ainsi le combat de la fosse de Cernitz, le 11 dĂ©cembre 30 Villebonne, 1919, p. 132-137. Au bas, dans le ravin sous les tirs croisĂ©s, des files entiĂšres de Bulgares culbutent, s’effondrent la tĂȘte la premiĂšre. Un chaos terrible grouille parmi le sang et la fumĂ©e dans cette fosse bĂ©ante. Sans arrĂȘt pourtant, il en sort toujours de ces foules acharnĂ©es. On dirait que la montagne les enfante Ă  mesure [
] Ils sautent dans le ravin par dix et quinze Ă  la fois [
] Et, peu Ă  peu, chose sinistre, un amoncellement de blessĂ©s, de morts, de rĂąlants, comble l’immense tombeau au‑dessus duquel foudroie l’implacable tir de nos lignes. Et maintenant, on ne distingue plus rien le val est nivelĂ©30. 45Patrick Facon montre que les troupes engagĂ©es dans cette campagne ont Ă©tĂ© surprises par cette nouvelle forme de guerre. Il s’appuie sur le nombre relativement important d’abandons de poste, de dĂ©sertions en prĂ©sence de l’ennemi ainsi que de dĂ©sertion Ă  l’étranger ; le nombre de condamnations rendues pour ces trois dĂ©lits s’élĂšve Ă  44 pour les mois d’octobre et de dĂ©cembre. 46La retraite qui suit l’échec de cette offensive impose aux hommes de marcher jour et nuit. Le relief, la prĂ©caritĂ© des routes, le dynamisme des poursuivants, les conditions mĂ©tĂ©orologiques et l’épuisement des hommes la transforment en vĂ©ritable martyre. 31 Facon, 1977, p. 267. Nous ne sommes ni plus ni moins qu’une ombre humaine. Beaucoup de camarades sont morts de fatigue pendant la retraite. Ceux qui nous ont envoyĂ©s en Orient doivent en avoir gros sur la conscience, car c’est une belle gaffe. L’on y est allĂ© un mois trop tard et encore. Nous avons supportĂ© 23 ° de froid au‑dessous de zĂ©ro. Je vous assure que cette campagne de Serbie a Ă©tĂ© un enfer pour tous31. 32 Libermann, 1917, p. 215-219. Sur la route comme dans les champs, partout des dĂ©bris d’armes, d’étoffe, des bĂąts de mulets, des sacs de cartouches et de vivres [
] La route est jonchĂ©e d’objets abandonnĂ©s sacs, armes, bĂąts, affĂ»ts, la plupart brisĂ©s ou endommagĂ©s. Des chevaux morts, les yeux dĂ©jĂ  vitreux, les pattes en l’air, le ventre Ă©norme bordent les fossĂ©s. D’autres se traĂźnent les reins brisĂ©s, les pattes cassĂ©es et, au milieu d’eux, des soldats couchĂ©s sur le dos ou sur le ventre, les poings crispĂ©s dans une derniĂšre convulsion. Quelques agonisants rĂąlent sans fin ou lĂšvent des mains gĂ©missantes, suppliant qu’on leur donne Ă  boire [
] et puis, un groupe de blessĂ©s, marchant tant bien que mal, la tĂȘte ou le bras enveloppĂ© d’un pansement sommaire, couverts de sang, trĂ©buchant de fatigue, hideux32. 33 Ibid., p. 222-223. Vers le pont, c’est une bousculade formidable, une cohue Ă©pouvantable, tout Ă  coup la rafale bulgare venant de Seskovo s’abat sur cette masse grouillante. Il y a un moment de panique
, des cris affolĂ©s montent jusqu’aux nues, et les batteries font rage, Ă©crasant les bivouacs, les rives, les groupes sous un dĂ©luge de projectiles. Le dĂ©sarroi devient inextricable. Des chevaux se cabrent, s’abattent, se redressent pour retomber encore ; des cavaliers galopent Ă  toute bride, sabrent les camarades pour fuir plus vite ; des camions, des voitures de toute sorte s’entrechoquent, se brisent, roulent dans les fossĂ©s ; des piĂ©tons courent dans toutes les directions33. Figure 4 Chaque passage de pont est un moment difficile le pont du Sarantaporos Ă  la frontiĂšre grĂ©co‑albanaise, un pont ottoman en dos d’ñne amĂ©nagĂ© » pour les voitures. © L’illustration, 3 fĂ©vrier 1917, no 3857, p. 103, APA 34 David, 1927, p. 126. David est le neveu du prĂ©sident Sadi Carnot, il Ă©tait attachĂ© aux services de ... 47Tous les tĂ©moignages concordent sur les conditions insupportables de la retraite. Le passage des gorges des Portes de fer est l’un des moments les plus impressionnants, la gorge, le fleuve qui gronde, deux ponts mĂ©talliques mal rĂ©parĂ©s aprĂšs les guerres balkaniques, des tunnels, un Ă©troit sentier le long des parois, des torrents Ă  passer Ă  la nage
 Les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont extrĂȘmement mauvaises au point que Robert David compare cette retraite Ă  celle de la Grande ArmĂ©e perdue dans les neiges de Russie, Villebonne fait Ă©galement la mĂȘme comparaison34. Peu Ă  peu, les soldats allĂšgent le paquetage en abandonnant du matĂ©riel sur le chemin, l’artillerie, faute de chevaux, doit, elle aussi, abandonner batteries et munitions. Les soldats reçoivent l’ordre de ramasser, quand ils le peuvent, tous les troupeaux qu’ils rencontrent et de les guider jusqu’à Demir Kapou pour ne rien laisser Ă  l’ennemi, et de brĂ»ler des villages. 48Les hommes qui franchissent la frontiĂšre aprĂšs Gevgueli sont une armĂ©e de dĂ©sespĂ©rĂ©s ; mais, malgrĂ© la fin du danger, les conditions de leur installation sur le sol grec sont si mauvaises qu’elles ne font pas pour autant cesser leur calvaire. Ils se trouvent dans une zone de marĂ©cages oĂč, pendant plusieurs jours, il pleut sans arrĂȘt ; hommes et bĂȘtes s’enlisent, les provisions disparaissent dans la boue qui s’infiltre dans les chaussures ; perdus dans les marĂ©cages, ils craignent aussi les rĂ©actions nĂ©gatives des Grecs de la rĂ©gion. 35 Villebonne, 1919, p. 146-147. Une dĂ©tresse infinie embrume l’ñme de ces malheureux errants qui depuis trois semaines fuient Ă  travers les cercles de l’enfer balkanique, pour Ă©chouer aprĂšs un dĂ©luge de feu et de mitraille dans l’ordure de ce marais croupissant. VĂ©ritablement on s’interroge anxieusement pour savoir si on pourra dĂ©marrer de ces vases35. 36 Olier & QuĂ©nec’hdu, 2016. Le recensement des hĂŽpitaux militaires installĂ©s pour des blessĂ©s de l’ar ... 37 Julia, 1936, p. 30 et 32. Julia Ă©tait mĂ©decin. 49Dans la mĂȘme pĂ©riode, les survivants de l’armĂ©e serbe sont embarquĂ©s entre Valona et Durazzo, sur des bateaux français ; 160 000 d’entre eux sont convoyĂ©s, une petite partie vers Bizerte, 131 000 vers Corfou36. L’üle apparaĂźt aux soldats français comme une villĂ©giature, une citadelle d’agrĂ©ment », qui a l’aspect féérique de Monaco37 », mais il y a une tragĂ©die derriĂšre cette façade ». Les soldats serbes dont la retraite fut pire encore que celle des Français sont mourants, frappĂ©s par la sous‑alimentation, la dysenterie, le typhus, le cholĂ©ra 38 Ibid., p. 33. On assiste Ă  un dĂ©filĂ© de fantĂŽmes [
] Couverts de loques sordides que perce leur carcasse, n’ayant parfois sur le corps qu’un caleçon de coton et une capote en lambeaux, les jambes emmaillotĂ©es de laniĂšres faites de dĂ©bris raboutĂ©s, les pieds protĂ©gĂ©s par des roseaux, des cuirs et des chiffons bourrĂ©s, ils offrent le spectacle du dĂ©nuement le plus ignominieux [
] ils sont vidĂ©s par la famine, ce ne sont plus des sacs de sang, mais des paniers qui laissent passer l’eau, et leur peau ne les habille point, comme celle des vieillards ; rĂ©tractĂ©e en un parchemin, elle s’use jusqu’à la transparence38. 50Le rapport du lieutenant‑colonel François fait savoir que quand les hommes dĂ©barquent sur l’üle de Vido, on les rĂ©partit en trois groupes 39 SHD, 7 N 2191. Ceux qui Ă©taient condamnĂ©s et qu’il n’y avait aucun espoir de sauver Ă©taient envoyĂ©s au lazaret pour y mourir ; les malades que l’on pensait pouvoir guĂ©rir demeuraient Ă  Vido dans l’attente d’un transport ultĂ©rieur sur Bizerte ; le reste Ă©tait envoyĂ© Ă  Corfou39. 51La reconstitution de cette armĂ©e, Ă  la fin du printemps, aboutit Ă  Ă©quiper 115 000 hommes qui, en mai 1916, sont acheminĂ©s Ă  Salonique. La contre‑offensive alliĂ©e d’Ostrovo Ă  Monastir, aoĂ»t‑novembre 1916 52Cette opĂ©ration voit les alliĂ©s français, serbes, russes reconquĂ©rir les terrains envahis par les Bulgares au mois d’aoĂ»t 1916. Elle s’est trouvĂ©e arrĂȘtĂ©e Ă  deux reprises, face Ă  des retranchements bulgares fortement organisĂ©s, au niveau de deux villages du bassin de Monastir, Petorak, Ă  l’Est de Florina, et KĂ©nali, Ă  Ă©gale distance de Florina et de Monastir. Dans les deux cas, on nous dĂ©crit des opĂ©rations violentes oĂč l’armĂ©e française, sans rĂ©elle protection, part l’arme au poing vers des villages bien dĂ©fendus et ainsi
 le 6 octobre 1916, Ă  KĂ©nali, 800 soldats de la 17e DIC furent tuĂ©s en 10 minutes Ă  12 h, le bilan de la journĂ©e est de 1500 morts français et 600 Russes
 pour un Ă©chec La 17e DI a Ă©tĂ© massacrĂ©e dans des attaques aussi stĂ©riles que sanglantes, insuffisamment prĂ©parĂ©es par l’artillerie et donnĂ©es sur des points les plus forts des lignes de KĂ©nali. Elle y a laissĂ© 100 officiers et 6 400 hommes. Ce qui reste est Ă©puisĂ© [
] rapporte le gĂ©nĂ©ral Cordonnier au gĂ©nĂ©ral Sarrail. 53Ces opĂ©rations concernaient la prise de Monastir et l’installation des Français. La premiĂšre entrĂ©e des Serbes dans la ville avait eu lieu le 19 novembre 1912. La citĂ© est ensuite occupĂ©e par les Bulgares du 4 dĂ©cembre 1915 au 19 novembre 1916. Quand les Français y pĂ©nĂštrent, ils trouvent une ville dont les ressources ont Ă©tĂ© Ă©puisĂ©es ou emportĂ©es par les Bulgares et ils n’ont plus l’élan nĂ©cessaire pour poursuivre au‑delĂ  de 5 kilomĂštres au nord, ce qui fait que Monastir reste, jusqu’en septembre 1918, la cible des artilleurs bulgares. Quand les alliĂ©s reprennent la contre‑offensive, il leur faut 4 mois pour repousser les Bulgares de 26 kilomĂštres, et les Bulgares en partant pratiquent, eux aussi, la politique de la terre brĂ»lĂ©e
 Les dĂ©buts de la grande offensive dĂ©cisive, 15‑30 septembre 1918 40 SHD, 20 N 536. 54Cette offensive rassemble des Français et des Serbes. Les archives du contrĂŽle postal contribuent Ă  remplacer les tĂ©moignages qui manquent. Un rapport du 17 dĂ©cembre 1918 a Ă©tĂ© fait par le gĂ©nĂ©ral Henrys sur l’état matĂ©riel et moral des troupes. Il montre que les combattants qui ont tant souffert n’ont pas pris conscience dans les quinze premiers jours de cette nouvelle offensive qu’ils dĂ©tenaient une des clĂ©s de la victoire. Sur 1 750 lettres lues le 27 septembre, 15 seulement sont enthousiastes, 193 sont optimistes, et 1 095 sont marquĂ©es par l’indiffĂ©rence40, l’armĂ©e ne croit plus Ă  un renversement de situation, il faudra attendre la mi‑octobre pour que les rĂ©actions s’inversent. Il faut dire que les conditions matĂ©rielles ne changent pas, et que la marche sur ÜskĂŒb s’effectue, de nouveau, dans des conditions dĂ©plorables ; ce sont une fois de plus des hommes malades, insuffisamment nourris ils tuent parfois des animaux malgrĂ© l’interdiction, pour manger et avoir de la graisse, mal vĂȘtus, mal chaussĂ©s, on ne peut qu’admirer les quinze enthousiastes » 41 Ibid., un fantassin du 34e RI. Tu n’en croirais pas tes yeux si tu voyais ce pauvre rĂ©giment, une armĂ©e de guenilles, c’est pitoyable, c’est honteux ; les trois quarts des poilus n’ont pas de pompes, d’autres, pas de falzar, souvent ni l’un ni l’autre. HĂ©las, je suis de ceux‑lĂ  ; oui, mon petit, ni tatane, ni fourreau, ni mĂȘme un caleçon, et pour la croĂ»te, cela ne va guĂšre mieux [
] pain moisi. On se dĂ©merde, on vole, on maraude41. 55Il ne s’agit ici que de quelques‑unes des opĂ©rations de la guerre de MacĂ©doine, mais, si l’on fait abstraction des dĂ©tails des combats, les grandes lignes du vĂ©cu des hommes restent identiques. Un manque de connaissances ou de prise en compte des conditions locales a fait que, comme en CrimĂ©e, les Ă©pidĂ©mies ont tuĂ© trois fois plus que le feu, et que le soldat a toujours l’impression d’un sacrifice inutile. Ce blog est personnel, la rĂ©daction n’est pas Ă  l’origine de ses contenus. Il Ă©tait le grand favori des prix littĂ©raires ; la critique avait encensĂ© son roman dĂšs sa parution en aoĂ»t 2018. David Diop vient enfin de recevoir un prix le Goncourt des lycĂ©ens » créé en 1988. Ce qui a sĂ©duit les jeunes jurĂ©s? c’est la vision terrible de la Grande Guerre » entre sagesse » de l’Afrique et folie » de l’Europe. Et prĂ©cisĂ©ment dans le dĂ©roulĂ© des souvenirs du narrateur, Alfa Ndiaye, ex tirailleur sĂ©nĂ©galais qui a combattu au front sous le drapeau français, vont s’affronter deux mondes celui de l’enfer du champ de bataille oĂč toutes les valeurs sont abolies et celui d’une terre aimante gĂ©nĂ©reuse. Tout comme le lecteur sera invitĂ© Ă  entendre deux voix dans ce thrĂšne des temps modernes dĂ©diĂ© Ă  l’Ami, ce frĂšre d’ñme suis deux voix simultanĂ©es. L’une s’éloigne et l’autre croĂźt. Cheikh Hamidou Kane L’aventure ambiguĂ«, citĂ© en exergue DĂšs l’incipit, l’aveu je sais j’ai compris je n’aurais pas dĂ» »-qui d’ailleurs sera souvent repris en Ă©cho - Ă©nonce dans sa gradation mĂȘme une prise de conscience et un regret. Un aveu qui semble Ă©merger d’une longue pĂ©riode de silence -ce dont tĂ©moigneraient les points de suspension qui le narrateur se rappelle d’abord les circonstances qui ont prĂ©sidĂ© Ă  son choix devenir sauvage. Son frĂšre d’armes, son plus que frĂšre » son frĂšre d’ñme prĂ©cisĂ©ment et le titre du roman joue sur la paronomase implicite se meurt agonise. Pour n’avoir pas rĂ©pondu aux trois supplications de l’achever, empĂȘtrĂ© par des pensĂ©es commandĂ©es par le devoir et recommandĂ©es par le respect des lois humaines », Alfa taraudĂ© par la culpabilitĂ© dĂ©cide alors de venger son plus que frĂšre Mademba Diop. Ce que je n’ai pas fait pour Mademba je le fais pour l’ennemi aux yeux bleus. La France a besoin de notre sauvagerie alors on obĂ©it. Mais moi je suis devenu sauvage par rĂ©flexion. Le rĂ©cit d’une folie meurtriĂšre assumĂ©e n’omet aucun dĂ©tail dans la restitution quasi clinique du corps Ă  corps avec l’ennemi d’en face et vante la fiertĂ© du travail accompli aprĂšs tout, la nuit tous les sangs sont noirs ; rĂ©alisme cru certes mais en parfaite adĂ©quation avec la barbarie de cette guerre... Entre la cinquiĂšme et la sixiĂšme main coupĂ©e,-c’est le trophĂ©e que rapporte Alfa du camp ennemi- une scĂšne traitĂ©e en un long plan sĂ©quence en dit long sur la dĂ©mence cruelle des chefs le capitaine Armand -aux yeux noyĂ©s d’une colĂšre continue- intime l’ordre de tuer les 7 traĂźtres » ceux qui refusent d’obĂ©ir au sifflet de la mort ». EcoeurĂ© par la laideur du carnage, blĂąmant intĂ©rieurement la folie du capitaine, Alfa salue le courage » de ses copains dont Alphonse et Albert offerts comme du gibier aux salves ennemies
 D’abord complices, les Toubabs et les Chocolats en viennent Ă  redouter celui qu’ils assimilent Ă  un sorcier » un dĂ©mm un dĂ©voreur d’ñmes. DĂšs la septiĂšme main coupĂ©e, Alfa est Ă©vacuĂ© Ă  l’ArriĂšre. Et c’est dans le Centre oĂč le sourire appelle le sourire, qu’il va convoquer -Ă  partir de dessins- son passĂ© heureux Ă  Gandiol, sa relation avec Fary, et surtout l’amitiĂ© indĂ©fectible qui l’a liĂ© Ă  Mademba Diop, -deux adolescents si dissemblables et pourtant si proches. Une Ă©vocation souvent empreinte de poĂ©sie et d’onirisme qui selon une tradition orale, tisse l’interpĂ©nĂ©tration des rĂšgnes et des espĂšces, dans une perspective animiste, oĂč anamorphoses et mĂ©tamorphoses semblent se rejoindre dans un cosmos originel. L’auteur prĂȘte Ă  son personnage un regard Ă  la fois enfantin, circonspect ingĂ©nu et ironique. Et pourtant certains Ă©pisodes frappent par leur cruautĂ© la mĂšre disparue et peut-ĂȘtre enlevĂ©e par les Maures du Nord, le mercantilisme du collecteur d’impĂŽts -et en filigrane les ravages de la colonisation- auxquels s’oppose la sagesse du pĂšre
 C’est Ă  Mademba Diop qu’est dĂ©diĂ© ce thrĂšne des temps modernes. Ce roman se donne en effet Ă  entendre comme un chant funĂšbre aux accents de cantilĂšne parfois. Des cris dĂ©chirants contre l'inconcevable et des chuchotements caressants contre l'indicible. Les rĂ©currences de certaines formules mon plus que frĂšre, par la vĂ©ritĂ© de Dieu, la parentĂ© Ă  plaisanterie, les anaphores qui scandent des paragraphes ou/et les rĂ©pĂ©titions lancinantes Ă  l’intĂ©rieur de paragraphes, la mĂ©taphore quasi omniprĂ©sente de la femme terre ont la force incantatoire de rĂ©cits mythiques. Et c’est l’expression dedans dehors » dĂ©clinĂ©e dans ses sens propre et figurĂ© et en ses multiples variations qui est le leitmotiv le dedans de la terre Ă©tait dehors, le dedans de mon esprit Ă©tait dehors, Fary m’a ouvert le dedans de son corps; derriĂšre ses lunettes le docteur François regarde le dedans de nos tĂȘtes, etc. DualitĂ© et dichotomie ! Division et antagonisme ! Alfa entre l’humain et l’inhumain !.le Corps et l’Âme ! Vers la fin du roman s’interrogeant sur sa propre identitĂ© et sur la façon de se raconter lui qui ne parle pas le français sait que la vĂ©ritĂ© de la parole n’est pas une mais double voire triple il dĂ©couvre qu’il est double ».Phrases et rythme sont alors au service de cette rĂ©vĂ©lation hallucinĂ©e et lucide qui allie les contraires je dĂ©pouille je vide les crĂąnes et les corps[
} mais je suis aussi la lune rouge qui se lĂšve sur le fleuve[
] Je suis l’innocent et le coupable ». Il sait qu’il est l’ami qu’il aurait dĂ» achever en cette journĂ©e funeste et que son Ăąme s’en est allĂ©e mourir dans le corps de son plus que frĂšre ». Au final le je » renverra Ă  Mademba Diop et le tu » Ă  Alfa son plus que frĂšre. L’absence d’article ou d’adjectif possessif dans le titre du roman, n’induisait-elle pas une rĂ©ciprocitĂ© ? AmitiĂ© fusionnelle que Montaigne -d’ailleurs citĂ© en exergue-, a cĂ©lĂ©brĂ©e et rĂ©sumĂ©e dans cette phrase qui rĂ©sonne par-delĂ  les siĂšcles nous nous embrassions par nos noms » A travers le parcours de ce jeune artilleur sĂ©nĂ©galais, David Diop non seulement rĂ©habilite la mĂ©moire des oubliĂ©s » du carnage que fut la premiĂšre mondiale tout en tordant le cou aux prĂ©jugĂ©s racistes Ă  l'encontre des Noirs, mais en une langue originale le wolof adaptĂ© Ă  la langue française il convertit la violence des souvenirs en appels dĂ©chirants et si profondĂ©ment humains ! L’histoire du sorcier-lion est pleine de sous-entendus, celui qui la raconte peut y dissimuler une autre histoire qui pour ĂȘtre dĂ©voilĂ©e doit se laisser deviner un peu
. Ainsi de FrĂšre d’ñme ?

un tirailleur en enfer résumé de chaque chapitre