Explicationde l'expression : "faire la figue au pape", et présentation de documents archéologiques inédits prouvant l'antiquité du geste de la "fica". Photos d'archives exclusives.
En1939, à 18 ans, il s'engage dans l'armée, sous l'uniforme des fameux " Tirailleurs algériens " et plonge bientÎt héroïquement dans l'enfer de la Seconde Guerre mondiale pour " libérer le pays ". Il a révélé qu'il avait attrapé le virus de la course à pied pendant cette période de sept ans sous les drapeaux, en 1940, avant de reprendre le combat sur tous les fronts. Et s'il
Lefort de Vaux, appelé briÚvement fort Dillon, est situé sur les communes de Damloup et de Vaux-devant-Damloup, prÚs de Verdun, dans la Meuse ().Il est construit de 1881 à 1884 dans le cadre du systÚme Séré de RiviÚres et renforcé en 1888. Il est l'un des hauts lieux de la bataille de Verdun en 1916.. Le fort est désarmé en 1915 par un décret qui dégarnit aussi le fort de
Chapitre6. Résumé : hermione apprend avec désarroi qu'elle devra passer l'année avec drago malefoy, tout ça dans le but de réconcilier les maisons gryffondor et serpentard Chapitre 3. Résumé : hermione reçoit une lettre du directeur l'informant de sa nomination en tant que préfÚte-en-chef. elle doit se rendre dans le compartiment qui lui est Bienvenue à tous ! Une histoire
RésuméTierno, jeune Peulh de dix-sept ans, poursuit ses études à Dakar à l'"école des Blancs". Mais c'est un tout autre apprentissage qui l'attend : enrÎlé malgré lui par un recruteur peu scrupuleux, il se trouve à bord d'un paquebot qui part pour la France. Caractéristiques Date de parution 10/05/2010 Editeur Nathan Jeunesse Collection
Uncourtisan peut utiliser sa représentation pour réduire la confiance des ennemis qui l'entendent, ce qui leur impose un malus de -1 aux jets d'attaque et de dégùts (minimum 1), et un malus de -1 aux jets de sauvegarde contre la peur et les effets de charmes tant que le barde continue sa représentation. Ce malus augmente de -1 au niveau 5 et tous les six niveaux par la suite. Cette
Lalettre de la BNFA La bibliothĂšque toujours ouverte N° 307 - 27 septembre 2019. La lettre de la BNFA. Si vous avez des difficultĂ©s Ă lire cette lettre, retrouvez la sur le site de la BNFA. Nous sommes heureux de vous prĂ©senter la lettre de la BNFA, nos coups de cĆur ainsi que la liste des livres adaptĂ©s par BrailleNet, le GIAA-SĂ©same
yLVBoA. David Diop vient de remporter le prix Goncourt des LycĂ©ens pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil. Le chant dĂ©chirant d'un tirailleur sĂ©nĂ©galais pris de folie dans la boucherie de 14, aprĂšs avoir assistĂ© impuissant Ă la mort de son ami d'enfance, celui qu'il appelle son "plus que frĂšre". David Diop signe un 1er roman d'une beautĂ© Ă©crasante, qui donne voix aux milliers d'Africains, quasiment jamais entendus. Le romancier David Diop a remportĂ© jeudi le convoitĂ© Goncourt des LycĂ©ens, qui fĂȘte cette annĂ©e ses 30 ans, pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil, histoire d'amitiĂ©, jusqu'Ă la folie, dans l'enfer des tranchĂ©es. Le roman a Ă©tĂ© choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant "Le Malheur du Bas" Albin Michel d'InĂšs Bayard et "La vraie vie" d'Adeline DieudonnĂ© L'Iconoclaste. Le jury a Ă©tĂ© sĂ©duit par "sa vision terrible de la Grande guerre, entre Afrique et Europe, sagesse et folie". L'an dernier, les lycĂ©ens avaient consacrĂ© "L'art de perdre" Flammarion d'Alice Zeniter, un rĂ©cit puissant sur les non-dits de la guerre d'AlgĂ©rie racontant le destin d'une famille française dont le grand-pĂšre fut malheureux du Femina, du MĂ©dicis, du Goncourt et du Renaudot, David Diop Ă©tait le seul auteur Ă figurer dans toutes les sĂ©lections des grands prix littĂ©raires d'automne et le seul homme en lice pour le Goncourt des lycĂ©ens. "Je suis extrĂȘmement heureux d'avoir Ă©tĂ© choisi par vous parce que je suis enseignant et que j'ai enseignĂ© en lycĂ©e Ă la fin du siĂšcle dernier, mais je garde toujours dans mon coeur vos regards, vos sourires, quand vous dĂ©couvrez les textes et je suis vraiment trĂšs sensible Ă votre, je ne vais pas dire amour, disons prĂ©dilection", a dĂ©clarĂ© David Diop, joint par tĂ©lĂ©phone. Lâhistoire 1914. Ils ont vingt ans, Alfa Ndyaye et Mademba Diop, deux jeunes SĂ©nĂ©galais amis d'enfance, venus de leur village sur le sol français pour dĂ©fendre la patrie. "Vous les chocolats d'Afrique Noire vous ĂȘtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire", leur rĂ©pĂšte le capitaine Armand. Alors quand il leur ordonne de sortir de la tranchĂ©e pour affronter l'ennemi, ils font comme leurs camarades, ils sortent du trou et se lancent en hurlant, "le fusil rĂ©glementaire dans la main droite et le coupe-coupe sauvage dans la main gauche". Un jour, Ă la sortie de la tranchĂ©e, Mademba Diop est blessĂ©. La mort ne vient pas tout de suite. "Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait dĂ©jĂ le dedans du corps dehors". Alors que les soldats ont depuis longtemps rejoint la tranchĂ©e, Alfa reste au cĂŽtĂ© de Mademba, assistant Ă la longue agonie de son "plus que frĂšre", sans savoir quoi faire. "Trois fois il mâa demandĂ© de lâachever, trois fois jâai refusĂ©". Quand enfin son ami rend son dernier souffle, Alfa porte son corps jusqu'Ă la tranchĂ©e, en pensant, trop tard, qu'il aurait dĂ» faire ce que lui demandait son ami abrĂ©ger ses souffrances. "Ah, Mademba Diop ! Ce n'est que quand tu t'es Ă©teint que j'ai vraiment commencĂ© Ă penser. Ce n'est qu'Ă ta mort, au crĂ©puscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'Ă©couterais plus la voix du devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. Mais c'Ă©tait trop tard", tard. Alpha commence sa guerre. DĂ©cide de ne plus faire le sauvage pour la France "parce que ça l'arrange". Il devient "sauvage par rĂ©flexion". "Quand je sors du ventre de la terre, je suis inhumain par choix, je deviens inhumain un tout petit peu. Non pas parce que le capitaine me l'a commandĂ©, mais parce que je l'ai pensĂ© et voulu". Et il se met Ă tuer Ă sa maniĂšre, rĂ©pĂ©tant Ă chaque sortie de la tranchĂ©e le mĂȘme rituel macabre, une cĂ©rĂ©monie qu'il accomplit en pensant Ă son "plus que frĂšre" Mademba. Il en choisit un. Un du camp adverse. Il le ligote. Il l'Ă©ventre. Puis il fait pour lui ce qu'il n'a pas fait pour son ami. "DĂšs sa seconde supplication des yeux, je lui tranche la gorge comme aux moutons du sacrifice. Ce que je n'ai pas fait pour Mademba Diop, je le fais pour mon ennemi aux yeux bleus. Par humanitĂ© retrouvĂ©e". Le rituel se finit toujours de la mĂȘme maniĂšre il dĂ©coupe la main de l'ennemi aux yeux bleus, et la rapporte comme un trophĂ©e dans la tranchĂ©e. Au dĂ©but ça rassure ses camarades, qui l'accueillent comme un hĂ©ros. Mais Ă force, une main, puis deux, puis trois, puis 4,5, 6⊠Alpha leur fait peur. Il accomplit jour aprĂšs jour le mĂȘme crime macabre, rien ni personne ne semblant capable de l'arrĂȘter. Jusqu'Ă ce que le Capitaine l'envoie se "reposer un peu" Ă l' loin des tranchĂ©es et des obus, Alpha plonge dans son passĂ©. Le village, ses rĂšgles, ses croyances, le chagrin de son pĂšre aprĂšs la disparition de sa mĂšre, son enfance auprĂšs de son ami Mademba, petit et malingre, pendant que lui, Alpha, devenait grand et fort, et le souvenir de "Fary Thiam", la jeune femme qui contre toute les lois du village lui a offert la "joie du corps" avant son dĂ©part pour la guerre, lui donnant un bonheur que son ami et "presque frĂšre" Mademba n'a pas eu la chance de connaĂźtre avant de mourir au front. "Je suis deux voix simultanĂ©es. L'une s'Ă©loigne et l'autre croit", cette citation de Cheikh Hamidou Kane apostĂ©e par l'auteur en exergue de son roman annonce le sortilĂšge Alpha s'enfonce dans ses pensĂ©es, se fond dans les souvenirs, se dissout tant et si fort qu'il finit par se confondre avec son "plus que frĂšre", incorpore son Ăąme Ă la sienne jusqu'Ă s'effacer, jusqu'Ă lui cĂ©der sa place, pour rĂ©parer l'irrĂ©parable, apurer la boucherie, sauver son ami du nĂ©ant et le rendre Ă la vie, et pour Alpha, se sauver lui-mĂȘme et retrouver le chemin de l'humanitĂ©."FrĂšre d'Ăąme" est un long cri dĂ©chirant, un chant comme une incantation, qu'il faut lire sans rĂ©sister. Laisser les mots vous percuter sans broncher. David Diop ne nous laisse pas le choix. Il faut avancer avec Alpha. L'accompagner jusqu'aux confins. Et vivre ce que des milliers de tirailleurs sĂ©nĂ©galais ont eu Ă souffrir, Ă mourir dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme" est aussi l'histoire d'une Ă©mancipation. "Personne ne sait ce que je pense, je suis libre de penser ce que je veux. Ce que je pense c'est qu'on veut que je ne pense pas. L'impensable est cachĂ© derriĂšre les mots du capitaine. La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l'arrange".David Diop construit son histoire par petits cercles, s'Ă©largissant Ă chaque passage, phrases rĂ©pĂ©tĂ©es, revisitĂ©es, comme un conte s'enrichissant chaque fois qu'il est une nouvelle fois racontĂ©. En faisant sa propre guerre, Alpha brise le joug. MĂȘme s'il faut s'y perdre, il se rĂ©approprie son histoire, comme le fait l'Ă©crivain en la racontant avec ses propres mots, convoquĂ©s loin, trĂšs loin des tranchĂ©es, dans l'histoire, la coutume, le rythme, la musique, l'Ăąme de ses ancĂȘtres. Avec ce premier roman d'une beautĂ© Ă©crasante, David Diop redonne voix aux milliers de soldats africains, si peu entendus, envoyĂ©s Ă la mort dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme est en lice pour le Goncourt, le Renaudot, le MĂ©dicis, le FĂ©mina, et le Prix InteralliĂ©. "FrĂšre d'Ăąme", David Diop Seuil - 175 pages - 17 âŹAh ! Mademba Diop, mon plus que frĂšre, a mis trop de temps Ă mourir. Ăa a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs difficile, ça n'en finissait pas, du matin aux aurores, au soir, les tripes Ă l'air, le dedans dehors, comme un mouton dĂ©pecĂ© par le boucher rituel aprĂšs son sacrifice. Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait le dedans du corps dehors. Pendant que les autres s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s dans les plaies bĂ©antes de la terre qu'on appelle les tranchĂ©es, moi je suis restĂ© prĂšs de Mademba, allongĂ© contre lui, ma main droite dans sa main gauche, Ă regarder le ciel froid sillonnĂ© de mĂ©tal. Trois fois il m'a demandĂ© de l'achever, trois fois j'ai refusĂ©. C'"Ă©tait avant, avant de m'autoriser Ă tout penser. Si j'avais Ă©tĂ© tel que je suis aujourd'hui, je l'aurais tuĂ© la premiĂšre fois qu'il me l'a demandĂ©, sa tĂȘte tournĂ©e vers moi, sa main gauche dans ma main droite.""FrĂšre d'Ă€me", page 12
cinĂ©ma et littĂ©rature AprĂšs Harry Potter, Narnia, A la croisĂ©e des Mondes et les Chroniques de Spiderwick, on pourra bientĂŽt dĂ©couvrir deux nouvelles adaptations sur grand Ă©cran de livres se trouvant au CDI,Tout d'abord le 7 janvier en France sort "twilight" adaptĂ© du roman intitulĂ© "fascination" de Stephenie Meyer tout nouveau au CDI ! . Ce roman est un vĂ©ritable best seller et le film est entrain de battre des records rĂ©alisant le meilleur dĂ©marrage dans les salles obscures aux Etats-Unis ! Dans le rĂŽle d'Edward, un jeune homme qui ne sera pas inconnu des fans d'Harry Potter, Robert Pattinson qui Ă©tait CĂ©dric Diggory dans Harry Potter et la coupe de feuplus d'informations sur le site d'Allocine iciSans date de sortie dĂ©finie, nous aurons bientĂŽt le plaisir de dĂ©couvrir Georgia Nicholson sur grand Ă©cran ! Le 1er tome de la saga de la Bridget Jones adolescente Ă©crite Louise Rennison est en plein tournageplus d'info iciet bien sur il faudra compter sur les suites aussi ....Harry Potter et le Prince de Sang MĂ©lĂ© bande annonce par lĂ A la croisĂ©e des mondes la tour des AngesLe monde de Narnia chapitre 3, l'odyssĂ©e du passeur d'Aurore pas avant 2010 hĂ©las C'est enfin "La fin"... ...des "dĂ©sastreuses aventures des Orphelins Baudelaires" !Le tome 13 intitulĂ© trĂšs brillamment "La fin" est depuis peu disponible au CDI....Que va-t-il arriver Ă Violette, Klaus et Prunille ? Le comte Olaf est-il toujours de la partie ? une nouvelle hĂ©roĂŻne BD C'est Maud, l'hĂ©roĂŻne de "la Rose Ăcarlate" dont le premier tome "je savais que je te rencontrerais" est depuis peu dans les bacs du CDI...çà raconte quoi "La Rose Ecarlate" ?Cette histoire se passe au 18Ăšme siĂšcle. Maud vit avec son pĂšre dans le PĂ©rigord en rĂȘvant aux aventures d'un bandit local, vĂ©ritable Robin des Bois. bientĂŽt, son pĂšre est assassinĂ© et Maud est recueilli par son grand pĂšre Ă Paris. Son comportement dĂ©lurĂ©, ne plait guĂšre Ă son grand pĂšre... Car Maud ne s'intĂ©resse qu'Ă l'escrime et au"Renard", ce fameux bandit qui dĂ©leste les riches pour donner aux pauvres....Pour en savoir plus... un site L'actu pour les jeunes Il y a du neuf en ce qui concerne l'actualitĂ© pour les jeunes !!!Qualisurf Ă partir de la 6Ăšme et l'Ă©toile Ă partir de la 3Ăšme sont deux journaux disponibles gratuitement en tĂ©lĂ©chargement sur internet et bientĂŽt en version papier au CDIle numĂ©ro de novembre de Qualisurf aborde des sujets tels que le travail des enfants, la crise financiĂšre, les cyclones, l'actualitĂ©... cliquer Par ici pour accĂ©der au numĂ©roLe numĂ©ro de novembre de l'Ă©toile cliquer Par ici pour accĂ©der au numĂ©ro challenge lecture 6Ăšme Golem. 1, Magic berber couverture ici Un jour, Majid, Ă©lĂšve de 5e6, reçoit une lettre lui annonçant qu'il a gagnĂ© le concours des trois baudets dont le premier prix est un super ordinateur ! C'est avec l'aide de Jean-Hugues, de Molenne son prof de français qu'il installe cet ordinateur et qu'il commence Ă se connecter sur le web et dĂ©couvre un jeu, Golem qui apparaĂźt et disparaĂźt...aimĂ©, pas aimĂ©, des commentaires Ă faire ? c'est juste un peu plus bas ! challenge lecture 6Ăšme la gloire de mon pĂšre Ce livre c'est l'enfance de Marcel... Ses parents, Augustine et Joseph, son petit frĂšre Paul , l'apprentissage de la lecture trĂšs tĂŽt car sa mĂšre, le confie Ă son pĂšre, instituteur, qui le place au fond de la classe pendant les cours. La tante Rose, Ă©pouse âle propriĂ©taire du parc Boraly â Ă Marseille, de dix ans plus ĂągĂ© quâelle. MalgrĂ© leurs diffĂ©rences Joseph Pagnol et lâoncle Jules, l vont apprendre Ă sâapprĂ©cier et vont finalement louer une petite maison dans les garrigues, l, les vacances peuvent commencĂ©s...opinions, avis, commentaires, c'est un clic plus bas !!! Challenge lecture 6Ăšme Lettres d'amour de 0 Ă 10 couverture iciC'est l'histoire d'Ernest Il est trĂšs rĂ©servĂ© et trĂšs beau mais il n'a plus de parents. Il a passĂ© dix annĂ©es monotones avec sa grand-mĂšre. Et tous les jours, c'est la mĂȘme chose ! Le matin, il va Ă l'Ă©cole, il revient pour dĂ©jeuner, il repart, une pomme l'attend Ă son retour, il fait ses devoirs et le soir, il mange sa soupe, ... Chez lui, il n'y a pas de tĂ©lĂ©phone ni de tĂ©lĂ©vision la seule distraction dans la maison est une vieille lettre Ă©crite Ă la guerre par son arriĂšre-grand-pĂšre. Mais un jour, Victoire Montardent, une jeune fille pleine de joie et de gaietĂ©, seule fille d'une famille de treize garçons, va lui faire dĂ©couvir la vie...C'est un clic plus bas pour les opnions, avis et commentaires sur ce livre !!! challenge lecture 6Ăšme la sixiĂšme L'entrĂ©e en 6Ăšme comme si vous y Ă©tiez.... Mais en fait, vous y ĂȘtes !!!avis, rĂ©actions, opinions en commentaires !!! Challenge lecture 6Ăšme Parvana, une enfance en afghanistan couverture ici de Deborah EllisrĂ©sumĂ© Parvana, 11 ans, est une jeune afghane. Elle vit avec ses parents, ses frĂšres et sĆurs Ă Kaboul, la capitale, sous le rĂ©gime des talibans. A la suite de lâarrestation de son pĂšre, elle est obligĂ©e de se faire passer pour un garçon afin de gagner de lâargent....C'est sur ce sujet que vous devez laisser votre avis, vos remarques sur ce livre, dans les commentaires !!! Renaissance du challenge lecture Le challenge lecture va renaĂźtre pour les deux classes de 6Ăšme !Au programme cette annĂ©e - la sixiĂšme de Susie Morgenstern- Golem. 1, Magic Berber des frĂšres et soeurs Murail- lettres d'amour de 0 Ă 10 de Susie Morgenstern- Parvana, une enfance en Afghanistan de Deborah Ellis- La gloire de mon pĂšre de Marcel Pagnol C'est sur cet article qu'il faut me laisser vos impressions au fur et Ă mesure de vos lectures !!! semaine de la sĂ©curitĂ© routiĂšre DĂ©cidement çà n'arrĂȘte pas cette semaine !!!!du 13 au 17 octobre, c'est aussi la semaine de la sĂ©curitĂ© routiĂšre ! Avis aux Ă©lĂšves de 3Ăšme et de 5Ăšme qui passent l'ASSR 2Ăšme et 1er niveau Ă la fin de l'annĂ©e. tout au long de la semaine, une exposition sur ce thĂšme sera affichĂ©e au CDI jusqu'aux vacances de la toussaint. De plus je vous rappelle l'existence de la page netvibes concernĂ© Ă ce thĂšme qui vous permet de vous entrainer Ă diffĂ©rents questionnaires Semaine du goĂ»t 2008 Semaine du goĂ»t 2008 "potages et breuvage"du 13 au 17 octobre, une nouvelle semaine du goĂ»t commence !!!! miam miam Au collĂšge cette annĂ©e, nous la plaçons sous le signe de l'Europe !Venez vous rĂ©galez du menu europĂ©en concotĂ© par votre cuisiniĂšre prĂ©fĂ©rĂ©e alice Valente !Venez admirez dans le hall les oeuvres produites en cours d'Arts plastiques des Ă©lĂšves de 3ĂšmeVenez apprendre plein de chose sur les boissons et autres breuvages ainsi que sur les pays europĂ©ens grĂące aux panneaux rĂ©alisĂ©s rĂ©alisĂ©s par les Ă©lĂšves de 5Ăšme !enfin au CDI, Ă partir de Lundi vous trouverez une sĂ©lection d'ouvrages sur le thĂšme du goĂ»t, de la cuisine, de l'alimentation, qui sera Ă votre disposition pour ĂȘtre emprunter et mis en pratique ! Lire en fĂȘte Aujourd'hui et jusqu'au 12 octobre, dĂ©bute "lire en fĂȘte", une manifestation nationale mettant la lecture plaisir Ă l'honneur !Le thĂšme de cette annĂ©e ? La littĂ©rature pour la jeunesse !!!! guerre de 1914-1918 Voici quelques ressources, pour assouvir la curiositĂ© des 3Ăšmes qui souhaiteraient prolonger la journĂ©e dĂ©diĂ©e au souvenir de la guerre de 1914-1918 qui s'est articulĂ©e autour de la projection du film "Joyeux NoĂ«l" et la venue de Jacques Lambert pour la confĂ©rence sur les Ardennes pendant la d'abord, quelques sites issus d'Internet BD trĂšs trĂšs rĂ©alisteC'Ă©tait la guerre des tranchĂ©es 1914-1918 de Tardi, disponible au CDIIl y Ă©galement plusieurs romans sur ce thĂšme au CDI comme Grandes vacances 14/18 de Jeanne Lebrun cote R LEB GL'or et la boue Haumont 14-16 de Christophe Lambert cote R LAM OVerdun 1916 un tirailleur en enfer de Yves Pinguilly cote R PIN TUn long dimanche de fiançailles de SĂ©bastien Japrisot cote R JAP L Le passage de Louis Sachar couverture icicote CDI R SAC PLa 4Ăšme de couverture de ce livre est tout bonnement exquise livre va vous donner envie de croquer des oignons creuser des trous de 1 mĂštre 50 de diamĂštre et de une respirer vos vieilles mettre du rouge Ă lĂšvre avant de partir Ă la poursuite de vos tout savoir sur lâexistence oubliĂ©e de votre ar ce, mĂȘme si vous haĂŻssez les liliacĂ©es, mĂȘme si vous dĂ©testez lâalpinisme et les travaux forcĂ©s, mĂȘme si vous avez les cosmĂ©tiques en horreur autant que les odeurs de pieds, mĂȘme si la gĂ©nĂ©alogie et les histoires de famille vous indiffĂšrent pour Ă©chapper Ă tout cela, câest simple. Il vous suffit de ne pas imiter les centaines de milliers dâadolescents amĂ©ricains qui ont dĂ©jĂ plĂ©biscitĂ© ce livre, et de ne jamais lâouvrir. »Pour plus d'Ă©claircissement, sachez qu'il s'agit de l'histoire de Stanley, accusĂ© Ă tord d'un vol de basket. il est envoyĂ© dans un camp de redressement oĂč avec d'autres garçons, il devra creuser des trous; Creuser des trous et rĂ©flĂ©chir au moyen de s'Ă©chapper....Une histoire qui parait souvent trĂšs Ă©trange. On ne sait pas "oĂč l'on va" pendant un moment d'autant plus qu'il faut suivre deux histoires en parallĂšle, celle de Stanley et celle se dĂ©roulant un siĂšcle plus tĂŽt. Mais un roman drĂŽle et toujours passionnant avec des personnages attachants. Ce livre se lit souvent d'une seule traite ou presque ! Un boulot d'enfer de Florence Thinard couverture icicote CDI R THI BTout commence mal dans ce livre. Nina et son pĂšre meurent dans un accident de voiture car son pĂšre tĂ©lĂ©phonait en conduisant. Mais les voilĂ devenus anges gardiens du paradis ! Tandis que son pĂšre doit maintenant sauver la vie d'un bĂ©bĂ© afghan, la premiĂšre mission de Nina est de veiller sur l'une de ses camarades de classe mais pas n'importe laquelle, sa pire ennemie Priscille Grant Une belle idĂ©e qui a donnĂ© naissance Ă une histoire trĂšs touchante, pleine d'humour et profondĂ©ment ancrĂ©e dans les rĂ©alitĂ©s actuelles malgrĂ© un dĂ©but douloureux...On se surprend Ă se demander Ă quoi peut ressembler notre ange gardien !!! Disparition programmĂ©e couverture icicote CDI R SMI DJack bĂ©nĂ©ficie avec sa famille du programme de progression des tĂ©moins Ă cause des relations de travail de son pĂšre qui menacent la vie de toute la famille. Pour Jack cela signifie une nouvelle identitĂ©, une nouvelle maison, une nouvelle Ă©cole et surtout mentir Ă chaque instant aux nouveaux amis... Et puis la peur, la peur omniprĂ©sente de se faire un jour dĂ©masquer...Suspens! suspens! un roman policier de bonne qualitĂ© pour les amateurs du genre. Il faut toutefois ĂȘtre un assez bon lecteur ou passionnĂ© du genre pour lire ce long roman Les cauchemars de Cassandre de BĂ©atrice NicodĂšme Cassandre est une des filles du roi Priam de Troie. Cassandre a un don elle peut voir l'avenir. et l'avenir qu'elle voit est bien noir pour Troie...Elle cherche Ă mettre en garde son pĂšre, ses frĂšres Hector et Paris mais personne ne veut la croire !L'histoire de la guerre de Troie Ă travers les yeux de sa prophĂ©tesse Cassandre, personnage tout aussi mystĂ©rieux qu"attachant. Un rĂ©gal pour les latinistes !A noter que plusieurs livres de la collection "histoires noires de la mythologie" se trouvent au CDI cote CDI R NIC c Zohra l'insoumise de Michel Leydier Zohra, 14 ans vit au Maroc avec sa famille. Etant l'ainĂ©e, c'est Ă elle que revient la tĂąche de seconder sa mĂšre dans les tĂąches mĂ©nagĂšre et l'Ă©ducation des plus jeunes...Mais Zohra ne se satisfait pas de cette vie, elle veut apprendre ! Alors quand une vague tante lui propose de l'emmener en France avec la promesse d'aller au collĂšge, elle se rĂ©jouit Ă la perspective d'une nouvelle vie. Mais petit Ă petit, la vie de Zohra devient un vĂ©ritable enfer, elle devient une vĂ©ritable domestique esclave...Une histoire trĂšs moderne qui dĂ©nonce l'esclavage des CDI R LEY z Les Ă©lĂšves ont la parole... Comme je l'ai dĂ©jĂ dit, ce blog doit aussi vivre Ă travers vous les Ă©lĂšves !!! Je laisse donc la parole Ă Karima de 5Ăšme B, et trĂšs trĂšs grande lectrice, qui va nous parler du livre "nos plus belles vacances", un livre de la collection du club des baby-sitters..."J'ai littĂ©ralement adorĂ© ce livre. Cela se produit gĂ©nĂ©ralement Ă chaque fois que je lis un livre du "club des baby-sitters" Ă part pour un livre mais je ne veux pas m'Ă©loigner du sujet. J'ai adorĂ© car je trouve que les aventures du "club des baby-sitters" ressemblent Ă la rĂ©alitĂ©. Je retrouve ma personnalitĂ©, mes goĂ»ts et mon mode de vie dans un personnage du club, Claudia. En lisant cel ivre j'ai eu peur Ă un moment que Carla reste en Californie, dans la troisiĂšme histoire" les vacances de Carla".J'ai trouvĂ© la premiĂšre histoire "Lucy est amoureuse", trĂšs romantique. Quant Ă la deuxiĂšme histoire "le club Ă New-York", j'ai beaucoup ri en la lisant. Je dirais que je suis une fois de plus heureuse d'avoir lu un livre du "club des baby sitters"Karima. 5ĂšmeB Lire en au CDI Savez vous qu'il existe au CDI, un bon moyen de faire des progrĂšs en anglais, allemand, espagnol...Pour cela, il suffit d'emprunter des livres de littĂ©rature Ă©trangĂšre !Ces livres se trouvent sur l'Ă©tagĂšre situĂ©e juste en dessous des nouveautĂ©s...vous y trouverez un choix important de livres en anglais, allemand, espagnol, adaptĂ©s Ă votre niveau...Quelques titres disponibles en anglaisBeauty and the beastThe man in the iron maskGhost storiesA serie of unfortunate events. 1,The bad beginninga christmas carolThe adventures of Tom SawyerDr Jekyll and Mr HydeThe last of the mohicanset bientĂŽt....surfergirl meets boythe time machinethe hunchback of Notre-DameAmistad1984three adventures of Sherlock Holmesen allemandTrauriger Tiger toastet tomatenUnterwegsdie kleine Maus sucht einem Freunden espagnolLos cuatro amigos de siempreQuerida abuela...Tu SusiCaramelos de menta Rencontrez Linus... Tout autre sujet que celui du "destin de Linus Hoppe" de Anne-Laure Bondoux... couverture icicote CDI R BON dLinus vit dans un monde qui semble parfait avec sa sĆur Mieg et ses parents. S'il rĂ©ussit son passage devant le grand ordonnateur, il continuera sa vie en sphĂšre 1, la sphĂšre des privilĂ©giĂ©s...Mais Linus se pose des questions, pour lui, son destin n'est pas celui lĂ ... Il commence Ă penser Ă rater l'examen... La rencontre avec Yosh, qui vit en sphĂšre 2 et l'aide de Chem son meilleur ami, "un rebelle" destinĂ© Ă la sphĂšre 3, il va mettre au dĂ©fi le grand ordonnateur et l'ordre Ă©tabli...Roman d'anticipation , on y voit une sociĂ©tĂ© qui pourrait ĂȘtre la notre dans quelques dizaines d'annĂ©es... tout semble parfait mais la perfection existe-t-elle ? Ce livre permet aussi de rĂ©flĂ©chir sur les inĂ©galitĂ©s sociales. De plus la lecture est facile et captivante. L'expĂ©dition disparue un roman d'aventure... couverture iciParmi les nouveaux romans du CDI, j'ai lu tout derniĂšrement "l'expĂ©dition disparue" de Christa Maria Zimmerman. Ce livre relate une tragique histoire vraie la tragique disparition du "Terror" et de "l'Erebus", les deux bateaux de l'expĂ©dition Franklin partie Ă la dĂ©couverte du passage du Nord-Ouest, dans l'arctique canadienMatt Evans est venu Ă Londres pour chercher son pĂšre qui travaille dans une conserverie...Il rencontre Christopher Ashton, fils de marin, alors que celui ci est entrain de se faire dĂ©trousser par des voleurs... Matt et son pĂšre lui vienne en aide mais la confrontation tourne Ă la tragĂ©die et le pĂšre de Matt est tuĂ©... La mĂšre de Chris prend sous sa protection Matt et le fait engager au cotĂ© de son fils sur "l'Erebus"...Les deux jeunes garçon sont toute Ă leur joie. L'expĂ©dition dĂ©bute sous les meilleures auspices...bientĂŽt le navire est pris par les glaces, et c'est lĂ que les ennuis commencent, les hommes de l'Ă©quipage meurent les uns aprĂšs les autres...J'ai beaucoup le sujet de ce livre. Il est en effet peu courant de voir des livres ayant pour sujet la dĂ©couverte des grands espaces inconnus au siĂšcle dernier... J'ai aussi beaucoup aimĂ© le cotĂ© trĂšs dĂ©taillĂ© de ce livre Les termes maritimes ou techniques le travail des marins Ă bord, le trajet, la vie en Arctique, les esquimaux...On admire le courage de ces hommes...Le roman alterne passages narratifs avec beaucoup de dialogues, extraits du journal de bord de Chris, et introduit, des morceaux de rĂ©cits dâexpĂ©ditions passĂ©es, que Chris connaĂźt par cĆurâŠpour en savoir plus sur l'expĂ©dition Franklin Mon plus grand coup de coeur pour l'instant... "Et si c'Ă©tait vrai..." De Marc Levy iciLauren est interne en mĂ©decine. Elle adore son mĂ©tier et vit sa vie Ă 100 Ă l'heure...Elle a malheureusement un accident de voiture qui la laisse dans le coma. Arthur est un jeune architecte qui vient tout juste d'emmĂ©nager dans un nouvel appartement Ă San Francisco... Alors qu'il ouvre l'un des placards de sa nouvelle salle de bain, il tombe nez Ă nez avec Lauren. Il est le seul Ă la voir et Ă l''entendre...Vous l'aurez compris, j'aime les histoires d'amour...et celle ci en est une qui mĂȘle Ă la fois l'humour, la rĂ©alitĂ©, le fantastique et le romantisme...Le style d'Ă©criture est simple, dynamique et actuel et rend l'histoire Ă©tonnamment vivante. On commence le livre et on ne s'arrĂȘte qu'Ă la fin...A noter -L'auteur a Ă©crit une suite "vous revoir..." pour l'instant qui n'est pas au livre a Ă©tĂ© librement adaptĂ© dans un film avec pour actrice Reese Witherspoon. Film, Ă mon avis bien au dessous de l'Ćuvre original...Pour plus d'informations, le site officiel de l'auteur un livre pour ceux qui n'aiment pas lire pour les faire changer d'avis !!!!dĂ©fi d'enfer de Yael Hassan voir couverture icicote CDI R HAS dC'est l'histoire de LĂ©opold qui dĂ©teste l'Ă©cole et la lecture. Par intĂ©rĂȘt, il dĂ©cide de participer au dĂ©fi lecture du collĂšge organisĂ© par la documentaliste du collĂšge il y a un voyage Ă Paris Ă gagner !!! Mais LĂ©opold va se retrouver pris au piĂšge....de la lecture !!!C'est une histoire drĂŽle, courte et facile Ă lire ; autant de raison qui font de ce livre, un incontournable pour les lecteurs les plus hĂ©sitants ! et qui sait pour peut-ĂȘtre aussi changer d'avis comme LĂ©opold Silverwing couverture ici Ombre est un chauve-souriceau de la colonie des Ailes-Argent. Par mĂ©garde, il transgresse une loi de son peuple qui oblige les chauves-souris Ă vivre dans l'obscuritĂ© car quiconque regarderait le soleil se verrait condamner Ă mort...Ombre se voit projetter au milieu d'une sĂ©rie d'aventures qui vont changer sa vie...cote CDI R OPP Sle site de l'auteur Kenneth Oppel ici attention site en anglais, l'auteur est canadien Cendorine et les dragons on continue l'Ă©vocation des derniĂšres nouveautĂ©s du CDI avec une histoire de de princesse et de dragons...Bienvenue dans l'univers d'une princesse pas comme les autres ! Cendorine aime l'aventure, la danse et la broderie, trĂšs peu pour elle merci !!! Alors pour Ă©chapper Ă un mariage arrangĂ©e, elle va rejoindre le monde des dragons et devenir la princesse captive volontaire du dragon Kasul...et par la mĂȘme occasion tomber au milieu d'une conspiration menĂ©e par de puissants sorciers...histoire en 2 tomes Cendorine et les dragons et Cendorine contre les sorciers... cote CDI R WRE C1 et R WRE C2 un coup de coeur... Une superbe histoire d'amour sur fond de racisme et de rĂ©voltes...Venez dĂ©couvrir la trilogie de Malorie Blackman T1 Entre chiens et loups couverture iciT2 La couleur de la haine couverture iciT3 Le choix d'aimer couverture icirĂ©sumĂ© PersĂ©phone "Sephy" est noire, c'est une prima, une privilĂ©giĂ©e. Callum est blanc et comme tous, il fait parti des nihils, les pauvres, les moins que rien. C'est parce que la mĂšre de SĂ©phy a engagĂ© celle de Callum comme femme de mĂ©nage qu'ils se sont rencontrĂ©s et qu'ils sont devenus insĂ©parables malgrĂ© les obstacles...Le temps passe, l'amour nait...La rĂ©volte gronde parmi les nihils et Callum en devient presque malgrĂ© lui, le porte drapeau...critique Un superbe roman parfois dur cependant par la violence dĂ©crite, la rĂ©alitĂ© passionnĂ©e des sentiments...Une belle leçon contre le racismePour les 4Ăšme et les 3Ăšmes les maths Ă l'honneur ! Parce que mathĂ©matiques et littĂ©rature peuvent parfois se rencontrer...deux nouveaux livres qui mettent les maths Ă l'honneur... Le premier est un livre documentaire Ă©crit par Jean-jacques Greif intitulĂ© "j'ai mal aux maths mais je me soigne" ici ou rĂ©pondre Ă la question, pourquoi les maths sont importantes dans notre vie ?3 parties dans cet ouvrage pour rĂ©pondre Ă cette question les maths Ă l'Ă©cole, la place des mats dans notre vie et les maths dans l'histoire de l'humanitĂ© et de l'univers...et surtout pour donner le goĂ»t des maths !le second est un roman..."l'homme qui calculait" ici de Malba Tahanau 13Ăšme siĂšcle, Ă Bagdad, un jeune berger Ă©tonne tout le monde par sa capacitĂ© Ă rĂ©soudre les problĂšmes mathĂ©matiques les plus divers. Rejoignez le club ! Il y a une sĂ©rie de livres au CDI qui connait son petit succĂšs parmi les Ă©lĂšves de 5Ăšme et de 4Ăšme, il s'agit des aventures du club des baby-sitters !!!Deux nouveaux titres sont venus s'ajouter rĂ©cemment Ă ceux dĂ©jĂ prĂ©sents au CDI "amies pour toujours""nos plus belles vacances" toujours plus de mangas... La derniĂšre commande arrivĂ©e a permis d'enrichir un petit peu la petite bibliothĂšque de mangas du cdi. Ainsi, ont rejoint le CDI - les 2 premiers tomes de la saga Yu-gi-ho! couverture- le premier tome des aventures de DĂ©tective Conan couverture-le 4Ăšme tome de Fruits basket couverture- le 3Ăšme tome d'Alice 19th couverturemais je ne suis pas trĂšs calĂ©e en mangas. alors si faites moi part de vos goĂ»ts en la matiĂšre si vous voulez les voir rejoindre les mangas du CDI !Enfin si ce n'est pas dĂ©jĂ fait, venez admirer les dessins de mangas faits par deux Ă©lĂšves de 4Ăšme, affichĂ©s sur le bac Ă BD du CDI. jeu mortel de Moka Voir la couverture iciLes parents d'Arielle l'inscrivent Ă l'Ă©cole Saint-Charles, un pensionnat pour jeunes filles car ils partent au BrĂ©sil oĂč le pĂšre d'Arielle doit s'occuper d'un chantier... Mais les adolescentes de bonnes familles cachent une personalitĂ© bien diffĂ©rente... Arielle doit choisir son "clan" les "aristos", les "parvenues", les "intouchables" . Elle passe les rites de passage et rejoind le clan des Parvenues. DĂšs lors, elle va participer aux "petits jeux" auxquelles Parvenues et aristos se livrent dans le parc de l'Ă©cole, pendant la nuit...jeux qui vont peut ĂȘtre bien se retourner contre elles...Qui est Moka ? iciQuelques avis de jeunes Ă propos de "jeu mortel" ici Complot Ă Versailles de Annie Jay pour voir la couverture c'est par ici Guillaume de Saint-BĂ©ryl sauve une petite fille tombĂ©e dans la Seine. Elle est amnĂ©sique mais semble avoir vĂ©cu de terribles choses...La famille de Guillaume et notament sa soeur Pauline receuille l'enfant qui devient CĂ©cile...Les annĂ©es passent, CĂ©cile devenue guĂ©risseuse au contact de sa mĂšre adoptive accompagne son amie Pauline de Saint-BĂ©ryl Ă la cour du roi Louis XIV. Les deux jeunes filles sont Ă©merveillĂ©es par Versailles, en construction. Elles croisent et cotoient, leroi, la reine Marie-ThĂ©rĂšse, Madame de Montespan, Lully.... Au milieu des nombreuses intrigues de la cour, CĂ©cile pourrait bien se retrouver confronter Ă son passĂ©...Roman de 350 pages pour assez bons lecteurs, melant Ă la fois histoire et intrigues policiĂšres. On y trouve de nombreux personnages, parfois ayant rĂ©ellement existĂ©s, parfois totalement imaginaires, une multitude d'intrigues, de complots, de mystĂšres qui font que l'on ne s'ennuit jamaispour en savoir plus sur Annie Jay Survivre avec les loups un roman bouleversant article mis Ă jour le 1er mars 2008Le 16 janvier, sort donc au cinĂ©ma l'adaptation cinĂ©matographique de "Survivre avec les loups"livre Ă©crit par Misha Dafonseca site officiel du film.petite rĂ©sumĂ© 1941. Les parents de Misha, juifs, sont dĂ©portĂ©s. Elle mĂȘme est sur le point d'ĂȘtre dĂ©noncĂ©e par la famille censĂ©e la cacher. Misha s'enfuit Ă travers l'Europe Belgique, Allemagne, Pologne...Elle marche inlassablement pour "aller Ă l'est" oĂč se trouvent ses parents...Elle a froid, elle a faim et elle vole donc pour vivre, et surtout elle est adoptĂ©e par un couple de loups et par la meute toute entiĂšre avec laquelle elle va tenter de survivre...Misha Dafonseca Ou plutĂŽt Monique De Wael, son vĂ©ritable nom, a avouĂ© que son histoire n'Ă©tait absolument pas autobiographique et complĂštement inventĂ©e...Elle n'a jamais traversĂ© l'Europe avec des loups, ses parents ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s pour faits de rĂ©sistances, elle n'est pas juive...On peut se sentir trompĂ©, voir mĂȘme trahi. Et puis finalement, on peut se dire que cela reste une histoire, une belle histoire dans un contexte historique tout Ă fait vĂ©ridique. N'est ce pas le propre d'un roman ?un lien sur"l'affaire" Misha Dafonseca AstĂ©rix aux jeux olympiques le 30 janvier 2008 sort au cinĂ©ma "AstĂ©rix aux jeux olympiques"L'occasion pour moi de vous rappeler la prĂ©sence au CDI de nombreuses aventures du petit gaulois au casque ailĂ© ! L'occasion pour vous de comparer film et BD car AstĂ©rix aux jeux Olympiques se trouve dans le Bac Ă BD !
RĂ©sumĂ© et sĂ©lection de citations Ă©tablis par Bernard Martial professeur de lettres en CPGE Edition de rĂ©fĂ©rence Rivages poche/ Petite BibliothĂšque. PrĂ©sentation et traduction de Nicolas Waquet Entre numĂ©ros des pages dans cette Ă©dition. En vert citations, en rouge le mot guerre », en bleu le mot paix », en violet les mots clĂ©s de lâargumentation. LIVRE PREMIER Sur la nature de la guerre 2e partie, Ă 114 A lâintĂ©rieur de la structure complexe dâune grande armĂ©e, chaque membre peut recevoir des objectifs ponctuels dĂ©loger lâennemi dâune colline, dâun pont dont le but nâest pas la destruction des forces ennemies mais la dĂ©monstration de la force. Mais, le plus souvent, cette colline ou ce pont seront pris afin de mieux dĂ©truire la force armĂ©e ennemie. Sâil en est dĂ©jĂ ainsi sur le champ de bataille, quelle dimension cela prend-il sur lâensemble du théùtre de guerre, oĂč ce ne sont pas simplement deux armĂ©es qui se dressent lâune contre lâautre, mais deux Etats, deux peuples, deux pays ! » Avec lâaugmentation du nombre de relations, de dispositions et dâobjectifs, le moyen initial sâĂ©loigne davantage de la fin ultime. Il est donc possible que la destruction de la force armĂ©e ennemie ne soit pas la finalitĂ© de lâengagement mais un simple moyen. Dans ce cas, il nâimporte plus de le 60 rĂ©aliser car dans lâĂ©preuve de force qui peut consister en une simple Ă©valuation quâest lâengagement seul compte le rĂ©sultat. On comprend dĂšs lors que des campagnes entiĂšres puissent ĂȘtre conduites trĂšs activement sans que lâengagement effectif y joue un rĂŽle notable. Combien de cas se sont rĂ©solus de cette façon mĂȘme si des renommĂ©es doivent en pĂątir ? Ce qui nous importe ici est de montrer la possibilitĂ© dâun tel dĂ©roulement de lâacte militaire. Il nây a dans la guerre quâun seul moyen, lâengagement ». Nous avons considĂ©rĂ© la destruction de la force armĂ©e ennemie comme lâune des fins que lâon peut poursuivre 61 dans la guerre, mais nous nâavons pas examinĂ© lâimportance que lâon doit lui donner par rapport aux autres ». Lâengagement est la seule action efficace dans la guerre ». La destruction de la force armĂ©e ennemie est le fondement thĂ©orique de toute activitĂ© militaire mĂȘme si lâengagement nâest pas effectif. Le rĂšglement par les armes est aux opĂ©rations de guerre, grandes et petites, ce que le paiement comptant est aux transactions commerciales ». Si le rĂšglement par les armes est le fondement de toutes les combinaisons, il sâensuit que lâadversaire peut rendre lâune dâelles inopĂ©rante par un affrontement victorieux. 62 Ainsi la destruction de la force armĂ©e ennemie reste-t-elle le moyen suprĂȘme devant lequel tous les autres doivent cĂ©der. Pour autant, on ne peut se lancer dans une charge aveugle dont lâeffet serait pire pour notre armĂ©e que pour lâennemi. LâefficacitĂ© supĂ©rieure nâappartient pas Ă la voie, mais Ă la fin, et lâon fait ici que comparer lâeffet dâune fin atteinte avec une autre. Lorsque nous parlons de la destruction de la puissance armĂ©e ennemie, il nâest pas seulement question de force armĂ©e physique mais aussi de force morale. Les deux sont indissociables et lâĂ©lĂ©ment moral se rĂ©pand facilement dans lâarmĂ©e. Le coĂ»t et le danger que comporte la destruction des forces armĂ©es ennemies sâopposent Ă la valeur prĂ©pondĂ©rante de ce moyen sur tous les autres, et câest uniquement pour les Ă©viter que lâon sâengage dans dâautres voies. Il est comprĂ©hensible que ce moyen soit coĂ»teux car la dĂ©pense de nos propres forces armĂ©es est 63 dâautant plus grande que notre intention est dâanĂ©antir celles de lâennemi. Quant au danger de ce moyen, il rĂ©side en ce que lâefficacitĂ© supĂ©rieure que nous recherchons retombe sur nous en cas dâinsuccĂšs ; il entraĂźne donc de plus grands inconvĂ©nients. Les autres voies sont moins coĂ»teuses en cas de rĂ©ussite et moins dangereuses en cas dâĂ©chec Ă la condition cependant que lâennemi emprunte la mĂȘme voie. Car si lâennemi choisissait la voie dâun rĂšglement par les armes de grande envergure, notre choix tactique deviendrait le sien contre notre volontĂ© et il jouirait dâune probabilitĂ© de succĂšs supĂ©rieure. Mais ce que nous avons dit ici des desseins et des forces orientĂ©s dans une autre direction ne se rapporte quâaux fins positives, que lâon peut encore se fixer dans la guerre 64 en dehors de la destruction des forces ennemies. Cela ne concerne nullement la pure rĂ©sistance Ă laquelle on recourt dans lâintention dâĂ©puiser la force ennemie. Dans la rĂ©sistance pure, lâintention positive fait dĂ©faut. Par consĂ©quent, nos forces ne peuvent ĂȘtre dirigĂ©es vers dâautres objectifs, elles ne sont destinĂ©es quâĂ annihiler les desseins de lâadversaire ». La destruction de la force armĂ©e ennemie pĂŽle positif et la prĂ©servation de la nĂŽtre pĂŽle nĂ©gatif sont les deux parties dâun mĂȘme dessein. La volontĂ© de dĂ©truire les forces armĂ©es ennemies vise une fin positive et conduit Ă des succĂšs positifs dont lâobjectif final est de terrasser lâadversaire. La prĂ©servation de nos propres forces armĂ©es vise une fin nĂ©gative, et conduit donc Ă lâĂ©chec total du dessein ennemi, câest-Ă -dire Ă la rĂ©sistance pure, dont lâobjectif final est uniquement de prolonger la durĂ©e de lâaction pour Ă©puiser lâadversaire. La volontĂ© dirigĂ©e vers une fin positive engendre lâacte de destruction ; la volontĂ© dirigĂ©e vers une fin nĂ©gative lâattend. Nous aborderons la question de la durĂ©e de lâattente quand nous traiterons de la thĂ©orie de lâoffensive et de la dĂ©fensive. Disons simplement pour le moment que lâattente ne doit pas devenir passivitĂ© absolue. Il est dangereux de penser 65 que la solution qui Ă©vite une effusion de sang est toujours prĂ©fĂ©rable. De nombreux gĂ©nĂ©raux ont vu pĂ©rir leur armĂ©e en privilĂ©giant cette volontĂ© nĂ©gative et en tergiversant. Les considĂ©rations qui nous ont menĂ©s jusquâici ont bien montrĂ© quâil existe dans la guerre toutes sortes de voies pour parvenir au but, câest-Ă -dire Ă la rĂ©alisation de la fin politique, mais que lâengagement en est lâunique moyen ; par consĂ©quent, tout est soumis Ă une loi suprĂȘme celle du rĂšglement par les armes. Lorsque lâadversaire y a effectivement recours, on ne peut jamais sây 66 dĂ©rober ; le belligĂ©rant qui veut emprunter une autre voie doit donc ĂȘtre sĂ»r que lâadversaire nâaura pas recours Ă ce rĂšglement sous peine de perdre son procĂšs devant cette cour suprĂȘme. En un mot, de toutes les fins qui peuvent ĂȘtre poursuivies dans la guerre, la destruction de la force armĂ©e ennemie apparaĂźt toujours comme celle qui domine tout. Quant Ă ce que peuvent offrir dans la guerre les combinaisons dâune autre sorte, nous en prendrons connaissance par la suite et peu Ă peu, naturellement. Contentons-nous ici dâen admettre la possibilitĂ© en gĂ©nĂ©ral, comme une indication du dĂ©calage entre la rĂ©alitĂ© et le concept, et de lâinfluence des circonstances individuelles. Mais nous ne devons pas omettre de reconnaĂźtre dĂšs Ă prĂ©sent lâexplosion sanglante de la crise, la volontĂ© de dĂ©truire la force armĂ©e ennemie, comme la fille aĂźnĂ©e de la guerre ». Quand les fins politiques sont modestes, les motifs faibles, les tensions des forces minimes, un gĂ©nĂ©ral circonspect et adroit cherchera tous les moyens dâĂ©viter une grande crise et une rĂ©solution sanglante, pour se frayer un passage vers la paix en utilisant les faiblesses de son adversaire dans les domaines diplomatique et militaire. Nul nâa le droit de lui en faire grief, si ses hypothĂšses sont parfaitement fondĂ©es et aptes Ă mener au succĂšs. Mais il doit toujours avoir conscience quâil emprunte lĂ une voie hasardeuse, sur laquelle le dieu de la guerre risque de le surprendre ; il doit toujours garder un Ćil sur lâadversaire, afin de ne pas lâaffronter au fleuret mouchetĂ© quand lâautre lâattaquera avec un sabre tranchant. Ce quâest la guerre, comment fin et moyen y agissent, comment dans la rĂ©alitĂ© elle sâĂ©carte plus ou moins de son rigoureux concept originel en fluctuations diverses, tout en demeurant cependant toujours soumise Ă ce concept 67 rigoureux comme Ă une loi suprĂȘme- tous ces acquis doivent sâancrer dans notre esprit et y demeurer quand nous examinerons chacun de nos prochains objets dâĂ©tude. Cela est indispensable si nous voulons comprendre correctement leurs vĂ©ritables rapports, leur signification propre, sans tomber dans la plus criante contradiction avec la rĂ©alitĂ© et en dĂ©finitive avec nous-mĂȘmes ». Chapitre 3. Le gĂ©nie martial Lorsque les dispositions particuliĂšres dâesprit et de cĆur pour exercer avec virtuositĂ© une activitĂ© atteignent un degrĂ© supĂ©rieur et se manifestent par des actes hors du commun, on dĂ©signe lâesprit qui les possĂšde du nom de gĂ©nie. Nous entendrons ici par gĂ©nie » une puissance intellectuelle exceptionnellement dĂ©veloppĂ©e dans lâexercice dâune activitĂ© dĂ©terminĂ©e. Nous nâallons pas traiter le concept trop large de gĂ©nie mais simplement considĂ©rer la convergence des forces de lâĂąme dans lâactivitĂ© militaire, que nous pouvons alors envisager comme lâessence du gĂ©nie martial. Le gĂ©nie martial consiste prĂ©cisĂ©ment en cette convergence. 69 Il nâest pas constituĂ© dâune vertu guerriĂšre unique, comme le courage par exemple, tandis que dâautres qualitĂ©s de lâesprit ou du cĆur seraient absentes ou inadaptĂ©es Ă la guerre ; il est une union harmonieuse des forces, oĂč lâune ou lâautre peut prĂ©dominer, mais oĂč aucune ne doit sâopposer aux autres ». Chez les peuples sauvages et belliqueux, lâesprit martial anime la plupart des guerriers mais lâon trouve rarement un vrai grand gĂ©nĂ©ral ou un gĂ©nie militaire comme dans les peuples civilisĂ©s Romains, Français. Leurs plus grands noms, comme ceux de tous les peuples qui se sont illustrĂ©s dans la guerre, sont toujours justement apparus Ă des Ă©poques de haute culture. » Les forces intellectuelles occupent donc une place importante dans le gĂ©nie martial supĂ©rieur. La guerre est le domaine du danger ; le courage est donc, avant toute autre chose, la qualitĂ© premiĂšre du guerrier ». Il y a deux sortes de courage 1. le courage face au danger personnel, subdivisĂ© en deux catĂ©gories a indiffĂ©rence face au danger quâelle provienne de la constitution de lâindividu, du dĂ©dain de la vie ou de lâhabitude, câest en tout cas un Ă©tat permanent. Plus sĂ»r comme une seconde nature, il nâabandonne jamais lâhomme. Il relĂšve davantage de la constance et ne grise pas lâentendement. b le courage provenant de motifs positifs, comme lâambition, le patriotisme, lâenthousiasme de toutes sortes. En ce cas, le courage nâest pas tant un Ă©tat quâun mouvement de lâĂąme, un sentiment. Il mĂšne souvent plus loin. Il relĂšve plutĂŽt de la tĂ©mĂ©ritĂ©, accroĂźt la puissance de lâentendement mais le grise parfois. Lâunion des deux produit la forme la plus parfaite du courage. 2. le courage de faire face Ă la responsabilitĂ© devant le tribunal dâune instance extĂ©rieure ou de lâinstance intĂ©rieure quâest la conscience. nous nâen parlerons pas ici 71. La guerre est le domaine des efforts et des souffrances physiques. Pour ne pas y succomber, il faut une certaine force du corps et de lâĂąme qui, innĂ©e ou acquise, permet dây ĂȘtre indiffĂ©rent. Muni de ces qualitĂ©s, guidĂ© par le simple bon sens, lâhomme est dĂ©jĂ un solide instrument de guerre ». QualitĂ©s rĂ©pandues chez les peuples sauvages ou Ă demi civilisĂ©s. Si nous allons plus loin dans ce que la guerre exige de ceux qui sây consacrent, nous rencontrons, dominante, la puissance intellectuelle. La guerre est le domaine de lâincertitude ». Câest dans ce domaine oĂč flottent les trois quarts des Ă©lĂ©ments sur lesquels se fonde lâaction quâune intelligence fine et pĂ©nĂ©trante est requise, pour discerner la vĂ©ritĂ© Ă la seule mesure de son jugement. La plupart des situations feront apparaĂźtre ce dĂ©faut dâintelligence mĂȘme si, exceptionnellement la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre trouvĂ©e par hasard par une intelligence ordinaire ou si un courage extraordinaire peut compenser une erreur de jugement. La guerre est le domaine du hasard », plus que dans toute autre activitĂ© humaine. Le hasard accroĂźt lâincertitude dans toutes les circonstances et trouble le cours des Ă©vĂ©nements. Rien nâĂ©tant jamais sĂ»r du fait du hasard, le combattant ne peut jamais ĂȘtre sĂ»r de ces plans dâaction 72 mais, pour en concevoir dâautres, il faudrait disposer de donnĂ©es qui font souvent dĂ©faut, ce qui accroĂźt lâincertitude Si notre esprit veut sortir victorieux de ce combat constant avec lâimprĂ©vu, deux qualitĂ©s lui sont indispensables 1. une intelligence qui, dans cette obscuritĂ© plus intense, garde quelque vestige de cette lumiĂšre intĂ©rieure qui le guide vers la vĂ©ritĂ© le coup dâĆil en français ; 2. le courage de suivre cette faible lueur la rĂ©solution. Lâengagement est, dans la guerre, lâĂ©lĂ©ment qui a dâabord et le plus souvent attirĂ© lâattention ». La notion de coup dâĆil dĂ©signant toute dĂ©cision rapide et prĂ©cise est nĂ©e de lâapprĂ©ciation visuelle des deux facteurs du temps et de lâespace charges rapides de cavalerie 73 puis est devenue synonyme de rapiditĂ© dâaccession Ă la vĂ©ritĂ© pas forcĂ©ment par le simple regard. La rĂ©solution est un acte de courage dans chaque situation particuliĂšre ; si elle devient un trait de caractĂšre, elle est une habitude de lâĂąme. Il ne sâagit pas ici du courage face au danger physique mais face Ă la responsabilitĂ©, donc en quelque sorte, au danger moral. On lâa souvent nommĂ© courage dâesprit en français, car il provient de lâesprit bien quâil ne soit pas pour autant un acte purement intellectuel mais plutĂŽt un produit du tempĂ©rament. La pure intelligence nâest pas courage, car nous voyons souvent les gens les plus intelligents demeurer sans aucune rĂ©solution. Lâesprit doit donc tout dâabord Ă©veiller le sentiment du courage afin que ce dernier le maintienne et le soutienne car, dans la fiĂšvre de lâinstant, les hommes obĂ©issent davantage Ă leurs sentiments quâĂ leur intellect ». 74 La rĂ©solution, que le langage courant nomme goĂ»t du risque, penchant pour lâaudace, tĂ©mĂ©ritĂ©, hardiesse, lĂšve les souffrances du doute et les dangers de lâhĂ©sitation lorsque les motifs ne sont pas assez puissants pour pousser Ă lâaction. Dans le cas contraire motifs dominants, il nây a pas de raison de parler de rĂ©solution car il nây a pas de doutes. On ne peut parler ici que de force ou de faiblesse. Cette rĂ©solution qui triomphe de lâĂ©tat de doute ne peut ĂȘtre suscitĂ©e que par une orientation particuliĂšre de lâentendement, alliant esprit pĂ©nĂ©trant et courage nĂ©cessaire. Elle nâexiste que par un acte de lâesprit, qui porte Ă la conscience la nĂ©cessitĂ© de lâaudace et par lĂ dĂ©termine la volontĂ©. Cette orientation trĂšs particuliĂšre de lâentendement 75 qui, avec la peur de lâindĂ©cision et de lâhĂ©sitation, maĂźtrise toute autre peur en lâhomme, constitue la rĂ©solution dans les Ăąmes puissantes. Des hommes dâintelligence mĂ©diocre peuvent certes agir sans hĂ©sitation mais dĂšs lors quâils agissent sans rĂ©flexion, ils ne sont pas animĂ©s par le doute, beaucoup dâofficiers de hussards peuvent Ă©galement ĂȘtre rĂ©solus sans ĂȘtre de grands penseurs mais il est bien ici question dâune orientation particuliĂšre de lâentendement. La rĂ©solution doit donc son existence Ă une orientation particuliĂšre de lâesprit qui appartient Ă une intelligence plus puissante que brillante. Pour justifier cette gĂ©nĂ©alogie de la rĂ©solution, nous pouvons mentionner, Ă titre dâexemple, un grand nombre dâhommes qui ont fait preuve de la plus grande rĂ©solution dans des rangs infĂ©rieurs et lâont perdue en accĂ©dant Ă un poste supĂ©rieur. ParalysĂ©s par lâirrĂ©solution, ils ne savent plus prendre les dĂ©cisions alors quâils avaient lâhabitude dâagir sous la force de lâimpulsion. 76 Le coup dâĆil et la rĂ©solution nous conduisent directement Ă parler de la prĂ©sence dâesprit qui leur est apparentĂ©e. Cette qualitĂ© joue un rĂŽle majeur dans le royaume de lâimprĂ©vu quâest la guerre car elle nâest rien dâautre quâune capacitĂ© supĂ©rieure Ă vaincre lâimprĂ©visible ». Lâexpression prĂ©sence dâesprit, qui peut sâexprimer par la rĂ©partie Ă une apostrophe ou la parade face Ă un danger, dĂ©finit prĂ©cisĂ©ment et de façon trĂšs appropriĂ©e la justesse et la promptitude avec lesquelles lâintelligence offre son aide. Une repartie pertinente est davantage lâĆuvre dâun esprit spirituel ; un moyen appropriĂ© Ă un pĂ©ril soudain suppose avant tout un tempĂ©rament Ă©quilibrĂ©. Mais aucun des deux ne doit faire complĂštement dĂ©faut. Si lâon embrasse du regard les quatre composantes qui constituent lâatmosphĂšre dans laquelle Ă©volue la guerre, Ă savoir le danger, lâeffort physique, lâincertitude et le hasard, on conçoit alors aisĂ©ment quâil faut une grande force dâĂąme et dâesprit pour avancer avec sĂ»retĂ© et succĂšs dans cet Ă©lĂ©ment compliquĂ© ». Les historiens et les chroniqueurs militaires dĂ©signent cette force sous les noms dâĂ©nergie, de fermetĂ©, de persĂ©vĂ©rance, et de force dâĂąme et de caractĂšre. On pourrait considĂ©rer toutes ces manifestations 77 de la nature hĂ©roĂŻque comme une seule et mĂȘme force de volontĂ© mais nous avons intĂ©rĂȘt Ă distinguer de maniĂšre relativement prĂ©cise le jeu des forces de lâĂąme. Le poids, la charge, la rĂ©sistance, ce qui exige cette force de lâĂąme de la part de lâofficier, nâest que pour une part infime le rĂ©sultat immĂ©diat de lâactivitĂ© ennemie, de la rĂ©sistance ennemie, des opĂ©rations ennemies. Lâaction directe de lâactivitĂ© ennemie sur lâofficier ne touche dâabord que sa propre personne, sans affecter son activitĂ© de chef. En second lieu, la rĂ©sistance ennemie agit immĂ©diatement sur le chef par la perte des moyens quâengendre une rĂ©sistance prolongĂ©e, et par la responsabilitĂ© qui y est attachĂ©e. Câest Ă ce moment-lĂ que sa force de volontĂ© sera mise Ă lâĂ©preuve et au dĂ©fi pour la premiĂšre fois par le biais de ses rĂ©flexions tourmentĂ©es. Mais ceci est un problĂšme quâil ne doit rĂ©gler quâavec lui-mĂȘme. Tous les autres effets de la rĂ©sistance ennemie sont dirigĂ©s sur les combattants quâil commande et rĂ©agissent sur lui par leur intermĂ©diaire. Tant quâune troupe pleine de courage combat facilement et avec entrain, il est rare que lâofficier ait Ă dĂ©ployer une grande force de volontĂ© pour poursuivre son objectif. 78 Mais dĂšs que la situation devient difficile, le chef doit faire preuve dâune grande volontĂ© pour surmonter une rĂ©sistance qui nâest pas forcĂ©ment due Ă lâinsubordination des soldats mais peut ĂȘtre liĂ©e Ă lâimpression gĂ©nĂ©rale dâĂ©puisement des forces physiques et morales. Sâil ne parvient pas Ă rallumer chez eux la flamme de la rĂ©solution et de lâespoir, il plonge avec eux dans lâanimalitĂ© qui fuit le danger et ignore la honte. La force de la volontĂ© du chef doit Ă©videmment ĂȘtre proportionnelle Ă son rang et Ă ses charges. 79 LâĂ©nergie dans lâaction exprime la vigueur du motif qui a suscitĂ© cette action, que ce motif procĂšde dâune conviction intellectuelle ou dâun mouvement affectif qui ne saurait manquer lorsquâil sâagit de dĂ©ployer une grande force. La soif de gloire et dâhonneur est le plus puissant et le plus constant des sentiments Ă©levĂ©s que le cĆur humain Ă©prouve dans la fiĂšvre du combat mĂȘme si la langue allemande le dĂ©prĂ©cie en lui associant deux termes pĂ©joratifs Ehrgeiz » et Ruhmsucht », arrivisme et gloriole. Il est vrai que câest prĂ©cisĂ©ment dans la guerre que lâabus de ces fiĂšres aspirations a gĂ©nĂ©rĂ© les plus rĂ©voltantes injustices Ă lâencontre de lâhumanitĂ©. Mais en vertu de leur origine, ces sentiments doivent ĂȘtre comptĂ©s parmi les plus nobles de la nature humaine ; et ce sont eux en vĂ©ritĂ© qui, dans la guerre, insufflent la vie et donnent une Ăąme Ă ce corps monstrueux ». Tous les autres sentiments largement rĂ©pandus et apparemment supĂ©rieurs comme le patriotisme, le fanatisme idĂ©ologique, la vengeance, les enthousiasmes de toutes sortes, ne remplacent pas lâambition et le dĂ©sir de gloire et nâincitent pas le chef Ă se surpasser. Câest son ambition qui fait dâune action militaire prĂ©cise la propriĂ©tĂ© du commandant 80. Ya-t-il dâailleurs jamais eu un grand gĂ©nĂ©ral dĂ©nuĂ© dâambition ? La fermetĂ© indique la rĂ©sistance de la volontĂ© face Ă la puissance dâune frappe unique, la persĂ©vĂ©rance face Ă la durĂ©e. LĂ oĂč la fermetĂ© peut reposer sur la vigueur dâun sentiment, la persĂ©vĂ©rance exige plutĂŽt le soutien de lâentendement car avec la durĂ©e, une action se conforme de plus en plus Ă un systĂšme. Tournons-nous vers la force dâĂąme ou de caractĂšre. La premiĂšre question consiste Ă savoir ce que nous devons entendre par lĂ . Cette force de caractĂšre nâest pas la vĂ©hĂ©mence ou lâemportement mais la maĂźtrise de soi, facultĂ© dâobĂ©ir Ă la raison mĂȘme aux instants des plus violents bouleversements 81 qui a son siĂšge dans le tempĂ©rament mĂȘme. Chez les Ăąmes fortes, le sentiment de la dignitĂ© humaine, cet orgueil le plus noble, ce besoin le plus profond de lâĂąme dâagir en toutes circonstances comme un ĂȘtre douĂ© de discernement et de raison contrebalance la passion dĂ©chaĂźnĂ©e sans lâanĂ©antir. Nous pourrions donc dire quâune Ăąme forte est celle qui, mĂȘme dans les Ă©lans les plus impĂ©tueux, ne perd pas son Ă©quilibre. Jetons un regard sur la diversitĂ© des tempĂ©raments humains ou indolents hommes Ă la vivacitĂ© faible Difficile de parler de force dâĂąme car toute manifestation de force leur fait dĂ©faut. Il faut reconnaĂźtre quâĂ la guerre, en raison prĂ©cisĂ©ment de leur Ă©quilibre constant, ces hommes sont dâune certaine efficacitĂ© ». Cette efficacitĂ© nâest que partielle car il leur manque lâimpulsion mais ils ruinent rarement une opĂ©ration. mais calmes des gens trĂšs vifs, mais dont les sentiments nâexcĂšdent jamais une certaine intensitĂ© Facilement incitĂ©s Ă lâaction par de petites choses et accablĂ©s par les grandes. DĂ©ploieront une vive activitĂ© pour venir en aide Ă un seul mais le malheur dâun peuple entier les consternera sans les pousser Ă agir. Dans la guerre, ces hommes ne manqueront ni dâactivitĂ© ni dâĂ©quilibre, mais ils nâaccompliront jamais rien de grand ; Ă moins de possĂ©der une intelligence trĂšs puissante qui leur en donne le motif ». Il est rare quâune intelligence vigoureuse et indĂ©pendante sâallie Ă de tels tempĂ©raments. personnes trĂšs excitables dont les sentiments sâenflamment vite et violemment, comme la poudre, mais sâĂ©teignent rapidement. Les caractĂšres bouillonnants, enflammĂ©s, se prĂȘtent peu Ă la vie pratique, et donc aussi peu Ă la guerre ». Leurs impulsions puissantes sont puissantes mais brĂšves. Si leur vivacitĂ© est canalisĂ©e vers le courage et lâambition, ils seront souvent des subalternes dâune grande utilitĂ© dans la guerre ; pour la simple raison quâun 83 chef peu gradĂ© ne commande que des actes militaires de courte durĂ©e ». Les actions hĂ©roĂŻques durent peu. Du fait de la rapiditĂ© impĂ©tueuse de leurs sentiments, ces hommes ont deux fois plus de mal Ă maintenir leur Ă©quilibre ; câest pourquoi il leur arrive frĂ©quemment de perdre la tĂȘte, ce qui est la pire des choses lorsquâon est en guerre ». Mais ces tempĂ©raments excitables sont capables de conserver leur Ă©quilibre et dâavoir leur dignitĂ© mais celle-ci sâexprime souvent aprĂšs coup avec le recul. hommes aux passions Ă©nergiques, profondes et secrĂštes. des ĂȘtres que les motifs minimes nâĂ©branlent pas, qui ne sâĂ©meuvent pas rapidement mais graduellement, et dont les sentiments deviennent trĂšs puissants et bien plus durables. Les hommes peu Ă©motifs qui Ă©prouvent des Ă©motions profondes sont les plus aptes Ă dĂ©placer les masses immenses que reprĂ©sentent les difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă lâaction militaire 84. Sâils ne se laissent pas emporter par leurs sentiments au point dâen avoir honte cf supra ils peuvent perdre leur Ă©quilibre et ĂȘtre soumis Ă une passion aveugle si le noble orgueil de la maĂźtrise de soi vient Ă leur manquer. Une Ăąme forte nâest pas une Ăąme simplement susceptible de puissants Ă©lans, mais une Ăąme capable de garder son Ă©quilibre dans les Ă©lans les plus puissants. Si bien que, malgrĂ© les tempĂȘtes qui se dĂ©chaĂźnent dans sa poitrine, son discernement et ses convictions conservent toute leur finesse pour jouer leur rĂŽle. Ce quâon nomme la force de caractĂšre » ou, tout simplement, le caractĂšre », dĂ©signe la fermetĂ© avec laquelle un homme garde ses convictions dâoĂč quâelles viennent jugement personnel ou extĂ©rieur, principes, opinions, inspirations ou tout autre produit de lâesprit. Cette qualitĂ© ne sâapplique quâĂ des hommes dont les convictions sont trĂšs constantes, soit parce quâelles sont profondĂ©ment enracinĂ©es et claires, et se prĂȘtent donc peu au changement, soit parce que le manque dâactivitĂ© de lâentendement ne donne aucun motif de changement, comme chez les hommes indolents, soit enfin parce quâun acte formel de la volontĂ©, issu dâun principe souverain de la raison, rejette jusquâĂ un certain point tout changement dâopinion. Or, Ă la guerre- du fait des impressions fortes et innombrables que reçoit la sensibilitĂ©, du doute qui Ă©branle tout savoir et tout jugement- un homme a beaucoup plus de raisons que dans toute autre activitĂ© humaine de sâĂ©carter du chemin quâil sâest choisi et dâĂȘtre dĂ©concertĂ© par lui-mĂȘme ou par les autres ». La vue des souffrances donnant facilement plus de poids aux sentiments quâaux convictions intellectuelles, un changement de jugement est plus excusable et plus comprĂ©hensible. Câest pourquoi les divergences de vues ne sont nulle part aussi affirmĂ©es quâĂ la guerre, oĂč le flux torrentiel des impressions contrarie sans cesse nos convictions. Ces impressions sont si fortes et si vives, dans leur assaut combinĂ© contre lâesprit et la sensibilitĂ©, que mĂȘme le plus flegmatique des hommes aura grand mal Ă sâen protĂ©ger ». 86 Seuls les idĂ©es et les principes gĂ©nĂ©raux qui dirigent lâaction depuis un point de vue supĂ©rieur et antĂ©rieur permettent de rĂ©sister au flux des opinions et des impressions suscitĂ© par le prĂ©sent. GrĂące Ă cette prĂ©rogative que nous accordons dans les cas douteux Ă nos convictions antĂ©rieures, grĂące Ă la fermetĂ© avec laquelle nous nous y tenons, notre action acquiert cette stabilitĂ© et cette continuitĂ© que lâon nomme caractĂšre. On comprend facilement Ă quel point lâĂ©quilibre du tempĂ©rament favorise la force de caractĂšre ; aussi les hommes dâune grande force dâĂąme ont-ils la plupart du temps beaucoup de caractĂšre. La force de caractĂšre nous conduit Ă en examiner une forme abĂątardie, Ă savoir lâobstination. Il est souvent trĂšs difficile de dire concrĂštement oĂč commence lâune et oĂč finit lâautre ; en revanche, la diffĂ©rence abstraite entre les deux ne semble pas difficile Ă Ă©tablir. 87 Lâobstination refus de se soumettre Ă une meilleure comprĂ©hension des choses nâest pas un dĂ©faut intellectuel on peut mĂȘme attribuer ce refus Ă lâintelligence, câest un dĂ©faut du tempĂ©rament. Cette inflexibilitĂ© de la volontĂ©, ne relĂšve que dâune forme particuliĂšre dâamour-propre, qui place au-dessus de tout la satisfaction de rĂ©gner sur soi et sur les autres par la seule activitĂ© de son propre esprit. Mieux que la vanitĂ© qui se satisfait de lâapparence, lâobstination tire satisfaction de la rĂ©alitĂ©. La force de caractĂšre devient obstination dĂšs que la rĂ©sistance au jugement dâautrui ne rĂ©sulte ni dâune conviction mieux fondĂ©e, ni de la foi en un principe supĂ©rieur, mais dâun sentiment dâopposition. Cette obstination est diffĂ©rente de la simple intensification de la force de caractĂšre. Beaucoup dâhommes trĂšs obstinĂ©s manquent de force de caractĂšre par dĂ©faut de caractĂšre. AprĂšs avoir appris Ă reconnaĂźtre le grand chef de guerre Ă la virtuositĂ© avec laquelle il emploie ces qualitĂ©s, oĂč le tempĂ©rament et lâintelligence agissent conjointement, nous en arrivons maintenant Ă une particularitĂ© de lâactivitĂ© militaire. Bien quâelle ne soit pas la plus importante et quâelle ne fasse appel quâĂ la capacitĂ© intellectuelle, sans mobiliser la force de caractĂšre, il faut peut-ĂȘtre la considĂ©rer comme la plus forte. Il sâagit de la 88 relation que la guerre entretient avec le terrain et le pays ». Cette relation est 1. permanente une armĂ©e organisĂ©e ne peut mener une action militaire que dans un espace dĂ©terminĂ©. 2. dâune importance dĂ©cisive elle modifie les effets de toutes les forces, et les change parfois totalement. 3. Elle peut tout aussi bien porter sur les traits les plus minimes dâune localitĂ©, quâembrasser les plus vastes Ă©tendues. De la sorte, ce rapport entre la guerre, le terrain et le pays confĂšre Ă lâactivitĂ© militaire un caractĂšre tout Ă fait particulier ». Les autres activitĂ©s humaines qui sont fondĂ©es sur une relation avec le milieu sont toutes circonscrites Ă des espaces trĂšs limitĂ©s, faciles Ă explorer rapidement avec une exactitude suffisante. Le chef de guerre doit en revanche soumettre son activitĂ© Ă un espace qui y collabore, un espace que son regard ne peut embrasser, que le zĂšle le plus empressĂ© ne peut pas toujours explorer, et dont il acquiert rarement une vĂ©ritable connaissance du fait des changements continuels ». Cette difficultĂ© est gĂ©nĂ©ralement partagĂ©e avec lâadversaire sauf si lâun connait mieux le terrain que lâautre. Celui qui arrivera Ă la dominer en tirera un avantage considĂ©rable. Pour vaincre cette difficultĂ© trĂšs particuliĂšre, il faut une disposition dâesprit toute particuliĂšre nommĂ©e 89 sens de lâorientation facultĂ© de se faire rapidement de tout terrain une reprĂ©sentation gĂ©omĂ©trique exacte, et par consĂ©quent de sây retrouver facilement Ă chaque fois. MĂȘme si lâĆil et lâentendement interviennent et si la mĂ©moire est dâun grand secours, le sens de lâorientation fait essentiellement intervenir cette facultĂ© mentale que lâon nomme imagination. 90 LâentraĂźnement et le discernement interviennent Ă©normĂ©ment exemple de PuysĂ©gur, quartier-maĂźtre gĂ©nĂ©ral de Luxembourg. Lâusage de ce talent sâaccroĂźt naturellement avec le grade. Une simple capacitĂ© de conception et de reprĂ©sentation suffira au hussard ou au chasseur pour conduire une patrouille alors que le gĂ©nĂ©ral devra ĂȘtre capable dâavoir une idĂ©e gĂ©nĂ©ral de la gĂ©ographie dâun pays 91 pour donner Ă son action plus de fermetĂ©. Cette facultĂ© a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă lâimagination ; câest en effet le seul service que lâactivitĂ© militaire demande Ă cette dĂ©esse turbulente, qui lui est dâailleurs plutĂŽt nuisible quâutile. Nous pensons avoir pris en considĂ©ration toutes les manifestations des forces intellectuelles et morales que lâactivitĂ© militaire exige de la nature humaine. Lâentendement apparaĂźt partout comme une puissance dont la collaboration est essentielle. On comprendra alors pourquoi lâacte guerrier, qui se traduit par des phĂ©nomĂšnes si simples et si peu complexes, ne saurait ĂȘtre accompli de façon remarquable par des individus dont les capacitĂ©s intellectuelles ne seraient pas elles-mĂȘmes remarquables. Une fois cette idĂ©e acquise, on ne peut plus attribuer Ă un effort intellectuel considĂ©rable une opĂ©ration simple mille fois rĂ©pĂ©tĂ©e, comme le contournement dâune position ennemie, ou cent autres du mĂȘme type. Si lâon oppose souvent le valeureux soldat aux dirigeants cultivĂ©s, les exemples prouve ntque le courage ne suffit pas Ă lâun et la capacitĂ© mentale Ă lâautre 92. Mais nous parlons ici dâactes exceptionnels qui procurent le renom dans le domaine dâactivitĂ© oĂč ils sont rĂ©alisĂ©s. Dans celui de la guerre, Ă chaque Ă©chelon du commandement correspond donc un niveau particulier dâintelligence nĂ©cessaire, de gloire et dâhonneur. Un abĂźme profond sĂ©pare le chef suprĂȘme- le gĂ©nĂ©ral placĂ© Ă la tĂȘte dâune guerre entiĂšre ou dâun théùtre de guerre- du commandant situĂ© immĂ©diatement sous ses ordres ; pour la simple raison que ce dernier est bien plus prĂšs de ce quâil doit diriger et superviser, ce qui restreint donc beaucoup le cercle de sa propre activitĂ© intellectuelle ». Câest pourquoi lâopinion commune ne voit dâesprit Ă©minent quâĂ ce poste suprĂȘme, et croit quâune intelligence moyenne suffit Ă tous les rangs infĂ©rieurs. Nous voulons seulement montrer les choses telles quâelles sont, et mettre en garde contre lâerreur de croire quâĂ la guerre un bretteur Ă©cervelĂ© peut accomplir des exploits ». Si nous exigeons des capacitĂ©s intellectuelles proportionnelles au grade, on ne doit pas mĂ©sestimer la nature remarquable de lâintelligence pratique des hommes qui occupent des places de second rang dans une armĂ©e 93. Certains hommes parvenus Ă des postes supĂ©rieurs ne mĂ©ritent plus la gloire quâils ont acquise dans un poste infĂ©rieur. Du grade le plus bas jusquâau plus Ă©levĂ©, les exploits militaires exceptionnels vont donc de pair avec un gĂ©nie particulier. Cependant, lâHistoire et le jugement de la postĂ©ritĂ© ont coutume de rĂ©server lâappellation de gĂ©nie aux esprits qui ont brillĂ© Ă la tĂȘte des armĂ©es, aux gĂ©nĂ©raux en chef car cette fonction exige des capacitĂ©s intellectuelles et morales trĂšs supĂ©rieures. Pour mener brillamment Ă son terme une guerre entiĂšre, ou ses opĂ©rations les plus vastes que lâon nomme campagnes, il faut une grande intelligence des plus hautes donnĂ©es politiques de lâEtat. La conduite de la guerre et la politique convergent ici, et le gĂ©nĂ©ral devient en mĂȘme temps homme dâEtat ». On ne qualifie pas Charles XII et Henri IV de grands gĂ©nies 94. Pour ce quâun gĂ©nĂ©ral doit mesurer et comprendre dâun seul coup dâĆil, cf chapitre 1. Nous avons dit que le gĂ©nĂ©ral devient homme dâEtat ; mais il ne doit pas cesser dâĂȘtre homme de guerre. Dâun cĂŽtĂ©, son regard embrasse toutes les relations politiques ; de lâautre, il sait parfaitement ce quâil peut accomplir avec les moyens quâil possĂšde ». Le gĂ©nĂ©ral doit pressentir instinctivement la vĂ©ritĂ© dans la multiplicitĂ© et lâimprĂ©cision de toutes les donnĂ©es au risque de ne pouvoir juger. En ce sens, Bonaparte a dit fort justement que bien des dĂ©cisions qui incombent au gĂ©nĂ©ral pourraient constituer des problĂšmes mathĂ©matiques dignes dâun Newton et dâun Euler. On exige ici des facultĂ©s supĂ©rieures de lâesprit, lâunitĂ© et le jugement clairvoyant. Mais cette activitĂ© supĂ©rieure de lâesprit, ce regard du gĂ©nie, ne deviendrait pas phĂ©nomĂšne 95 historique sans le soutien des qualitĂ©s de tempĂ©rament et de caractĂšre que nous avons analysĂ©es. La vĂ©ritĂ© en elle-mĂȘme est pour lâhomme une motivation extrĂȘmement faible. Câest pourquoi il y a toujours une grande diffĂ©rence entre savoir et vouloir, entre connaĂźtre et pouvoir. Le motif le plus fort qui pousse lâhomme Ă agir passe toujours par les sentiments ; et le renfort le plus puissant, si lâon peut dire, par cette fusion de lâesprit et du cĆur que nous avons identifiĂ©e dans la rĂ©solution, la fermetĂ©, la persĂ©vĂ©rance et la force de caractĂšre. Si dâailleurs cette activitĂ© supĂ©rieure de lâentendement et du tempĂ©rament chez le gĂ©nĂ©ral Ă©tait admise a priori, sans se manifester dans le rĂ©sultat final de son acte, elle sâinscrirait rarement dans lâHistoire ». Le peu quâon connaĂźt gĂ©nĂ©ralement des Ă©vĂ©nements militaires ne fait pas apparaĂźtre les difficultĂ©s rĂ©elles quâil a fallu surmonter. De temps Ă autre seulement, dans les mĂ©moires dâun gĂ©nĂ©ral ou de lâun de ses confidents, ou Ă lâoccasion dâune recherche historique particuliĂšrement poussĂ©e sur un Ă©vĂ©nement prĂ©cis, quelques-uns des nombreux fils qui tissent la trame de la guerre apparaissent Ă la lumiĂšre du jour ». La plupart des rĂ©flexions et des dilemmes qui prĂ©cĂ©dent une opĂ©ration importante sont intentionnellement dissimulĂ©s. 96 Si nous nous demandons enfin quelle sorte dâintelligence correspond le plus au gĂ©nie martial, lâexpĂ©rience et lâinvestigation nous diront que câest davantage celle qui scrute que celle qui crĂ©e, celle qui embrasse plutĂŽt que celle qui dissĂšque, que câest davantage aux tĂȘtes froides quâaux tĂȘtes chaudes que lâon confiera le salut de nos frĂšres et de nos enfants, lâhonneur et la sĂ©curitĂ© de notre patrie. 97 Chapitre 4. Du danger dans la guerre LâidĂ©e que lâon se fait dâhabitude du danger avant de lâavoir connu est plutĂŽt attirante que repoussante. Lâauteur se fait ici narrateur en accompagnant le novice sur le champ de bataille oĂč le danger grandit 98. Un novice ne traversera pas ces diffĂ©rentes strates du danger sans percevoir que la pensĂ©e fonctionne ici autrement que dans son activitĂ© spĂ©culative. Il faudrait ĂȘtre un homme vraiment hors du commun pour ne pas perdre, dans ces premiĂšres impressions, la facultĂ© de se dĂ©cider instantanĂ©ment. MĂȘme sâil sâhabitue en partie, lâhomme ordinaire nâatteint jamais le dĂ©tachement parfait et lâĂ©lasticitĂ© naturelle de lâĂąme. Une bravoure enthousiaste, stoĂŻque, innĂ©e, une ambition impĂ©rieuse ou une longue familiaritĂ© avec le danger, il faut beaucoup de tout cela pour que lâaction, dans ce milieu oĂč tout est plus difficile, ne demeure pas en deçà de ce qui semble ordinaire quand on lâĂ©tudie en chambre. Le danger de la guerre relĂšve du phĂ©nomĂšne de friction ». Il est essentiel dâen avoir une idĂ©e juste. 100 Chapitre 5. De lâeffort physique dans la guerre Les jugements subjectifs portĂ©s sur les Ă©vĂ©nements militaires ont le mĂ©rite dâĂȘtre subjectifs, câest-Ă -dire de renfermer exactement le rapport entre celui qui porte le jugement et ce qui en fait lâobjet. Et les tĂ©moins gĂ©nĂ©ralement les dĂ©prĂ©cient, surtout sâils furent au cĆur de lâĂ©vĂ©nement. Câest lĂ une mesure de lâinfluence exercĂ©e par lâeffort physique et un indice de son importance dans le processus du jugement. Parmi les nombreux Ă©lĂ©ments non mesurables de la guerre, le principal est lâeffort physique ». A condition de ne pas ĂȘtre gaspillĂ©, il est un coefficient de toutes les forces, et personne ne peut dire exactement jusquâoĂč il peut ĂȘtre poussĂ©. Câest une chose quâune armĂ©e entourĂ©e de dangers, qui est proche de la fin 101 et ne peut trouver son salut que dans lâextrĂȘme tension de ses forces physiques mais câen est une autre quâune armĂ©e victorieuse, entraĂźnĂ©e par un sentiment de fiertĂ© et conduite par le bon plaisir de son gĂ©nĂ©ral. Le mĂȘme effort, qui dans le premier cas peut tout au plus susciter notre compassion, doit nous remplir dâadmiration pour le second, car il y est bien plus difficile Ă obtenir. LâĆil inexpĂ©rimentĂ© voit donc apparaĂźtre Ă la lumiĂšre lâun des facteurs qui enchaĂźnent dans lâobscuritĂ© les mouvements de lâesprit et dĂ©vorent en secret les forces de lâĂąme. Bien quâil ne sâagisse ici prĂ©cisĂ©ment que de lâeffort que le gĂ©nĂ©ral impose Ă son armĂ©e et le chef Ă ses subordonnĂ©s, donc du courage pour lâexiger et de lâart de la maintenir, il ne faut cependant pas nĂ©gliger lâeffort physique du chef et du gĂ©nĂ©ral lui-mĂȘme. AprĂšs avoir poussĂ© consciencieusement lâanalyse de la guerre jusquâici, nous devons prendre aussi en considĂ©ration le poids de ces scories ». Lâeffort physique comme le danger appartient aux causes fondamentales de friction et sa mesure est incertaine. Pour Ă©viter les abus issus de ces considĂ©rations, de cette estimation des conditions qui aggravent la guerre, la nature a confiĂ© Ă notre sensibilitĂ© la conduite de notre jugement ». Un individu insultĂ© nâa pas intĂ©rĂȘt Ă faire Ă©tat de son imperfection de mĂȘme que le gĂ©nĂ©ral battu 102 ne pourra invoquer les dangers qui auraient rehaussĂ© sa victoire. Notre sentiment nous interdit donc lâĂ©quitĂ© apparente vers laquelle nous pousserait notre jugement, si bien que le sentiment se rĂ©vĂšle ĂȘtre un jugement supĂ©rieur. 103 Chapitre 6. Les renseignements dans la guerre Nous dĂ©signons sous le terme de renseignements lâensemble de la connaissance que lâon a de lâennemi et de son pays, donc le fondement de tous nos projets et de toutes nos opĂ©rations. Que lâon considĂšre un instant la nature de ce fondement, son incertitude et son instabilitĂ©, et lâon sentira vite Ă quel point lâĂ©difice de la guerre est fragile, dangereux, et avec quelle facilitĂ© il peut sâĂ©crouler et nous ensevelir sous ses dĂ©combres. Tous les manuels rĂ©pĂštent bien que lâon ne doit se fier quâaux renseignements sĂ»rs, que lâon ne doit jamais se dĂ©partir de sa mĂ©fiance ». Mais ce principe thĂ©orique qui donne bonne conscience Ă leurs auteurs se heurte Ă la rĂ©alitĂ©. Une grande part des renseignements que lâon reçoit en temps de guerre est contradictoire, une part plus grande encore est fausse et la majoritĂ© est de loin passablement douteuse. Ce que lâon peut alors exiger dâun officier, câest un certain discernement, que seuls procurent la compĂ©tence, la psychologie et le jugement. La loi des probabilitĂ©s doit le guider. Cette difficultĂ© nâest dĂ©jĂ pas nĂ©gligeable au moment des premiers plans Ă©laborĂ©s en chambre, en dehors de la sphĂšre de la guerre proprement 104 dite, mais elle est infiniment plus grande dans la mĂȘlĂ©e de la guerre elle-mĂȘme oĂč un renseignement bouscule lâautre ; câest alors une chance si un certain Ă©quilibre naĂźt de leur contradiction et sâils suscitent dâeux-mĂȘmes la critique ». La situation est pire pour celui qui nâa pas dâexpĂ©rience mais que lâaccumulation de renseignements faux conduit Ă une mauvaise dĂ©cision. Le chef doit avoir une confiance inĂ©branlable en sa conviction intĂ©rieure et rĂ©sister au pessimisme des visions nĂ©gatives. Le rĂŽle est difficile et celui que lâexpĂ©rience militaire nâa pas aguerri et affermi dans son jugement doit prendre pour rĂšgle de se forcer Ă pencher du cĂŽtĂ© de ses espoirs plutĂŽt que du cĂŽtĂ© de ses craintes, en dĂ©pit de son intime conviction. Câest seulement de cette maniĂšre quâil rĂ©tablira un vĂ©ritable Ă©quilibre. Voir exactement cette difficultĂ©, qui constitue lâune des plus importantes frictions de la guerre, donne une vision des choses complĂštement diffĂ©rente de celle que lâon avait imaginĂ©e. Les impressions des sens sont plus fortes que les calculs de lâintelligence rĂ©flexive". Au point 105 quâune opĂ©ration un tant soit peu importante nâa jamais Ă©tĂ© conduite sans que le commandant nâait dĂ» triompher de nouveaux doutes au dĂ©but de son exĂ©cution et que les hommes sont presque toujours frappĂ©s de perplexitĂ© devant les faits par rapport Ă son avis initial. Sa conviction antĂ©rieure se vĂ©rifiera dans le dĂ©veloppement de lâaction, quand disparaĂźtront les dĂ©cors intercalĂ©s par le destin Ă lâavant-scĂšne de la guerre avec leur peinture outrĂ©e du danger, et quand lâhorizon se sera Ă©largi ». Tel est lâun des plus profonds abĂźmes qui sĂ©parent le projet de son exĂ©cution. Chapitre 7. La friction dans la guerre Tant que lâon nâa pas vĂ©cu soi-mĂȘme la guerre, on ne saisit pas en quoi consistent les difficultĂ©s dont il est toujours question, ni vraiment ce que viennent y faire le gĂ©nie et la puissance intellectuelle extraordinaire que lâon exige du gĂ©nĂ©ral ». Tout semble a priori si simple. Mais lorsquâon a vu la guerre, tout devient clair. Et pourtant, il est extrĂȘmement difficile de dĂ©crire ce qui suscite ce changement, de nommer ce facteur invisible qui agit partout. Tout est trĂšs simple dans la guerre, mais les choses les plus simples sont difficiles. Ces difficultĂ©s sâaccumulent et produisent une friction dont celui qui nâa pas vu la guerre ne peut se faire une idĂ©e juste ». exemple des mĂ©saventures inattendues dâun voyageur 107. Ainsi dans la guerre tout est revu Ă la baisse sous lâinfluence dâinnombrables petits dĂ©tails, quâon ne peut jamais prendre dĂ»ment en considĂ©ration sur le papier, si bien que lâon reste trĂšs en deçà de lâobjectif. Une volontĂ© de fer, puissante, surmonte cette friction ; elle broie les obstacles, mais elle pulvĂ©rise la machine en mĂȘme temps. [âŠ] Comme un obĂ©lisque, vers lequel convergent les avenues dâune ville, la ferme volontĂ© dâun esprit fier se dresse dans son impĂ©rieuse supĂ©rioritĂ© au centre de lâart de la guerre. La friction est le seul concept qui corresponde Ă peu prĂšs Ă ce qui distingue la guerre rĂ©elle de la guerre sur le papier ». La machine militaire est en principe trĂšs simple, tout fonctionnant au service de lâunitĂ© pour limiter la friction. Mais il nâen est pas ainsi dans la rĂ©alitĂ©, et la guerre rĂ©vĂšle immĂ©diatement tout ce que cette reprĂ©sentation a dâexcessif et de faux. Le bataillon reste toujours composĂ© dâun certain nombre dâhommes dont le plus insignifiant peut, au grĂ© du hasard, arrĂȘter ou mĂȘme dĂ©rĂ©gler la machine. Les dangers que la guerre comporte, les efforts physiques quâelle exige aggravent tellement le mal quâil faut les considĂ©rer comme ses causes principales ». 108 Cette friction Ă©pouvantable, quâil est impossible de concentrer sur quelques points, est donc partout en contact avec le hasard. Elle suscite alors des phĂ©nomĂšnes imprĂ©visibles, prĂ©cisĂ©ment parce quâils appartiennent en grande partie au hasard. Le temps, par exemple, en est un. Le brouillard ou la pluie peuvent tout changer au dĂ©roulement dâune bataille. Pour donner cependant une idĂ©e prĂ©cise des petites difficultĂ©s que la guerre oblige Ă vaincre, il faudrait les illustrer par tant dâexemples, que nous craindrions de lasser le lecteur. Lâaction militaire est un mouvement dans un milieu rĂ©sistant. Pas plus quâil nâest possible dâexĂ©cuter dans lâeau, avec facilitĂ© et prĂ©cision, un mouvement aussi simple et aussi naturel que la marche, il est impossible dans la guerre de se maintenir ne serait-ce quâĂ un niveau moyen avec des forces ordinaires ». DâoĂč lâinutilitĂ© des thĂ©oriciens dans ce domaine 109. En outre, toute guerre est riche en phĂ©nomĂšnes particuliers ». Chacune est un lieu inexplorĂ© dĂ©fiant les pronostics. La connaissance de cette friction est une composante majeure de lâexpĂ©rience de la guerre tant vantĂ©e que lâon exige dâun bon gĂ©nĂ©ral ». Le meilleur gĂ©nĂ©ral nâest pas celui qui est impressionnĂ© par cette friction mais qui sait la surmonter en ayant cette pratique du jugement quâon appelle le tact apprĂ©ciation intuitive de ce quâil faut faire. De mĂȘme, seul lâofficier expĂ©rimentĂ© prendra toujours, dans les grands Ă©vĂ©nements comme dans les petits, dans chaque pulsation de la guerre, en quelque sorte, les rĂ©solutions et 110 les dĂ©cisions appropriĂ©es ». Il sera donc rarement pris en dĂ©faut, alors que de frĂ©quentes erreurs dâapprĂ©ciation se rĂ©vĂšlent extrĂȘmement dangereuses. La friction est donc ce qui rend difficile ce qui paraĂźt facile. Il apparaĂźtra alors clairement quâoutre lâexpĂ©rience et une grande force de volontĂ©, maintes autres qualitĂ©s de lâesprit sont encore nĂ©cessaires pour faire un parfait chef de guerre ». Chapitre 8. Conclusions du premier livre Avec le danger, les efforts physiques, les renseignements et la friction, nous avons identifiĂ© les Ă©lĂ©ments qui composent lâatmosphĂšre de la guerre et qui en font un milieu rĂ©sistant Ă toute activitĂ©. La rĂ©sistance quâils produisent permet de les rĂ©unir dans le concept commun de friction gĂ©nĂ©ralisĂ©e ». Seul lâaguerrissement de lâarmĂ©e peut lubrifier ce frottement ». Lâhabitude fortifie le corps soumis aux grands efforts, elle trempe lâĂąme confrontĂ©e aux grands dangers, elle soutient le jugement assailli par la premiĂšre impression. Elle donne Ă tous, du hussard et du tirailleur jusquâau gĂ©nĂ©ral de division, une prĂ©cieuse circonspection qui facilite lâaction du gĂ©nĂ©ral en chef ». Le soldat aguerri est comme une Ćil qui sâest habituĂ© Ă voir dans le noir. Lâaguerrissement est une chose quâaucun gĂ©nĂ©ral ne peut donner Ă son armĂ©e. Les manĆuvres en temps de paix nâen offrent quâun faible succĂ©danĂ© ; faible comparĂ© 112 Ă la vĂ©ritable expĂ©rience de la guerre, mais supĂ©rieur Ă ces exercices qui nâinculquent Ă une armĂ©e quâune habiletĂ© mĂ©canique. Organiser les exercices en temps de paix de telle sorte quâon y trouve une partie de ces objets de friction, que le jugement, la circonspection , et mĂȘme la rĂ©solution des diffĂ©rents commandants soient mis Ă lâĂ©preuve, voilĂ qui est dâune importance bien plus grande que ne le croient ceux qui nâont jamais fait lâexpĂ©rience de la guerre. Il est infiniment important que le soldat, quel que soit son rang, ne dĂ©couvre pas lors du combat ces phĂ©nomĂšnes propres Ă la guerre, qui surprennent et dĂ©sorientent la premiĂšre fois ». MĂȘme si ces exercices sont peu nombreux, ils sont importants pour sâhabituer. A la guerre, la nouvelle recrue a une forte tendance Ă prendre les efforts inhabituels pour les consĂ©quences des erreurs, des mĂ©prises et de la confusion du commandement suprĂȘme, ce qui lâaccable doublement. Il nâen sera rien si elle y est dĂ©jĂ prĂ©parĂ©e par des exercices effectuĂ©s en temps de paix ». Un autre moyen dâaguerrir les troupes en temps de paix consiste Ă enrĂŽler des officiers expĂ©rimentĂ©s appartenant Ă des armĂ©es Ă©trangĂšres. La paix rĂšgne rarement dans toute lâEurope, et la guerre ne sâĂ©teint jamais dans le reste du monde. Un Etat longtemps en paix devrait donc constamment chercher Ă faire venir de ces théùtres dâopĂ©rations des officiers qui sây sont distinguĂ©s, ou Ă y dĂ©tacher quelques-uns des siens pour quâils sâinitient Ă la guerre ». MĂȘme si ces officiers sont peu nombreux et sâils ne peuvent ĂȘtre placĂ©s Ă des postes de commandement 113 leur rĂŽle dâexperts est important.
Figure 1 La campagne de MacĂ©doine © Colonel F. Feyler, 1920, la campagne de MacĂ©doine 1916-1917, GenĂšve, Ăditions dâart, Boissonnas 1LâĂ©chec de la campagne des Dardanelles porte gravement atteinte au prestige des alliĂ©s. ParallĂšlement, lâĂ©tĂ© 1915 voit lâĂ©puisement de la Serbie face Ă lâAutricheâHongrie et, le 6 septembre, la Bulgarie sâallie aux puissances centrales. Les menaces qui se prĂ©cisent sur la Serbie et sâintensifient alors ont pour consĂ©quence le dĂ©placement du front dâOrient. La lutte contre les Turcs est abandonnĂ©e au profit dâune stratĂ©gie plus rĂ©aliste. La France et la GrandeâBretagne dĂ©cident dâintervenir et conduisent dans un premier temps Ă Salonique les troupes repliĂ©es progressivement de la presquâĂźle de Gallipoli. Les alliĂ©s en Orient vont comprendre des troupes françaises, britanniques, serbes, russes puis italiennes et, enfin, grecques. 2DĂšs le 5 octobre 1915 a lieu le premier dĂ©barquement Ă Salonique, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Sarrail, avec lâaccord du Premier ministre grec, VenizĂ©los. LâidĂ©e Ă©tait de marcher sur Nis pour arrĂȘter la progression des Bulgares sur la Serbie, et de maintenir ainsi un second front oriental contre les puissances centrales. La situation militaire ne rĂ©pondant pas aux espĂ©rances, il a fallu se replier sur Salonique, ville refuge encerclĂ©e de loin par les troupes de la Triple Alliance. TransformĂ©e en camp retranchĂ© solidement tenu Ă lâest, le long de la Struma et Ă lâouest, sur le Vardar, elle accueille, dans lâĂ©tĂ© 1916, prĂšs de 300 000 hommes Français, Britanniques, Serbes, Italiens et Russes. Figure 2 Salonique, les fronts, les reliefs de lâarriĂšre-pays macĂ©donien © CP, APA 3La prĂ©sence des troupes francoâanglaises en MacĂ©doine provoque une grave crise en GrĂšce. En effet, lâEntente qui craignait un front uni Allemagne-AutricheâHongrie-Bulgarie-Empire ottoman, pour maintenir la Bulgarie dans la neutralitĂ©, propose Ă la GrĂšce, si elle la rejoint, des terres sur les cĂŽtes dâAsie Mineure, mais Ă condition de cĂ©der Ă la Bulgarie la rĂ©gion de Kavala ; un peu plus tard, lâoffre concernera Chypre. Le Premier ministre VenizĂ©los, persuadĂ© de la victoire future de lâEntente, est prĂȘt Ă discuter. Mais accepter lâidĂ©e dâune possible cession dâune partie de la MacĂ©doine aux Bulgares, Ă peine deux ans aprĂšs avoir affrontĂ© ces mĂȘmes Bulgares, est une faute politique qui renforce ses ennemis. Il sâoppose Ă la volontĂ© de neutralitĂ© du roi Constantin, persuadĂ©, lui, de la supĂ©rioritĂ© allemande, et doit dĂ©missionner quand celuiâci refuse la participation de son pays Ă lâexpĂ©dition des Dardanelles, le 6 mars 1915. Vainqueur des Ă©lections lĂ©gislatives en juin, il redevient Premier ministre le 16 aoĂ»t et, le 2 octobre 1915, il autorise les troupes de lâEntente Ă dĂ©barquer Ă Salonique. Le 5 octobre, jour du premier dĂ©barquement, le roi le convoque et lui signifie son renvoi. La situation politique grecque se tend pendant lâannĂ©e 1916, des partisans du roi et dâautres, de VenizĂ©los, sâaffrontent violemment dans les rues dâAthĂšnes et des petites villes de province ; en mai 1916, le roi cĂšde sans combat le fort frontalier de Rupel aux forces bulgaroâallemandes, et lâEntente riposte par un blocus naval de la GrĂšce, tout en exigeant la dĂ©mission du gouvernement. En aoĂ»t, les forces bulgares occupent toute la MacĂ©doine orientale et se trouvent donc en mesure de menacer Salonique. Le 29 aoĂ»t, des officiers vĂ©nizĂ©listes proclament dans cette ville le mouvement de DĂ©fense nationale et, trois semaines plus tard, VenizĂ©los y constitue un gouvernement provisoire et dĂ©clare la guerre aux puissances centrales. La GrĂšce est divisĂ©e en deux, lâopinion grecque Ă©galement. Le 22 octobre, lâEntente exige du roi quâil lui livre la majeure partie de la flotte grecque encore sous son contrĂŽle et la moitiĂ© de ses armements lourds ; refus. AprĂšs cinq mois de blocus, le roi ne voulant pas cĂ©der, la flotte angloâfrançaise, le 1er dĂ©cembre 1916, bombarde le palais royal, des soldats de lâEntente dĂ©barquent Ă AthĂšnes, mais se heurtent Ă la rĂ©action de la population, les combats de rues entre les royalistes et les vĂ©nizĂ©listes sâamplifient. La France dĂ©cide alors une intervention plus musclĂ©e. Le 30 mai, les FrancoâAnglais exigent la dĂ©mission et le dĂ©part du roi. Finalement, le 10 juin 1917, le hautâcommissaire alliĂ©, Jonnart, dĂ©barque 10 000 soldats au PirĂ©e et obtient lâabdication du roi en faveur de son second fils, Alexandre ; le 26 juin, VenizĂ©los arrive Ă AthĂšnes. Les rapports politiques entre lâEntente et la GrĂšce sont donc longtemps difficiles, et compliquent la situation de Sarrail et de ses hommes Ă Salonique, ce dâautant plus que les habitants de la MacĂ©doine, quâils soient slavophones ou hellĂ©nophones, sont particuliĂšrement concernĂ©s par les effets dâune possible dĂ©faite ou victoire devant la Bulgarie ; le sort des populations de la rĂ©gion de Kavala sert dâexemple aux uns et aux autres. Ce nâest, en dĂ©finitive, que dans lâĂ©tĂ© 1918 que les troupes alliĂ©es, bloquĂ©es depuis 1916, reprennent la guerre de mouvement contre la Bulgarie en ayant intĂ©grĂ© des troupes grecques. 4Mais en octobre 1915, devant la dĂ©route de lâarmĂ©e serbe, les hommes de Sarrail sont brutalement dĂ©tournĂ©s de leur destination un temps envisagĂ©e un dĂ©barquement sur les cĂŽtes dâAsie Mineure et reçoivent lâordre de dĂ©barquer Ă Salonique et de remonter vers le nord. Cette action Ă©choue et cĂšde la place Ă une guerre de position. Les trois annĂ©es suivantes voient se multiplier les difficultĂ©s. ComplĂ©tant les quatre divisions arrivĂ©es de France ou des Dardanelles Ă la fin de lâannĂ©e 1915 et au dĂ©but de 1916, la France renforce ses effectifs en Orient par lâenvoi de deux autres divisions, les 11e et 16e DIC, Ă la fin de lâannĂ©e 1916. Au dĂ©but du mois dâaoĂ»t 1916, les alliĂ©s, sur le point dâeffectuer une action, sont surpris par une offensive bulgare sur leurs deux flancs quâils contiennent avec peine. Si une contreâoffensive permet de refouler les assauts sur le flanc ouest, au nord de Monastir, elle ne peut cependant rĂ©ussir Ă lâest, et laisse les Bulgares se fixer le long de la vallĂ©e de la Struma. Enfin, face Ă la gravitĂ© de lâaffaire grecque et Ă lâĂ©preuve de force que reprĂ©sente lâaffrontement Ă AthĂšnes avec les troupes fidĂšles au roi Constantin en dĂ©cembre 1916, deux divisions, la 76e et la 30e DI, sont acheminĂ©es pour soutenir lâaction visant Ă obtenir la destitution du roi. 2 Facon, 1977, chapitre 4. 5La France envoie donc en tout huit divisions sur le front dâOrient. Patrick Facon note que le nombre de soldats qui furent affectĂ©s Ă lâarmĂ©e dâOrient varie, selon les estimations, entre 370 000 et 600 000 hommes, il retient le nombre de 378 000 hommes en sâappuyant sur les chiffres fournis par Franchet dâEspĂšrey ; si lâon Ă©tudie les chiffres moyens par annĂ©e, lâannĂ©e 1917 vient en tĂȘte avec une moyenne de 156 750 hommes. Lâensemble de la pĂ©riode est marquĂ© par le problĂšme du renouvellement des troupes en raison de lâĂ©loignement des bases et des rĂ©ticences de lâĂtat-Major Ă envoyer des renforts. Patrick Facon affirme que cette armĂ©e a souffert de façon endĂ©mique du manque de soldats » et que les dĂ©ficits ne cessent de se dĂ©velopper et de prĂ©occuper le commandement2 ». 3 Bernadotte, 1921a, p. 186. 4 Burnet in Ancel, 1921, p. 153. Il est restĂ© 27 mois en Orient. 6Dans la guerre de mouvement, les officiers voient fondre le nombre de leurs hommes ; le 2 septembre 1916, le lieutenant Bernadotte apprend que son rĂ©giment subit une opĂ©ration de dissection » qui consiste Ă supprimer une compagnie par bataillon, chacun comprendra dĂ©sormais trois compagnies au lieu de quatre3. Dans le secteur de la Cerna, en 1918, les effectifs sont tels que les bataillons restent 27 jours en ligne pour 9 jours au repos, et que certains rĂ©giments sont restĂ©s sans relĂšve pendant 110 jours4. LouisâGaston Giguel, sapeur, est nommĂ© caporal en septembre 1916, son escouade comprend six poilus câest peu, Ă©critâil, mais câest lâescouade la plus forte de ma section. Les autres ne comptent que trois ou quatre hommes ». AndrĂ© Ducasse parle, quant Ă lui, de rĂ©giments squelettiques ». 7En plus des blessures, les ravages du paludisme imposent de nombreux rapatriements. Quand on dĂ©cide, en 1917, de relever les soldats aprĂšs 18 mois en Orient, 45 000 soldats ont dĂ©jĂ passĂ© les 18 mois indiquĂ©s, 9 000 ont besoin dâĂȘtre rapatriĂ©s avant la saison des Ă©pidĂ©mies ; et, comme lâarmĂ©e hĂ©site Ă envoyer de jeunes recrues avant la fin de la saison des fiĂšvres, finalement les 18 mois ne seront pas appliquĂ©s. Le projet Pottevin du nom du dĂ©putĂ© qui lâa proposĂ© prĂ©voit dâenvoyer en Orient un maximum de soldats indigĂšnes, malgrĂ© les problĂšmes que leur posent le froid et le gel hivernal ; on dĂ©nombre ainsi, en septembre 1918, 23 bataillons de tirailleurs sĂ©nĂ©galais, 4 bataillons dâIndochinois, 3 bataillons de Malgaches, sans compter les spahis marocains et les chasseurs dâAfrique, soit environ 1/5e du contingent français. LâarmĂ©e dâOrient fonctionne en permanence en sousâeffectif, et en utilisant des malades qui restent en poste. 8Le caractĂšre original de ce front reste le fait que les troupes sont implantĂ©es en MacĂ©doine grecque depuis 1913, sur des territoires peu contrĂŽlĂ©s et contrĂŽlables, oĂč lâadhĂ©sion des autochtones Ă leur cause nâest pas acquise, compte tenu des divergences qui opposent les Grecs entre eux, et de la prĂ©sence de partisans de la cause bulgare parmi la population locale, en particulier dans lâouest de la rĂ©gion. Ces soldats ont Ă©tĂ© envoyĂ©s sauver les Grecs » des Bulgares et constatent que les Bulgares nâavancent plus, que les Grecs » ne les attendaient pas et que, dâailleurs, en MacĂ©doine, surtout en milieu rural, ils ne sont pas majoritaires. De quoi les dĂ©stabiliser⊠9LâĂ©tude de cette pĂ©riode et de la perception quâen ont eue les combattants français peut se diviser en trois ensembles, le premier concerne la guerre elleâmĂȘme, le second, la vie quotidienne des combattants et un dernier ensemble est consacrĂ© au cas particulier de la ville de Salonique. La guerre de position organisation militaire de lâespace macĂ©donien 10Hormis les deux couloirs que sont la vallĂ©e du Vardar et la PĂ©lagonie Ă lâouest, le front est situĂ© Ă cheval sur de hautes montagnes comparables aux PyrĂ©nĂ©es. Ă partir de dĂ©cembre 1915, Ă la suite de la retraite de Serbie et de lâarrĂȘt de la poursuite bulgare, lâarmĂ©e dâOrient prend progressivement la maĂźtrise dâun territoire qui varie peu jusquâĂ la grande offensive du 15 septembre 1918. Il se prĂ©sente comme un vaste rectangle de 300 km de long, et de 100 km de large environ, le front correspondant Ă la longueur du cĂŽtĂ© nord. Salonique se trouve au niveau de la longueur au sud, mais dĂ©calĂ©e vers lâest, ce qui rend plus lointains, vus de la ville, les espaces situĂ©s au nordâouest. 11Quatre aurĂ©oles aux fonctions diffĂ©rentes peuvent ĂȘtre repĂ©rĂ©es, se dĂ©veloppant Ă partir du port de Salonique, point de dĂ©barquement des troupes. La premiĂšre correspond Ă lâespace urbain salonicien et Ă ses extensions traitĂ©e avec lâĂ©tude de la ville. La seconde aurĂ©ole correspond au territoire organisĂ© Ă lâintĂ©rieur du camp retranchĂ© dont les travaux de dĂ©fense sont entrepris entre dĂ©cembre 1915 et le printemps 1916. La troisiĂšme aurĂ©ole est une zone dans laquelle on trouve au milieu dâespaces dĂ©sertĂ©s, de petites villesârelais, situĂ©es sur les axes, oĂč sâĂ©tablissent des structures dâaccueil pour les soldats, les blessĂ©s et le ravitaillement. Câest militairement une zone de passage avec des lieux dâĂ©tapes et de repos et de nombreux hĂŽpitaux, VĂ©ria, Florina, Karasouli aujourdâhui Polykastro. Elle est constituĂ©e par un ensemble de camps de base Ă partir desquels les soldats rejoignent le front. Comme dans les campagnes coloniales, les soldats font la guerre, se dĂ©placent, effectuent des dĂ©placements sur des territoires dĂ©pourvus dâĂ©quipements Ă©lĂ©mentaires, sans faire confiance aux autochtones, une guerre bien diffĂ©rente de celle du front occidental. Enfin, la quatriĂšme aurĂ©ole est celle du front et de son arriĂšre immĂ©diat qui sâest fixĂ© sur des zones frontaliĂšres, pour la plupart des cas, en montagne. Un espace structurĂ© par les voies de communication » 5 Villebonne, 1919, p. 68. 12Cet espace est structurĂ© par les deux lignes de chemin de fer Ă voie unique, au dĂ©part de Salonique, lâune le long du Vardar, lâautre rejoignant Monastir. Ce train paraĂźt peu confortable et bien dĂ©suet aux soldats avec de petits wagons Ă trois portiĂšres comme nous en avions il y a quarante ans5 » 6 Lacoste, 1923, p. 50. Nous nous installons dans la seule voiture de voyageurs que comporte le train. Les carreaux sont brisĂ©s, les coussins couverts de souillures. Les filets pendent avec leurs appliques dĂ©vissĂ©es, la lampe clignote dans son ampoule renversĂ©e et pleine dâhuile qui suinte. Les portiĂšres ferment mal6⊠13Et surtout, le tracĂ© de la voie vers Monastir prĂ©sente des dĂ©nivellations impressionnantes qui offrent des sensations fortes en descente quand le train semble comme emballĂ© » 7 Cordier in Facon, 1977, p. 32. InstallĂ©s [âŠ] dans un train comme on nâen voit quâici, nous dĂ©valons Ă une allure de toboggan. Pas de tunnels ; la voie Ă travers des croupes fait dâĂ©normes entailles. De temps en temps, une Ă©chappĂ©e sur les cascades de la Voda, dĂ©versoir du lac dâOstrovo [aujourdâhui Arnissa] ; dâinquiĂ©tants ponts de fer aux piliers grĂȘles7⊠14Peu de soldats, Ă part les officiers en mission, ont lâoccasion de bĂ©nĂ©ficier de ce service pour leurs dĂ©placements, car, en raison de lâencombrement de la voie, la prioritĂ© est donnĂ©e aux blessĂ©s et au matĂ©riel lourd. Lâessentiel des dĂ©placements des troupes se fait donc Ă pied. En effet, la plupart des routes ne sont pas carrossables, ce sont des routes de terre, boueuses, enneigĂ©es, poussiĂ©reuses selon les saisons, et dĂ©gradĂ©es par les guerres balkaniques. Les premiers vĂ©hicules dĂ©barquĂ©s Ă Salonique ne purent sortir de la ville. Pierre Maridort, arrivĂ© en novembre 1915, raconte son premier voyage en voiture du camp de Zeitenlik vers la ville, soit une vingtaine de kilomĂštres seulement en plaine 8 Maridort, 1918, p. 16. Il Ă©tait mĂ©decin Ă la 122e DI. La route a quelques plaies profondes, si bien que mon voisin, lancĂ© de notre banc, le casse en y retombant, malgrĂ© lâĂ©paisseur du bois ; câest un petit accident qui nâĂ©meut pas le soldat, habituĂ© Ă parcourir les ravins en araba, petite voiture sans ressorts, et sans appuis. Je me demande comment je nâai pas Ă©tĂ© prĂ©cipitĂ© de mon siĂšge, lors de quelque dĂ©placement analogue8. 9 Ducasse, 1964, p. 161. Fantassin au 227e RI. 15La prĂ©sence de reliefs sĂ©parĂ©s par des dĂ©pressions marĂ©cageuses compromet les dĂ©placements, la ligne droite dans les Balkans est rarement la plus courte ; dâailleurs, elle nâest jamais droite et câest un chemin coupĂ© de fondriĂšres, dans un dĂ©sert de bosses et de cailloux, parfois de marĂ©cages9 ». Les trois quarts du parcours de Salonique Ă Kozani se font dans une plaine marĂ©cageuse, impraticable en hiver dâaprĂšs Jacques Ancel ; Ă lâarrivĂ©e des alliĂ©s, la route de Monastir nâest quâune piste impraticable aux automobiles et souvent coupĂ©e par les boues. 16Le matĂ©riel apportĂ© de France est en pratique totalement inadaptĂ© Ă ces conditions. De gros efforts sont faits au printemps 1916 presque toutes les voitures ont cĂ©dĂ© la place Ă des arabas Ă deux roues et deux chevaux ou des mulets ; mais la charge utile dâune araba est de 400 kg au maximum et celle dâun mulet de 100 kg, aussi une division traĂźne avec elle une caravane imposante, pas moins de 3 000 chevaux, plus de 3 000 mulets de bĂąt, prĂšs de 600 voitures, soit, en tenant compte dâun intervalle minimum entre les animaux et les voitures ou deux voitures, une file qui sâallonge sur plus de trois kilomĂštres. 17La majoritĂ© des dĂ©placements sâeffectue donc Ă pied, mĂȘme au dĂ©part de Salonique, ce qui signifie des centaines de kilomĂštres sous un poids dâune trentaine de kilos, et Ă lâarrivĂ©e, pas le temps de se reposer ! Lucien Cadoux doit se prĂ©senter Ă Monastir, il sort de lâhĂŽpital aprĂšs une grave crise de paludisme et sây rend Ă pied, et Ă lâarrivĂ©e, au bout de 180 kilomĂštres 10 Cadoux, 1959, p. 205. Lâinvraisemblable se produisit. DĂ©jĂ les agents de liaison de chaque compagnie arrivaient pour prendre livraison, si lâon peut dire, de leur contingent de renfort. En quelques minutes, tous ces compagnons de marche qui avaient peinĂ©, souffert ensemble [âŠ] Ă©taient divisĂ©s en petits groupes et dispersĂ©s, sans avoir eu le temps de se dire au revoir, sans le moindre repos. Tout cela laissait dans les cĆurs une impression de brimade10. 18De nombreux tĂ©moins dĂ©crivent ces marches Ă©puisantes 160 km, dont la moitiĂ© en forte pente entre le lac Prespa et Florina en 5 jours Lucien Lamoureux, dix Ă©tapes de 10 kilomĂštres, du 3 au 15 janvier 1917, pour surveiller la frontiĂšre entre les deux GrĂšce » acculĂ©es Ă la guerre civile Lucien Lamoureux, une marche de Salonique Ă AthĂšnes par Ă©tapes de 50 kilomĂštres en juillet 1917 M. Santini, le trajet SaloniqueâGoriza aujourdâhui Korça en Albanie en 19 jours en janvier 1917 Marcel Brochard dans la neige et la glace, sans ravitaillement sinon les conserves quâils portent. Le 27 juillet 1917, un trajet de 20 kilomĂštres Ă vol dâoiseau demande 18 heures dâune marche harassante en raison du relief⊠11 Ibid., p. 202. 19Beaucoup dâhommes ne sont pas dans une condition physique assez bonne pour assurer ces marches, ceux qui arrivent des Dardanelles oĂč ils avaient piĂ©tinĂ© de longs mois peinent Ă brutalement effectuer un long trajet, et le paludisme affaiblit la grande majoritĂ© dâentre eux. Certains sâĂ©vanouissent au soleil dâĂ©tĂ©, donc, on marche de nuit, mais beaucoup dorment en marchant. Au bout de quelques jours, on ne ressent plus rien, Ă©crit Lucien Cadoux, car le corps est brisĂ©, il est adaptĂ©, rien ne le heurte plus⊠il est rĂ©signĂ©. On peut alors lui demander de marcher pendant des semaines⊠il marche comme il respire11 ». 20Les soldats ont du mal Ă Ă©valuer les distances Ă vue, en raison de lâabsence totale de repĂšres, et ils dĂ©couvrent que les bornes » ne sont pas kilomĂ©triques 12 Ibid., p. 166. On avait beau regarder sa montre, puis les bornes, puis, mieux encore, consulter ses jambes, le compte nây Ă©tait pas. On sait bien ce quâun fantassin abat de kilomĂštres Ă lâheure. On ne peut pas sây tromper câest tant dâune pause Ă lâautre, et câest tant par Ă©tape. Eh bien, sur la route de Salonique Ă SerrĂšs, ce nâĂ©tait pas cela. Le temps y Ă©tait bien, mais les kilomĂštres nây Ă©taient pas. Ă la fin de lâĂ©tape, on avait fait 22 bornes. Il nây avait pas de doute, les chiffres Ă©taient marquĂ©s, mais en rĂ©alitĂ© on avait fait au moins 26 kilomĂštres. Tout le monde en tombait dâaccord [âŠ] Tant et si bien que cela passa en dicton dans le rĂ©giment faux comme un kilomĂštre grec »⊠Câest tard que jâappris que [âŠ] ces kilomĂštres Ă©taient des stades comme en tĂ©moignaient les lettres inscrites sur les bornes, et que le stade grec mesure douze cents mĂštres12⊠21Trop Ă©puisĂ©s par le poids de leur barda, certains abandonnent en route des objets quâils avaient pris dans les villages et quâils jugent finalement inutiles ; dâautres les ramassent et tentent de les Ă©changer pour de la nourriture⊠La traversĂ©e des villages est lâoccasion de consignes strictes 13 Santini-Allaman, s. d. Attention ! Voici un village. Sans attendre dâordres, on rectifie sa tenue, on se boutonne, lâarme sur lâĂ©paule droite ! Pas cadencĂ©. Marche ! Tous se redressent, les talons frappent le sol en cadence, Ă©nergiquement. On nâest pas lĂ en touristes ! On est prĂȘts Ă tout. Sachezâle bien ! Elle sait bien la section, elle sait bien pourquoi elle est lĂ ! Elle sait que câest peutâĂȘtre son attitude qui va Ă©pargner le coup de poignard » dans le dos aux petits copains qui se battent lĂ âhaut, dans les montagnes serbes ; le village passĂ©, le rythme reprend13. 14 Cadoux, 1959, p. 213. 15 Santini-Allaman, s. d. Lâarticle citĂ© ici sâappelle Les longues marches. 22Au cours de ces marches en effet, les soldats traversent des bourgades oĂč ils ne sâarrĂȘtent pas, pour rĂ©duire la propagation du paludisme et des maladies infectieuses, comme si, presque tous malades, ils Ă©taient ainsi rejetĂ©s par le pays mĂȘme quâils Ă©taient venus dĂ©fendre14. Ils sont donc contraints dâĂ©tablir un campement Ă lâĂ©cart des lieux habitĂ©s, de ne manger que des conserves et ils ont bien du mal Ă trouver du combustible. De plus, dans certains secteurs, les populations, bulgarophiles ou favorables au roi Constantin, leur sont hostiles ; le lieutenant Santini, qui fait partie du 40e RI, envoyĂ© Ă pied vers le PĂ©loponnĂšse en maiâjuin 1917 lors de la destitution du roi, Ă©crit que chaque soir, en installant le bivouac, les hommes Ă©rigent des murettes en mottes de terre pour se protĂ©ger contre les coups de fusil intempestifs », en plus des rigoles pour canaliser les eaux de pluie15. Ă partir de 1917, les conditions de cantonnement sâamĂ©liorent, car des gĂźtes dâĂ©tape sont créés le long des voies, et des hangars sont montĂ©s dans les lieux les plus frĂ©quentĂ©s, mĂȘme si lâhygiĂšne, le chauffage ou les boissons chaudes manquent encore. Le camp retranchĂ© de Salonique 23Ă cĂŽtĂ© de cette aurĂ©ole occupĂ©e » essentiellement par des points dâappui et quelques postes, dans une zone peu habitĂ©e, les autres espaces sâorganisent Ă©galement. Afin de protĂ©ger Salonique contre un Ă©ventuel siĂšge par les troupes bulgares, les autoritĂ©s militaires alliĂ©es mettent en place une organisation dĂ©fensive en sâappuyant sur des hauteurs situĂ©es Ă environ trente kilomĂštres de la ville. Câest le camp retranchĂ© » ou birdcage » selon les Britanniques, qui mesure environ 115 kilomĂštres du golfe dâOrfano Ă lâest, jusquâaux marais du KaraâAsmak, un affluent du bas Vardar Ă lâouest. Une sĂ©rie de lacs allongĂ©s et sĂ©parĂ©s par des passes facilement contrĂŽlables constituent prĂšs de la moitiĂ© de la ligne, lâautre moitiĂ© est partagĂ©e entre Anglais 20 Ă 25 km et les Français une quarantaine de kilomĂštres. Lâensemble ne forme pas une ligne continue de tranchĂ©es, seuls les points stratĂ©giques, des buttes, forment des centres de rĂ©sistance et de contrĂŽle et sont armĂ©s. 16 Saison, 1918, p. 236-237. Il Ă©tait artilleur Ă la 57e DI. 17 Descriptions dĂ©taillĂ©es dans Jean Saison et Ernest Stocanne qui a laissĂ© Ă©galement des photographie ... 24LâamĂ©nagement du camp retranchĂ© demande des travaux colossaux qui sont effectuĂ©s par les soldats Ă partir de la miâdĂ©cembre 1915, câestâĂ âdire aprĂšs une premiĂšre retraite, dans le froid, la boue, sous la pluie, et sans quâaucun des Ă©lĂ©ments matĂ©riels destinĂ©s Ă amĂ©liorer leur vie ne soit encore arrivĂ©. Chaque centre de rĂ©sistance est sous la responsabilitĂ© dâun officier dont il porte le nom, et qui cumule les tĂąches de construction, dâorganisation et de dĂ©fense. Chacun est constituĂ© par des groupes de tranchĂ©es espacĂ©es en profondeur et orientĂ©es sur des directions Ă battre. Ils renferment des abris pour la garnison, creusĂ©s en galeries de mines, un poste de commandement souterrain avec chambre de repos et poste tĂ©lĂ©phonique16 ». Selon le terrain, sa nature, la nature des roches, lâemplacement, chacun a un caractĂšre spĂ©cifique ; dans certains cas, pour amĂ©liorer la vue, il faut Ă©lever des parapets en utilisant des blocs de marne crayeuse, et, pour Ă©viter les repĂ©rages aĂ©riens de lâennemi, dissimuler ces parapets sous des branchages et des herbes sĂšches17. Les artilleurs camouflent leurs piĂšces sous des claies, du treillage de fil de fer qui permet de mettre de lâherbe et un important rĂ©seau de barbelĂ©s protĂšge les premiĂšres lignes. 25Sur les contreâpentes, les hommes creusent des abris 18 Stocanne, 2005, janvier-fĂ©vrier 1916. Je fais creuser par mes servants, Ă flanc de coteau, un rectangle de six mĂštres sur 2,5 m que nous recouvrons dâune bonne toiture de tĂŽle ondulĂ©e et que nous fermons sur le flanc avec des toiles de tente. Ă lâintĂ©rieur, nous installons une planche Ă paquetage nous amĂ©nageons un four avec cheminĂ©e percĂ©e dans la terre, dont le tirage nous permet de faire du feu pour rĂ©chauffer lâair et en sĂ©cher lâhumiditĂ©. Nous installions un rĂątelier pour y placer les armes et dĂ©gageons aussi des cavitĂ©s oĂč nous mettons des Ă©tagĂšres. Nous logeons lĂ âdedans mes six servants et moi18. 26Au fil des mois, des amĂ©liorations sont apportĂ©es, les officiers reçoivent tous un lit de camp et un paletot de cuir, tandis que les hommes de troupe dorment sur le sol, puis se fabriquent des lits avec ce quâils peuvent trouver ; selon les endroits, lâeau est plus ou moins accessible, certains sont juste auâdessus dâun ruisseau, dâautres doivent faire deux kilomĂštres pour en trouver. Figure 3 Le camp retranchĂ© de Salonique © Colonel F. Feyler, 1920, La campagne de MacĂ©doine 1916-1917, GenĂšve, Ăditions dâart, Boissonnas, APA 27Ces travaux sont effectuĂ©s en quelques semaines, mais ces efforts nâont finalement servi Ă rien, puisque les Bulgares se sont arrĂȘtĂ©s dâeuxâmĂȘmes dans la zone frontaliĂšre, ce qui, une fois de plus, laisse un souvenir amer chez les soldats. 19 Bernadotte, 1931, p. 5. Pendant quatre mois, sous la pluie et la neige, nous avons jonglĂ© avec la pelle et la pioche pour Ă©riger ce camp retranchĂ© » qui restera cĂ©lĂšbre dans les Annales de lâArmĂ©e dâOrient comme lâexpression mĂȘme du maximum dâefforts dans le minimum de temps ». Pendant ces quatre mois, nous avons attendu lâoffensive en nous enfermant un peu plus chaque jour dans nos ouvrages de fortifications de campagne et rien de suspect, nâa bougĂ©19. 28PlacĂ©s Ă environ 25 kilomĂštres de Salonique, les hommes qui gardent le camp retranchĂ©, hormis les officiers, nâont ni le droit ni la possibilitĂ© de se rendre Ă la ville dont ils voient les lumiĂšres la nuit au loin. Progressivement, certains secteurs du camp sont abandonnĂ©s et une partie des soldats est envoyĂ©e au sudâest de Salonique vers le centre de la Chalcidique, pour protĂ©ger la ville par le sud et prĂ©parer lâaccueil de lâarmĂ©e serbe regroupĂ©e Ă Corfou. Ils construisent alors une route stratĂ©gique destinĂ©e Ă desservir les hauteurs et les villages de Galatista et Livadi. Mais⊠le camp retranchĂ© de Salonique, finalement, ne sera jamais attaqué⊠La tenue dâun front de montagne 29Les Bulgares sâĂ©tant arrĂȘtĂ©s Ă la frontiĂšre grecque lors de la retraite alliĂ©e de Serbie, le front se stabilise dans une zone de hautes montagnes et commence alors une guerre trĂšs mal connue en France. 20 Burnet, 1921, p. 10. Un officier lui montre de loin la zone du front. Burnet Ă©tait officier. LĂ âbas, câest le monde des armĂ©es. Tu connais ces insectes qui flottent dans lâair au bout dâune soie quâils ont filĂ©e ? Ainsi sont suspendues nos armĂ©es au bout de ces quelques routes et chemins de fer qui leur portent leur subsistance. Malheur si ce fil venait Ă se rompre. LĂ , on se bat, on souffre, on meurt20. 30La vie sur ce front est trĂšs diffĂ©rente de la vie sur le front français le combattant souffre moins des effets directs de la guerre. Les deux adversaires, Ă©loignĂ©s de leur base, isolĂ©s de tout, sans accĂšs facile, ont des moyens rĂ©duits en hommes et en armes ; les premiĂšres lignes ne sont pas des tranchĂ©es continues, des points forts sont organisĂ©s et se flanquent mutuellement. Mais, le simple fait de survivre, isolĂ© et mal ravitaillĂ© sur un piton, ne permet pas de maintenir des effectifs importants et sape le moral 21 GuĂ©nard, 1919, p. I et II. LaissĂ©s en rideau sur la frontiĂšre, Ă cinquante ou cent kilomĂštres en avant de lâarmĂ©e, dispersĂ©s par infimes unitĂ©s sur des Ă©tendues palustres ou dans des postes de montagne, nous savions ne devoir compter que sur nous. Et câĂ©taient dâimmenses territoires qui se trouvaient confiĂ©s Ă notre garde. Dans lâinexorable solitude qui se refermait sur nos pelotons, nous restions isolĂ©s du monde des vivants. Sept ou huit mois durant, nos bivouacs furent des bivouacs dâalerte oĂč lâon sâattendait de jour et de nuit Ă voir surgir lâennemi en force. Sept ou huit mois durant, nous couchĂąmes vĂȘtus et bottĂ©s, prĂȘts Ă sauter en selle21. 31Le matĂ©riel est insuffisant, Marcel Brochard note quâen six mois, il nâa tirĂ© en moyenne que deux Ă trois obus par jour, les munitions sont maigres 22 Lacoste, 1923, p. 163-164. Il ne peut plus ĂȘtre question ici de caissons ni de camions. Sur le faĂźte de cette montagne, les obus ne seront portĂ©s quâĂ dos de mulet ou de cheval. On les met par dix, liĂ©s dans deux sacs, qui en contiennent chacun cinq. On accouple avec une corde les deux sacs, et on les laisse pendre des deux cĂŽtĂ©s de lâanimal. Il faut quâil y ait une selle, sans quoi la bĂȘte pourrait ĂȘtre blessĂ©e par le dur frottement de 30 kg de mĂ©tal sur ses flancs. LâĂ©vacuation des douilles vides sâeffectue de la mĂȘme façon. Seulement on en met alors dix par sac. Pour alimenter dâun jour de feu le groupe des trois batteries, câestâĂ âdire de 3 600 coups, 1 200 par batterie, 300 coups par piĂšce, il faut 360 voyages de chevaux ! Imaginez lâextraordinaire circulation nocturne que cela nĂ©cessite Ă travers dâĂ©troits chemins en lacets et le long de prĂ©cipices qui sont de vrais abĂźmes. Par suite de la difficultĂ© et de la longueur du parcours, chaque conducteur a deux chevaux lâun sur lequel monte le convoyeur, lâautre qui porte les obus22. 32Les commentaires des soldats qui ont souvent changĂ© de secteur distinguent le front de montagne et le front de plaine ou de piĂ©mont oĂč les conditions de vie sont un peu moins dures. Mais, dans les deux cas, les soldats sont engagĂ©s dans des opĂ©rations locales sans intĂ©rĂȘt militaire, destinĂ©es Ă maintenir lâesprit offensif au sein des troupes. Ces actions sont pĂ©rilleuses, ne seraitâce que par la mĂ©diocritĂ© des moyens mis en Ćuvre, et certains dĂ©plorent lâinutilitĂ© coĂ»teuse de certains coups de main, ainsi Georges de Lacoste 23 Lacoste, 1923, p. 137. Il est alors au nord de Monastir. Le 3 septembre [1917], on prĂ©para et on ordonna un coup de main, de lâavis de tous parfaitement inutile, puisquâon Ă©tait revenu sur ses positions de dĂ©part. CâĂ©tait Ă quatre heures du matin. Il y avait 400 mĂštres Ă franchir. On rĂ©ussit, on fait 25 prisonniers, on rapporte une mitrailleuse ennemie. Mais lâordre est de revenir. Il y a une contreâattaque Ă 7 h du soir, elle est repoussĂ©e. Ă 23 h, tout est fini. Pertes chez nous cent hors de combat. Vies brisĂ©es, familles en deuil23⊠33Certains chefs renoncent parfois Ă exĂ©cuter quelquesâunes de ces opĂ©rations qui ne sont que de modestes coups de main. Lucien Cadoux annule une opĂ©ration Ă la miâdĂ©cembre 1916, dans la vallĂ©e de la Cerna, alors que son groupe se trouve Ă 150 mĂštres des Bulgares, protĂ©gĂ©s par un rĂ©seau dense de barbelĂ©s 24 Cadoux, 1959, p. 207-208. Peu Ă peu commença la prĂ©paration dâartillerie ; quelques obus deâci deâlĂ . Nous nous disions tout Ă lâheure, ils vont enfin tirer sĂ©rieusement et accabler de projectiles le rĂ©seau de barbelĂ©s, car il faut avant tout quâils nous ouvrent un passage. Or, le temps passait, et le bombardement nâaugmentait pas dâintensitĂ©. Plus quâune demiâheure, plus que vingt minutes, et lâartillerie continuait de sâamuser Ă lancer de temps en temps un obus⊠et, devant nous, un rĂ©seau de barbelĂ©s intact et serrĂ©. Et pour atteindre ce rĂ©seau, 150 mĂštres de glacis plat, sans le moindre repli de terrain pour manĆuvrer. Alors nous avons compris nous Ă©tions dĂ©libĂ©rĂ©ment sacrifiĂ©s⊠personne ne disait mot dans la tranchĂ©e⊠Plus que cinq minutes⊠on mourra, avec son fusil inutile dans les mains⊠la nouvelle circule le long de la tranchĂ©e on nâattaque pas⊠Notre colonel avait refusĂ© dâenvoyer ses hommes Ă une mort inutile et certaine24. 34Le relief cloisonne lâoccupation des lignes et empĂȘche toute mobilitĂ© transversale, il empĂȘche Ă©galement lâapproche de lâartillerie, donnant aux affrontements un caractĂšre de guĂ©rilla qui use les hommes sans aucun profit militaire. La guerre de mouvement en MacĂ©doine 35Nous nous contenterons ici dâĂ©voquer les deux actions les plus dĂ©crites par les tĂ©moins que sont la campagne de Serbie â octobre-dĂ©cembre 1915 â et la contreâoffensive repoussant Ă lâautomne 1916 les Bulgares qui sâĂ©taient avancĂ©s jusquâau lac dâOstrovo. La grande offensive du 15 septembre 1918 ne figure pas ici, faute de tĂ©moignages directs. La campagne de Serbie, octobreâdĂ©cembre 1915 36Les soldats qui arrivent des Dardanelles sont pleins dâespoir, ils vont enfin agir 25 Ibid., p. 155. Ici, la terre est libre avec ses plaines, ses vallĂ©es et ses montagnes ; on aura de la place pour manĆuvrer ; on ne se fera pas coincer dans un boyau, dans un couloir, comme Ă Gallipoli. Et cette impression dâespace [âŠ] est bonne et tonique pour des soldats [âŠ] Enfin nous allions faire quelque chose25. 37Mais la campagne de Serbie nâest quâun infructueux allerâretour jusquâau confluent de la riviĂšre Cerna et du fleuve Vardar. Elle sâaccompagne de rudes combats en zone montagneuse face Ă des Bulgares dĂ©cidĂ©s et plus habiles sur le terrain, oĂč de nombreux soldats trouvĂšrent la mort. Cette campagne militaire impressionne profondĂ©ment les hommes et suscite le plus grand nombre de tĂ©moignages chez les soldats français. 38Nous en avons retenu trois, particuliĂšrement documentĂ©s, venant de combattants ayant appartenu aux trois divisions françaises engagĂ©es dans ces opĂ©rations dans des secteurs diffĂ©rents. La 122e et la 57e DI, considĂ©rĂ©es comme des divisions fraĂźches arrivĂ©es de France sont engagĂ©es le plus en profondeur vers le nord, au niveau du confluent de la Cerna, la premiĂšre sur la rive droite, la seconde sur la rive gauche, dans le but dâentrer en contact avec les Serbes en repli ; ces engagements sont dĂ©crits ici par Julien ArĂšne et Henri Libermann. La 3e division, arrivĂ©e des Dardanelles, a pour rĂŽle de contenir les assauts bulgares au kilomĂštre dit 103 » qui correspond Ă la gare de Stroumitza ; cette zone, qui devait ĂȘtre particuliĂšrement protĂ©gĂ©e en raison de la proximitĂ© de la frontiĂšre bulgare, est dĂ©crite par le lieutenant de Bernadotte et Ernest Stocanne qui appartient au 156e RI. ComposĂ©e en partie dâhommes Ă©puisĂ©s, elle se voit confier le rĂŽle de couverture en bordure du saillant que dessine la frontiĂšre et qui gĂȘne le contrĂŽle de la voie de chemin de fer, colonne vertĂ©brale du dispositif alliĂ©. LâopĂ©ration de jonction avec les Serbes Ă©choua, imposant le repli des troupes françaises le long de cet axe, devant la poussĂ©e bulgare. 39Trois thĂšmes principaux apparaissent Ă travers ces rĂ©cits qui correspondent Ă trois phases recensĂ©es dans les mĂ©moires. Ils Ă©voquent en premier lieu les conditions difficiles de la progression dans ces zones montagneuses et leur solitude ; en second lieu, les hommes racontent leur expĂ©rience de la guerre contre les Bulgares, et les combats impressionnants qui les ont opposĂ©s Ă ces derniers ; enfin, tous ont le souvenir dâune pĂ©nible, amĂšre et angoissante retraite qui les a reconduits sur le sol grec. 40Julien ArĂšne arrive par chemin de fer et descend Ă la gare de Krivolak, sur la rive droite du Vardar ; sa division se trouvant sur la rive gauche, et le pont ayant Ă©tĂ© dĂ©truit dans les guerres balkaniques, il lui faut dâabord emprunter lâun des deux radeaux qui effectuent la traversĂ©e toute la journĂ©e et prennent Ă chaque passage 25 soldats. Le lendemain, son unitĂ©, Ă la nuit, part vers le village de Hodzali 26 ArĂšne, 1916, p. 79. Câest un pays propre Ă toutes les embuscades, un vĂ©ritable coupeâgorge, un paradis pour les brigands, les sentinelles ouvrent lâĆil parce quâon nâest pas encore habituĂ©s Ă cette guerreâlĂ 26. 27 Libermann, 1917. Il raconte la campagne du lieutenant Mazurier, Ă la 122e DI, 58e bataillon de chas ... 41Six jours plus tard, il part relever le rĂ©giment qui se bat depuis 10 jours, il restera au front du 6 novembre au 3 dĂ©cembre. Henri Libermann prĂ©cise que les hommes sont obligĂ©s de faire des petits tas de pierres et de broussailles pour baliser leurs itinĂ©raires et ne pas se perdre27. Ils sont couverts de vermine et nâont pu se laver pendant tout leur sĂ©jour au front, car seul, un peu dâeau boueuse dans les basâfonds est disponible. Puis le froid vient compliquer la situation, des tempĂ©ratures de 22 ° auâdessous de zĂ©ro, du vent, de la neige⊠28 Saison, 1918, p. 121 Ă 123. Il rapporte le rĂ©cit du docteur Ligouzat. Le vent rend le froid intolĂ©rable ; il fait tourbillonner la neige qui comble les tranchĂ©es et les boyaux, et pĂ©nĂštre jusque dans les abris ; en travaillant nuit et jour, on nâarrive pas Ă les dĂ©blayer [âŠ] La neige [âŠ] rend toute observation impossible. Les cils sont perlĂ©s de glaçons, la capote devient en quelques minutes une chape hĂ©rissĂ©e dâaiguilles de glace. Des hommes vigoureux pleurent dans la tranchĂ©e Ă la fois de douleur et de rage de se sentir Ă bout. Les jeunes gens arrivĂ©s avec les derniers renforts sont les plus atteints. Sous la tempĂȘte de neige, quelquesâuns erraient comme des fous. Un [âŠ] se plaint mes parents sont Ă Lille, quâestâce que je viens faire ici ? » Les anciens du rĂ©giment, des rĂ©servistes de trente Ă quarante ans, mariĂ©s pour la plupart, les rĂ©confortent et les aident paternellement Allons, gosse, donneâmoi ton fusil et va te rĂ©chauffer au brasero. Tu reviendras dans 20 minutes »28. 42La neige gĂȘne Ă©galement le ravitaillement, et les hommes restent quatre jours sans approvisionnement. Le 22 novembre, arrivent enfin des vĂȘtements chauds et de la nourriture. Les Français tiennent les positions jusquâĂ lâoffensive bulgare du 24 novembre ; de ce point Ă©levĂ©, ils suivent les opĂ©rations dans la vallĂ©e du Vardar et les tirs dâartillerie bulgare qui prennent pour cibles les trains alliĂ©s. Lorsque lâordre de repli est donnĂ©, les batteries de montagne sont ramenĂ©es vers le bas, et les munitions portĂ©es sur des traĂźneaux vers les radeaux qui ne peuvent plus fonctionner, car le Vardar charrie des blocs de glace⊠Ces conditions naturelles font comprendre facilement le dĂ©sarroi des soldats. 29 Villebonne, 1919, p. 111 ; ArĂšne, 1916, p. 73 Ă 75. 43Les combats sont pourtant impressionnants. Quand Julien ArĂšne parvient au village de Kara Hodzali, le point ultime de lâavancĂ©e des Français vers le nord, il constate que les tranchĂ©es sont entourĂ©es de monceaux dâossements », creusĂ©es dans les crĂąnes, les tibias aussi nombreux que les pierres ». Henri Amour de Villebonne rapporte que dans ces combats, le 242e de la 57e DI a perdu le tiers de ses effectifs, les isolĂ©s du rĂ©giment qui ont pu sâĂ©chapper, racontent que lâennemi a massacrĂ© tous les prisonniers faits dans lâaction29 ». 44Sur la rive gauche, les combats ne sont pas moins sauvages pour la conquĂȘte de Cicevoâleâhaut passage dâun torrent Ă pied dans lâeau glacĂ©e de novembre, charge Ă la baĂŻonnette ; finalement le 18 novembre, les Bulgares rompent la liaison entre les Français et les Serbes. Dans le secteur de Stroumitza, le rythme est comparable, lâavancĂ©e française se termine le 11 novembre, le 16 novembre, le repli commence dans une atmosphĂšre de panique ; les officiers donnent lâimpression Ă Ernest Stocanne de ne savoir que faire. Villebonne dĂ©crit ainsi le combat de la fosse de Cernitz, le 11 dĂ©cembre 30 Villebonne, 1919, p. 132-137. Au bas, dans le ravin sous les tirs croisĂ©s, des files entiĂšres de Bulgares culbutent, sâeffondrent la tĂȘte la premiĂšre. Un chaos terrible grouille parmi le sang et la fumĂ©e dans cette fosse bĂ©ante. Sans arrĂȘt pourtant, il en sort toujours de ces foules acharnĂ©es. On dirait que la montagne les enfante Ă mesure [âŠ] Ils sautent dans le ravin par dix et quinze Ă la fois [âŠ] Et, peu Ă peu, chose sinistre, un amoncellement de blessĂ©s, de morts, de rĂąlants, comble lâimmense tombeau auâdessus duquel foudroie lâimplacable tir de nos lignes. Et maintenant, on ne distingue plus rien le val est nivelĂ©30. 45Patrick Facon montre que les troupes engagĂ©es dans cette campagne ont Ă©tĂ© surprises par cette nouvelle forme de guerre. Il sâappuie sur le nombre relativement important dâabandons de poste, de dĂ©sertions en prĂ©sence de lâennemi ainsi que de dĂ©sertion Ă lâĂ©tranger ; le nombre de condamnations rendues pour ces trois dĂ©lits sâĂ©lĂšve Ă 44 pour les mois dâoctobre et de dĂ©cembre. 46La retraite qui suit lâĂ©chec de cette offensive impose aux hommes de marcher jour et nuit. Le relief, la prĂ©caritĂ© des routes, le dynamisme des poursuivants, les conditions mĂ©tĂ©orologiques et lâĂ©puisement des hommes la transforment en vĂ©ritable martyre. 31 Facon, 1977, p. 267. Nous ne sommes ni plus ni moins quâune ombre humaine. Beaucoup de camarades sont morts de fatigue pendant la retraite. Ceux qui nous ont envoyĂ©s en Orient doivent en avoir gros sur la conscience, car câest une belle gaffe. Lâon y est allĂ© un mois trop tard et encore. Nous avons supportĂ© 23 ° de froid auâdessous de zĂ©ro. Je vous assure que cette campagne de Serbie a Ă©tĂ© un enfer pour tous31. 32 Libermann, 1917, p. 215-219. Sur la route comme dans les champs, partout des dĂ©bris dâarmes, dâĂ©toffe, des bĂąts de mulets, des sacs de cartouches et de vivres [âŠ] La route est jonchĂ©e dâobjets abandonnĂ©s sacs, armes, bĂąts, affĂ»ts, la plupart brisĂ©s ou endommagĂ©s. Des chevaux morts, les yeux dĂ©jĂ vitreux, les pattes en lâair, le ventre Ă©norme bordent les fossĂ©s. Dâautres se traĂźnent les reins brisĂ©s, les pattes cassĂ©es et, au milieu dâeux, des soldats couchĂ©s sur le dos ou sur le ventre, les poings crispĂ©s dans une derniĂšre convulsion. Quelques agonisants rĂąlent sans fin ou lĂšvent des mains gĂ©missantes, suppliant quâon leur donne Ă boire [âŠ] et puis, un groupe de blessĂ©s, marchant tant bien que mal, la tĂȘte ou le bras enveloppĂ© dâun pansement sommaire, couverts de sang, trĂ©buchant de fatigue, hideux32. 33 Ibid., p. 222-223. Vers le pont, câest une bousculade formidable, une cohue Ă©pouvantable, tout Ă coup la rafale bulgare venant de Seskovo sâabat sur cette masse grouillante. Il y a un moment de paniqueâŠ, des cris affolĂ©s montent jusquâaux nues, et les batteries font rage, Ă©crasant les bivouacs, les rives, les groupes sous un dĂ©luge de projectiles. Le dĂ©sarroi devient inextricable. Des chevaux se cabrent, sâabattent, se redressent pour retomber encore ; des cavaliers galopent Ă toute bride, sabrent les camarades pour fuir plus vite ; des camions, des voitures de toute sorte sâentrechoquent, se brisent, roulent dans les fossĂ©s ; des piĂ©tons courent dans toutes les directions33. Figure 4 Chaque passage de pont est un moment difficile le pont du Sarantaporos Ă la frontiĂšre grĂ©coâalbanaise, un pont ottoman en dos dâĂąne amĂ©nagĂ© » pour les voitures. © Lâillustration, 3 fĂ©vrier 1917, no 3857, p. 103, APA 34 David, 1927, p. 126. David est le neveu du prĂ©sident Sadi Carnot, il Ă©tait attachĂ© aux services de ... 47Tous les tĂ©moignages concordent sur les conditions insupportables de la retraite. Le passage des gorges des Portes de fer est lâun des moments les plus impressionnants, la gorge, le fleuve qui gronde, deux ponts mĂ©talliques mal rĂ©parĂ©s aprĂšs les guerres balkaniques, des tunnels, un Ă©troit sentier le long des parois, des torrents Ă passer Ă la nage⊠Les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont extrĂȘmement mauvaises au point que Robert David compare cette retraite Ă celle de la Grande ArmĂ©e perdue dans les neiges de Russie, Villebonne fait Ă©galement la mĂȘme comparaison34. Peu Ă peu, les soldats allĂšgent le paquetage en abandonnant du matĂ©riel sur le chemin, lâartillerie, faute de chevaux, doit, elle aussi, abandonner batteries et munitions. Les soldats reçoivent lâordre de ramasser, quand ils le peuvent, tous les troupeaux quâils rencontrent et de les guider jusquâĂ Demir Kapou pour ne rien laisser Ă lâennemi, et de brĂ»ler des villages. 48Les hommes qui franchissent la frontiĂšre aprĂšs Gevgueli sont une armĂ©e de dĂ©sespĂ©rĂ©s ; mais, malgrĂ© la fin du danger, les conditions de leur installation sur le sol grec sont si mauvaises quâelles ne font pas pour autant cesser leur calvaire. Ils se trouvent dans une zone de marĂ©cages oĂč, pendant plusieurs jours, il pleut sans arrĂȘt ; hommes et bĂȘtes sâenlisent, les provisions disparaissent dans la boue qui sâinfiltre dans les chaussures ; perdus dans les marĂ©cages, ils craignent aussi les rĂ©actions nĂ©gatives des Grecs de la rĂ©gion. 35 Villebonne, 1919, p. 146-147. Une dĂ©tresse infinie embrume lâĂąme de ces malheureux errants qui depuis trois semaines fuient Ă travers les cercles de lâenfer balkanique, pour Ă©chouer aprĂšs un dĂ©luge de feu et de mitraille dans lâordure de ce marais croupissant. VĂ©ritablement on sâinterroge anxieusement pour savoir si on pourra dĂ©marrer de ces vases35. 36 Olier & QuĂ©necâhdu, 2016. Le recensement des hĂŽpitaux militaires installĂ©s pour des blessĂ©s de lâar ... 37 Julia, 1936, p. 30 et 32. Julia Ă©tait mĂ©decin. 49Dans la mĂȘme pĂ©riode, les survivants de lâarmĂ©e serbe sont embarquĂ©s entre Valona et Durazzo, sur des bateaux français ; 160 000 dâentre eux sont convoyĂ©s, une petite partie vers Bizerte, 131 000 vers Corfou36. LâĂźle apparaĂźt aux soldats français comme une villĂ©giature, une citadelle dâagrĂ©ment », qui a lâaspect féérique de Monaco37 », mais il y a une tragĂ©die derriĂšre cette façade ». Les soldats serbes dont la retraite fut pire encore que celle des Français sont mourants, frappĂ©s par la sousâalimentation, la dysenterie, le typhus, le cholĂ©ra 38 Ibid., p. 33. On assiste Ă un dĂ©filĂ© de fantĂŽmes [âŠ] Couverts de loques sordides que perce leur carcasse, nâayant parfois sur le corps quâun caleçon de coton et une capote en lambeaux, les jambes emmaillotĂ©es de laniĂšres faites de dĂ©bris raboutĂ©s, les pieds protĂ©gĂ©s par des roseaux, des cuirs et des chiffons bourrĂ©s, ils offrent le spectacle du dĂ©nuement le plus ignominieux [âŠ] ils sont vidĂ©s par la famine, ce ne sont plus des sacs de sang, mais des paniers qui laissent passer lâeau, et leur peau ne les habille point, comme celle des vieillards ; rĂ©tractĂ©e en un parchemin, elle sâuse jusquâĂ la transparence38. 50Le rapport du lieutenantâcolonel François fait savoir que quand les hommes dĂ©barquent sur lâĂźle de Vido, on les rĂ©partit en trois groupes 39 SHD, 7 N 2191. Ceux qui Ă©taient condamnĂ©s et quâil nây avait aucun espoir de sauver Ă©taient envoyĂ©s au lazaret pour y mourir ; les malades que lâon pensait pouvoir guĂ©rir demeuraient Ă Vido dans lâattente dâun transport ultĂ©rieur sur Bizerte ; le reste Ă©tait envoyĂ© Ă Corfou39. 51La reconstitution de cette armĂ©e, Ă la fin du printemps, aboutit Ă Ă©quiper 115 000 hommes qui, en mai 1916, sont acheminĂ©s Ă Salonique. La contreâoffensive alliĂ©e dâOstrovo Ă Monastir, aoĂ»tânovembre 1916 52Cette opĂ©ration voit les alliĂ©s français, serbes, russes reconquĂ©rir les terrains envahis par les Bulgares au mois dâaoĂ»t 1916. Elle sâest trouvĂ©e arrĂȘtĂ©e Ă deux reprises, face Ă des retranchements bulgares fortement organisĂ©s, au niveau de deux villages du bassin de Monastir, Petorak, Ă lâEst de Florina, et KĂ©nali, Ă Ă©gale distance de Florina et de Monastir. Dans les deux cas, on nous dĂ©crit des opĂ©rations violentes oĂč lâarmĂ©e française, sans rĂ©elle protection, part lâarme au poing vers des villages bien dĂ©fendus et ainsi⊠le 6 octobre 1916, Ă KĂ©nali, 800 soldats de la 17e DIC furent tuĂ©s en 10 minutes Ă 12 h, le bilan de la journĂ©e est de 1500 morts français et 600 Russes⊠pour un Ă©chec La 17e DI a Ă©tĂ© massacrĂ©e dans des attaques aussi stĂ©riles que sanglantes, insuffisamment prĂ©parĂ©es par lâartillerie et donnĂ©es sur des points les plus forts des lignes de KĂ©nali. Elle y a laissĂ© 100 officiers et 6 400 hommes. Ce qui reste est Ă©puisĂ© [âŠ] rapporte le gĂ©nĂ©ral Cordonnier au gĂ©nĂ©ral Sarrail. 53Ces opĂ©rations concernaient la prise de Monastir et lâinstallation des Français. La premiĂšre entrĂ©e des Serbes dans la ville avait eu lieu le 19 novembre 1912. La citĂ© est ensuite occupĂ©e par les Bulgares du 4 dĂ©cembre 1915 au 19 novembre 1916. Quand les Français y pĂ©nĂštrent, ils trouvent une ville dont les ressources ont Ă©tĂ© Ă©puisĂ©es ou emportĂ©es par les Bulgares et ils nâont plus lâĂ©lan nĂ©cessaire pour poursuivre auâdelĂ de 5 kilomĂštres au nord, ce qui fait que Monastir reste, jusquâen septembre 1918, la cible des artilleurs bulgares. Quand les alliĂ©s reprennent la contreâoffensive, il leur faut 4 mois pour repousser les Bulgares de 26 kilomĂštres, et les Bulgares en partant pratiquent, eux aussi, la politique de la terre brĂ»lĂ©e⊠Les dĂ©buts de la grande offensive dĂ©cisive, 15â30 septembre 1918 40 SHD, 20 N 536. 54Cette offensive rassemble des Français et des Serbes. Les archives du contrĂŽle postal contribuent Ă remplacer les tĂ©moignages qui manquent. Un rapport du 17 dĂ©cembre 1918 a Ă©tĂ© fait par le gĂ©nĂ©ral Henrys sur lâĂ©tat matĂ©riel et moral des troupes. Il montre que les combattants qui ont tant souffert nâont pas pris conscience dans les quinze premiers jours de cette nouvelle offensive quâils dĂ©tenaient une des clĂ©s de la victoire. Sur 1 750 lettres lues le 27 septembre, 15 seulement sont enthousiastes, 193 sont optimistes, et 1 095 sont marquĂ©es par lâindiffĂ©rence40, lâarmĂ©e ne croit plus Ă un renversement de situation, il faudra attendre la miâoctobre pour que les rĂ©actions sâinversent. Il faut dire que les conditions matĂ©rielles ne changent pas, et que la marche sur ĂskĂŒb sâeffectue, de nouveau, dans des conditions dĂ©plorables ; ce sont une fois de plus des hommes malades, insuffisamment nourris ils tuent parfois des animaux malgrĂ© lâinterdiction, pour manger et avoir de la graisse, mal vĂȘtus, mal chaussĂ©s, on ne peut quâadmirer les quinze enthousiastes » 41 Ibid., un fantassin du 34e RI. Tu nâen croirais pas tes yeux si tu voyais ce pauvre rĂ©giment, une armĂ©e de guenilles, câest pitoyable, câest honteux ; les trois quarts des poilus nâont pas de pompes, dâautres, pas de falzar, souvent ni lâun ni lâautre. HĂ©las, je suis de ceuxâlĂ ; oui, mon petit, ni tatane, ni fourreau, ni mĂȘme un caleçon, et pour la croĂ»te, cela ne va guĂšre mieux [âŠ] pain moisi. On se dĂ©merde, on vole, on maraude41. 55Il ne sâagit ici que de quelquesâunes des opĂ©rations de la guerre de MacĂ©doine, mais, si lâon fait abstraction des dĂ©tails des combats, les grandes lignes du vĂ©cu des hommes restent identiques. Un manque de connaissances ou de prise en compte des conditions locales a fait que, comme en CrimĂ©e, les Ă©pidĂ©mies ont tuĂ© trois fois plus que le feu, et que le soldat a toujours lâimpression dâun sacrifice inutile.
Ce blog est personnel, la rĂ©daction nâest pas Ă lâorigine de ses contenus. Il Ă©tait le grand favori des prix littĂ©raires ; la critique avait encensĂ© son roman dĂšs sa parution en aoĂ»t 2018. David Diop vient enfin de recevoir un prix le Goncourt des lycĂ©ens » créé en 1988. Ce qui a sĂ©duit les jeunes jurĂ©s? câest la vision terrible de la Grande Guerre » entre sagesse » de lâAfrique et folie » de lâEurope. Et prĂ©cisĂ©ment dans le dĂ©roulĂ© des souvenirs du narrateur, Alfa Ndiaye, ex tirailleur sĂ©nĂ©galais qui a combattu au front sous le drapeau français, vont sâaffronter deux mondes celui de lâenfer du champ de bataille oĂč toutes les valeurs sont abolies et celui dâune terre aimante gĂ©nĂ©reuse. Tout comme le lecteur sera invitĂ© Ă entendre deux voix dans ce thrĂšne des temps modernes dĂ©diĂ© Ă lâAmi, ce frĂšre dâĂąme suis deux voix simultanĂ©es. Lâune sâĂ©loigne et lâautre croĂźt. Cheikh Hamidou Kane Lâaventure ambiguĂ«, citĂ© en exergue DĂšs lâincipit, lâaveu je sais jâai compris je nâaurais pas dĂ» »-qui dâailleurs sera souvent repris en Ă©cho - Ă©nonce dans sa gradation mĂȘme une prise de conscience et un regret. Un aveu qui semble Ă©merger dâune longue pĂ©riode de silence -ce dont tĂ©moigneraient les points de suspension qui le narrateur se rappelle dâabord les circonstances qui ont prĂ©sidĂ© Ă son choix devenir sauvage. Son frĂšre dâarmes, son plus que frĂšre » son frĂšre dâĂąme prĂ©cisĂ©ment et le titre du roman joue sur la paronomase implicite se meurt agonise. Pour nâavoir pas rĂ©pondu aux trois supplications de lâachever, empĂȘtrĂ© par des pensĂ©es commandĂ©es par le devoir et recommandĂ©es par le respect des lois humaines », Alfa taraudĂ© par la culpabilitĂ© dĂ©cide alors de venger son plus que frĂšre Mademba Diop. Ce que je nâai pas fait pour Mademba je le fais pour lâennemi aux yeux bleus. La France a besoin de notre sauvagerie alors on obĂ©it. Mais moi je suis devenu sauvage par rĂ©flexion. Le rĂ©cit dâune folie meurtriĂšre assumĂ©e nâomet aucun dĂ©tail dans la restitution quasi clinique du corps Ă corps avec lâennemi dâen face et vante la fiertĂ© du travail accompli aprĂšs tout, la nuit tous les sangs sont noirs ; rĂ©alisme cru certes mais en parfaite adĂ©quation avec la barbarie de cette guerre... Entre la cinquiĂšme et la sixiĂšme main coupĂ©e,-câest le trophĂ©e que rapporte Alfa du camp ennemi- une scĂšne traitĂ©e en un long plan sĂ©quence en dit long sur la dĂ©mence cruelle des chefs le capitaine Armand -aux yeux noyĂ©s dâune colĂšre continue- intime lâordre de tuer les 7 traĂźtres » ceux qui refusent dâobĂ©ir au sifflet de la mort ». EcoeurĂ© par la laideur du carnage, blĂąmant intĂ©rieurement la folie du capitaine, Alfa salue le courage » de ses copains dont Alphonse et Albert offerts comme du gibier aux salves ennemies⊠Dâabord complices, les Toubabs et les Chocolats en viennent Ă redouter celui quâils assimilent Ă un sorcier » un dĂ©mm un dĂ©voreur dâĂąmes. DĂšs la septiĂšme main coupĂ©e, Alfa est Ă©vacuĂ© Ă lâArriĂšre. Et câest dans le Centre oĂč le sourire appelle le sourire, quâil va convoquer -Ă partir de dessins- son passĂ© heureux Ă Gandiol, sa relation avec Fary, et surtout lâamitiĂ© indĂ©fectible qui lâa liĂ© Ă Mademba Diop, -deux adolescents si dissemblables et pourtant si proches. Une Ă©vocation souvent empreinte de poĂ©sie et dâonirisme qui selon une tradition orale, tisse lâinterpĂ©nĂ©tration des rĂšgnes et des espĂšces, dans une perspective animiste, oĂč anamorphoses et mĂ©tamorphoses semblent se rejoindre dans un cosmos originel. Lâauteur prĂȘte Ă son personnage un regard Ă la fois enfantin, circonspect ingĂ©nu et ironique. Et pourtant certains Ă©pisodes frappent par leur cruautĂ© la mĂšre disparue et peut-ĂȘtre enlevĂ©e par les Maures du Nord, le mercantilisme du collecteur dâimpĂŽts -et en filigrane les ravages de la colonisation- auxquels sâoppose la sagesse du pĂšre⊠Câest Ă Mademba Diop quâest dĂ©diĂ© ce thrĂšne des temps modernes. Ce roman se donne en effet Ă entendre comme un chant funĂšbre aux accents de cantilĂšne parfois. Des cris dĂ©chirants contre l'inconcevable et des chuchotements caressants contre l'indicible. Les rĂ©currences de certaines formules mon plus que frĂšre, par la vĂ©ritĂ© de Dieu, la parentĂ© Ă plaisanterie, les anaphores qui scandent des paragraphes ou/et les rĂ©pĂ©titions lancinantes Ă lâintĂ©rieur de paragraphes, la mĂ©taphore quasi omniprĂ©sente de la femme terre ont la force incantatoire de rĂ©cits mythiques. Et câest lâexpression dedans dehors » dĂ©clinĂ©e dans ses sens propre et figurĂ© et en ses multiples variations qui est le leitmotiv le dedans de la terre Ă©tait dehors, le dedans de mon esprit Ă©tait dehors, Fary mâa ouvert le dedans de son corps; derriĂšre ses lunettes le docteur François regarde le dedans de nos tĂȘtes, etc. DualitĂ© et dichotomie ! Division et antagonisme ! Alfa entre lâhumain et lâinhumain !.le Corps et lâĂme ! Vers la fin du roman sâinterrogeant sur sa propre identitĂ© et sur la façon de se raconter lui qui ne parle pas le français sait que la vĂ©ritĂ© de la parole nâest pas une mais double voire triple il dĂ©couvre quâil est double ».Phrases et rythme sont alors au service de cette rĂ©vĂ©lation hallucinĂ©e et lucide qui allie les contraires je dĂ©pouille je vide les crĂąnes et les corps[âŠ} mais je suis aussi la lune rouge qui se lĂšve sur le fleuve[âŠ] Je suis lâinnocent et le coupable ». Il sait quâil est lâami quâil aurait dĂ» achever en cette journĂ©e funeste et que son Ăąme sâen est allĂ©e mourir dans le corps de son plus que frĂšre ». Au final le je » renverra Ă Mademba Diop et le tu » Ă Alfa son plus que frĂšre. Lâabsence dâarticle ou dâadjectif possessif dans le titre du roman, nâinduisait-elle pas une rĂ©ciprocitĂ© ? AmitiĂ© fusionnelle que Montaigne -dâailleurs citĂ© en exergue-, a cĂ©lĂ©brĂ©e et rĂ©sumĂ©e dans cette phrase qui rĂ©sonne par-delĂ les siĂšcles nous nous embrassions par nos noms » A travers le parcours de ce jeune artilleur sĂ©nĂ©galais, David Diop non seulement rĂ©habilite la mĂ©moire des oubliĂ©s » du carnage que fut la premiĂšre mondiale tout en tordant le cou aux prĂ©jugĂ©s racistes Ă l'encontre des Noirs, mais en une langue originale le wolof adaptĂ© Ă la langue française il convertit la violence des souvenirs en appels dĂ©chirants et si profondĂ©ment humains ! Lâhistoire du sorcier-lion est pleine de sous-entendus, celui qui la raconte peut y dissimuler une autre histoire qui pour ĂȘtre dĂ©voilĂ©e doit se laisser deviner un peuâŠ. Ainsi de FrĂšre dâĂąme ?
un tirailleur en enfer résumé de chaque chapitre